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[Critique] LE GRAND BAIN

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] LE GRAND BAIN

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Note:

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Origine : France
Réalisateur : Gilles Lellouche
Distribution : Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Virginie Efira, Leïla Bekhti, Philippe Katerine, Jean-Hugues Anglade, Félix Moati, Alban Ivanov, Marina Foïs, Balasingham Thamilchelvan, Pierre Pirol, Jonathan Zaccaï, Mélanie Doutey…
Genre : Comédie/Drame
Date de sortie : 24 octobre 2018

Le Pitch :
Bertrand est dépressif. Depuis deux ans il lutte mais se laisse peu à peu engloutir. Un jour néanmoins, une petite annonce retient son attention : l’équipe de natation synchronisée masculine cherche son nouveau membre. Bertrand se décide et est vite adopté par les autres hommes qui composent cette curieuse bande mal assortie placée sous l’autorité de Delphine, une ancienne gloire de la discipline. Ensemble ils vont essayer de s’élever, à grand renfort de chorégraphies sous-marines, envers et contre les moqueries et les nombreuses difficultés qui jalonnent leurs vies respectives…

La Critique de Le Grand Bain :

Avant d’être l’acteur à succès que l’on connaît, Gilles Lellouche réalisait des clips. Pour Pascal Obispo ou Mc Solaar notamment. Puis il a débuté une carrière de comédien sans mettre ses velléités de metteur en scène de côté, comme le prouve Narco, qu’il a mis en boite avec Tristan Aurouet en 2004, avant de revenir derrière la caméra pour emballer un sketch des Infidèles en 2012. Le Grand Bain est sa première réalisation solo. Gilles Lellouche lâché dans le grand bassin, affublé d’une flopée de stars dont la plupart sont transformées en nageurs plus ou moins aguerris quand il s’agit de se plier au délicat exercice de la natation synchronisée. Oui, il y avait de quoi avoir peur… Pourtant…

Le-Grand-Bain

Brasse coulée

Sous ses airs de version aquatique de The Full Monty, avec ses loosers magnifiques investis dans une activité qui leur permet de se défouler, de se confier et de s’accomplir de bien des manières, Le Grand Bain parvient à exister par lui-même. Comprendre par là qu’il arrive à justement s’extirper de sa condition de potentielle photocopie de The Full Monty pour au final toucher en plein cœur et faire marrer. Bien sûr, ce qu’il ne parvient pas à faire, c’est être original. Mais Gilles Lellouche ne cherche pas l’originalité donc ce n’est pas très grave. Le seul truc qui l’est, original, c’est la discipline à laquelle se consacrent les protagonistes, à savoir la natation synchronisée. Tout le reste suit un schéma connu, porté jadis au sommet par Sylvester Stallone dans Rocky et dans beaucoup d’autres longs-métrages. Car Le Grand Bain, malgré une promo clairement destinée à faire croire aux spectateurs qu’ils ‘agit d’une pure comédie, est en fait une tragédie du quotidien douce-amère. Une tragédie certes drôle, à plusieurs reprises, mais surtout centrée sur la recherche de reconnaissance ou tout simplement de visibilité d’une poignée de personnages qui galèrent tous à leur façon, nageant à contre-courant d’une existence en forme de parcours du combattant.

« Viens, l’eau est bonne ! »

Le mélange des genres est donc réussi ! Même si le début du film laisse à craindre que ce dernier va sombrer dans le pathos et s’abandonner aux bons vieux clichés de la comédie bleu-blanc-rouge mi-figue, mi-raisin, Gilles Lellouche relève la barre rapidement et affirme, via la présentation de ses personnages que non, Le Grand Bain ne sera ni une comédie beauf bâtie d’après les standards médiocres en vigueur, ni un drame plombant Lexomil. Et il tient bon jusqu’au bout le bougre ! Grâce à une écriture débarrassée de fausses prétentions qui en dévient ainsi sincère et généreuse. Un script rempli de répliques parfois savoureuses, brillant également par sa construction et la rythmique qu’il met en place sans faillir. Bien sûr, les comédiens, parfaitement dirigés et castés, sont aussi à saluer. Le Grand Bain est ce que l’on appelle un film d’acteurs. Un film dont l’une des prouesses est de réserver à chacune de ses stars plusieurs occasions de briller au sein d’une histoire chorale. Que ce soit Philippe Katerine, extrêmement touchant, dans la justesse absolue, Guillaume Canet, Jean-Hugues Anglade, lui aussi impressionnant et très émouvant, Benoît Poelvoorde, égal à lui-même (c’est à dire excellent), ou encore Mathieu Amalric, lui aussi très bien. Mais Le Grand Bain ne serait pas ce qu’il est sans Virginie Efira et Leïla Bekhti, toutes les deux irréprochables, dans des rôles casse-gueules. Virginie Efira surtout, sans cesse dans le ton…
À l’arrivée, Le Grand Bain est exactement ce que nous espérions qu’il soit : un feel good movie. Un vrai bon feel good movie à la gloire d’une poignée de personnes invisibles, projetées dans la lumière par seule force de leur passion et de leur résilience. Un film conscient de ses limites, dont l’une des plus grandes qualités est de se livrer à un savant exercice d’équilibriste sans faillir, et d’arriver à tutoyer les sommets en prenant quelques risques et en relevant assez de défis sans se démonter.

En Bref…
Si Le Grand Bain avait, sur le papier, tout d’un remix un peu feignant de The Full Monty, il parvient à l’arrivée à imposer sa voix et propose un mélange très réussi entre drame et comédie sans se départir d’une énergie et d’une certaine inventivité qui lui permettent de se démarquer. Du coup, Le Grand Bain est plus qu’un bon film français. C’est un bon film tout court. Un vrai de vrai qui fait plaisir et qui fait du bien.

@ Gilles Rolland

Le-Grand-Bain-cast
  Crédits photos : StudioCanal


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