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Jim Harrison – Nouvel amour

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Jim Harrison – Nouvel amour

Weber Studio
https://www.johnweberart.com/

" data-orig-size="1000,745" sizes="(max-width: 202px) 100vw, 202px" data-image-title="Painting by John Weber" data-orig-file="https://schabrieres.files.wordpress.com/2018/10/john_weber_painting.jpg" height="151" width="202" data-medium-file="https://schabrieres.files.wordpress.com/2018/10/john_weber_painting.jpg?w=202&h;=151" data-image-meta="{" data-permalink="https://schabrieres.wordpress.com/2018/10/28/jim-harrison-nouvel-amour/john_weber_painting/" aperture="aperture" />Avec ces sinistres présages
nous apprendrons le langage
des genoux des omoplates,
des mentons mais pas de l’étage au-dessus,
des tibias, de l’incompréhensible
bouton du bedon de l’enfance,
des talons et des voûtes plantaires,
des épines dorsales et des clavicules,
photos osées du tendre
creux de nos coudes, et les doigts tumescents
dessinent le contour des parties manquantes sur le
mur ; derrière et pubis
delphiques, aussi éloigné que Jupiter,
souvenir effacé comme le premier amour
que nous avons connu, nous-même un essai
devenu obsession : amour
au temps des années de peste – on embrassait
un miroir pour voir si on était mort.
Maintenant nous réapprenons le futur comme nous
avons appris à marcher, comme un bébé attrape ses
orteils et bascule en arrière, se balance d’avant en
arrière. Cette nuit j’effleurerai ton poignet et dans un
an peut-être j’écraserai l’orbite de mon oeil aveugle
contre ta hanche. Avec toute cette mort, derrière nous,
la lune est redevenue la lune.

*

New Love

With these dire portents
we’ll learn the language
of knees, shoulder blades,
chins but not the first floor up,
shinbones, the incomprehensible
belly buttons of childhood,
heels and the soles of our feet,
spines and neckbones,
risqué photos of the tender
inside of elbows, tumescent fingers
draw the outlines of lost parts
on the wall; bottom and pubis
Delphic, unapproachable as Jupiter,
a memory worn as the first love
we knew, ourselves a test pattern
become obsession: this love
in the plague years – we used to kiss
a mirror to see if we were dead.
Now we relearn the future as we learned
to walk, as a baby grabs its toes,
tilts backward, rocking. Tonight I’ll touch
your wrist and in a year perhaps grind
my blind eye’s socket against your hipbone.
With all this death, behind our backs,
the moon has become the moon again.

***

Jim Harrison (1937–2016) – The Theory and Practice of Rivers (Winn, 1986) – Théorie et pratique des rivières

(L’Incertain, 1994) – Traduit de l’américain par Pierre-François Gorse.

Weber Studio


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