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Antoine Vitez, sa transmission, aux Déchargeurs, à Paris

Publié le 28 octobre 2018 par Onarretetout

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« Metteur en scène, comédien, théoricien, professeur au Conservatoire national supérieur d'art dramatique… à ces multiples fonctions, Antoine Vitez ajoutera, en mai 1981, celle de directeur du Théâtre National de Chaillot. Il crée l'école de Chaillot et y enseigne à des artistes qui feront le théâtre des années suivantes. Il traduit lui-même des pièces grecques et russes qu'il monte ensuite, favorise le retour du théâtre pour enfantset l’entrée de la marionnette à Chaillot. Accueillant danse, concerts, cinéma, marionnettes, Vitez fait « théâtre de tout », développant avec la même passion de l’indépendance l’école de théâtre du lieu. Le duo qu’il forme avec son scénographe attitré, Yannis Kokkos, fit du Soulier de satin de Paul Claudel un des événements artistiques de la décennie. Avec le célèbre oxymore « le théâtre élitaire pour tous » dont il est l'auteur, Antoine Vitez s'inscrit dans le prolongement de Vilar par son souci d'allier démocratisation culturelle et exigence artistique. »

C’est ainsi qu’est présenté Antoine Vitez sur le site du Théâtre de Chaillot. Il avait d’abord créé, en 1972, le Théâtre des Quartiers d’Ivry-sur-Seine où il a mis en oeuvre les Ateliers d’Ivry. Après Chaillot qu’il quitte en 1988, il est nommé administrateur général de la Comédie française jusqu’à sa mort, en 1990.

La formation est inséparable de son travail de création. C’est ce qu’ont rappelé les participants à la table ronde organisée aux Déchargeurs (à Paris) dans le cadre des « Variations autour d’Antoine Vitez » (expositions, projection, tables rondes) : « Antoine Vitez, sa transmission », avec Jean-Pierre Léonardini, Dominique Valadié, Catherine Marnas, Yann-Joël Collin, Jean-Marie Winling, Jeanne et Marie Vitez.

Ce qu’on entend d’abord, c’est que la pensée est une activité joyeuse, que rien ne va de soi. Antoine Vitez enseignait à réfléchir en actes. Ce qu’il a transmis aux personnes qu’il a accueillies dans ses cours, ateliers ou écoles, c’est d’abord la liberté, ce qui signifiait la vérité d’un engagement : « il vous perfectionnait à être vous-même ». Créer, pour lui, c’était prendre des risques. Et pour enseigner, il conseillait : « Apprends aux autres ce que tu ne sais pas faire ». Ce qu’on trouve aussi dans le livre de Jacques Rancière, Le maître ignorant. Enfin, apprendre c’est encore partager. Et c’est ce qu’on peut lire dans son intervention, en 1990, à la Fémis (alors présidée par Jean-Claude Carrière) : « Je suis contre l'enseignement de l'art dramatique par facultés successives et par classes d'âges. L'école idéale est une école où des personnes d'avancement différent sont réunies. »

Les derniers mots de cette table ronde ont été, montrant l’humour d’Antoine Vitez, cette phrase qu’il a dite un jour : « Shakespeare me doit le respect, je sais plus de choses que lui. »

Au cours de ces deux heures de rencontre, nous avons entendu parler, entre autres pièces citées, de L’écharpe rouge d’Alain Badiou, du Misanthrope de Molière, du Soulier de Satin de Paul Claudel, de Bérénice de Racine, et de nombreux créateurs, metteurs en scène, acteurs et actrices, musiciens, qui ont croisé le chemin d’Antoine Vitez, et qu’on retrouvera sans doute dans les expositions annoncées jusqu’en avril 2019.


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