Désormais centré sur l'errance vengeresse d'un Alejandro qui conservera tant bien que mal son caractère énigmatique (ne s'ouvrant que très rarement) et sur les états d'âme d'un Graver tiraillé entre son sens du devoir manifeste et une loyauté plus personnelle, la Guerre des cartels use davantage de ressorts dramatiques plus classiques tout en continuant à surplomber chaque protagoniste d'une épée de Damoclès protéiforme : puissants et exécutants ne sont jamais à l'abri du bras armé d'une vengeance légitime, d'un coup d'éclat létal ou de la juste rétribution liée aux exactions perpétrées. Si les Mexicains apparaissent presque tous comme des pourris ou des victimes d'un système rongé jusqu'à l'os par une corruption érigée en système étatique, les agents US ne sont guère mieux lotis : entre les cow-boys heureux comme des papes à l'idée de flinguer sans vergogne et les stratèges obligés de composer avec les décideurs politiques idéalistes ou frileux, l'image donnée par les agences gouvernementales n'est guère flatteuse. En résulte un film aussi sombre dans son sujet qu'illuminé par les rayons impavides d'un soleil lancinant. Quant aux deux cailloux dans l'engrenage que représentent Miguel, jeune voyou embrigadé par un cartel et Isabel, fille de caïd, ils peinent à assumer leur statut scénaristique, même si la flamboyance de la jeune Isabela Moner donne du tonus à son personnage de gosse de riche servant de monnaie d'échange ou de casus belli.