T.I. « Dime Trap » @@@¾
Sagittarius Laisser un commentaireDime Trap était l’album qui devait succéder au très passable Paperwork mais pris d’une subite conscience politique, T.I. a écrit et sorti le projet US or Else chez Roc Nation fin 2015. Retour au programme avec cet album plus ou moins attendu, son 10e, quinze ans après Trap Muzik qui l’a imposé comme un futur pilier du rap d’Atlanta. Aura-t-on droit à un album de pure trap sur lequel Clifford Harris redéfinit les codes du genre, avec du Future, Gucci Mane, Metro Boomin’, Mike Will, Zaytoven, etc… ? Vous faites fausse route.
Dime Trap signifie littéralement « piège à sous », pas de rapport direct avec les trap houses, la trap music non plus. Pis les délires codéinés c’est pas son truc, ce n’est pas en adéquation avec sa vie rangée de millionaire et père de famille (nombreuse), toujours marié à Tameka ‘Tiny’ (leur demande de divorce a été annulée si vous avez manqué un wagon). C’est plus typiquement un album qui repose sur les responsabilités d’homme d’affaire au passé sulfureux hérité de la rue et sa dangerosité, un homme qui a connu la prison à plusieurs reprises, un père qui a des enfants à éduquer, un manoir à entretenir et des réservoirs de voitures de luxe à remplir. C’est en tout cas l’image qu’il en donnait lors de son passage dans Rapture sur Netflix.
Alors voyons voir… Just Blaze, Bangladesh, Swizz Beatz, David Banner, Shawty Redd, Scott Storch… Non vous n’êtes en 2005 ! Ces noms-là sont bien écrits noirs sur blanc dans les crédits de The Dime Trap. Rhaaa il manquait DJ Toomp, Jazze Pha et Mannie Fresh pour compléter le tableau quoi! Mais on peut pas tout avoir hélas. Just Blaze n’a rien perdu de sa patatitude sur « Laugh At Em’ » (quoique…) alors que le toucher de Scott Storch se ressent que trop peu sur « Wraith » avec Yo Gotti, un titre trap de luxe malgré tout. Mais rien à voir avec les singles d’appel comme « Money Talk« . Les morceaux trap à proprement à parler se limitent à ce dernier, « Pray For Me » (feat YFN Lucci) et le très classique « More & More » avec le ponte Jeezy, avec des orgues assez présents (d’entrée on y a à droit sur « Seasons« ). On en retrouve quelques éléments ça et là mais difficile de considérer par exemple l’énorme « Jefe » avec Meek Mill comme les standards trap du moment avec ces cuivres proéminents. Jamais T.I. chercher à concurrencer les parrains de la trap actuelle, c’est bien tout le contraire. La prise de risque est faible, la zone est confortable cependant qu’elle est trop orthodoxe.
Dime Trap vire souvent vers les crossover r&b, une douceur qui ne sera pas du goût de tout le monde, à commencer par « The Weekend » avec Young Thug et Swizz Beatz, ainsi que « You » (feat Teyana Taylor) et « Be There » sur la fin. C’est plus satisfaisant quand émanent les saveurs soul/blues de Watch The Duck sur « Big Ol’ Drip » et celles throwback sur le très convaincant « At Least I Know » avec Anderson .Paak, plus de cinq minutes de plaisir. La phase de maturité atteint T.I, qui se veut plus introspectif (il parlote sur « The Amazing Mr Fuck Up » sur une belle prod d’Eric G du Soul Council pour s’excuser auprès de sa femme, « Looking Back« ), plus serein aussi (« Light Day« , l’efficace « What More Can I Say« ). L’idée de Dime Trap est expliqué par le rappeur qui fut roi sur l’outro de « The Weekend » pour information.
Avec l’âge, son charisme en ressort renforcé et son flow n’a rien perdu de son magnétisme et de sa nonchalance. Bien vu aussi les intermèdes de Dave Chapelle, qui accentue le côté « album pour grown ass men« . Seulement, malgré sa consistance certaine, Dime Trap n’est pas exempt de faiblesses pour s’imposer comme une des sorties majeures de 2018. Depuis King, on retiendra finalement deux albums importants de T.I. : Trouble Man et celui-ci.