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Interview Her’s | Rencontre amicale pour indie pop amoureuse

Publié le 30 octobre 2018 par Le Limonadier @LeLimonadier

Avis aux amateurs d'indie pop aux influences 90's, on vient aujourd'hui vous parler de Her's. Le duo, composé du chanteur et guitariste anglais Stephen Fitzpatrick et du bassiste norvégien Audun Laading avait déjà attiré notre attention avec Songs of Her's l'an dernier. On en avait saigné tous les morceaux, complètement sous le charme des riffs surfy, des paroles pleines d'amour et d'eau fraîche, et surtout de l'énergie des deux compères, dont la douce complicité transparaît toujours subtilement.

Her's a d'ailleurs sorti la semaine dernière un clip pour " Under Wraps ". Titre issu de leur album Invitation To Her's sorti en août dernier sur le label Heist or Hit, le morceau est une douce ballade lancinante, qui conserve les accents chillwave qui caractérisent la musique du duo.

Et il se trouve qu'à l'occasion de leur concert au Point Ephémère ce mois-ci, on a eu la chance de faire un peu connaissance avec Her's. On a donc parlé de leur rencontre, de leurs influences et de leur identité musicale, en passant par des conseils avisés si jamais vous voulez boire des coups au Royaume-Uni mais que vous n'avez plus une thune. On vous laisse découvrir tout ça. Cheers.

Commençons par le commencement : pourquoi avoir choisi le nom Her's pour le groupe ?

Stephen : C'était une décision vraiment rapide il me semble.

Audun : Ouais, ça nous a pris à peu près dix minutes.

S. : On ne voulait pas passer des mois à écumer les noms, et on a trouvé que Her's c'était bien, un peu ambigu et romantique. C'est tombé sous le sens.

A. : Il était peut être cinq heure du mat, on était en train de créer une page facebook pour le groupe parce qu'on venait de tourner cette vidéo qu'on voulait partager. On avait cours trois heures plus tard et on avait pas dormi de la nuit donc on était un peu en mode " aller on y vaaa, faisons le groupe ".

Comment vous êtes-vous rencontrés ? Et pourquoi est-ce que vous avez décidé de monter un groupe ?

S.: Alors on s'est rencontré à Liverpool, où on vit encore actuellement. Mais aucun de nous ne vient de là-bas, on y a emménagé pour étudier la musique à l'université. On fait tous les deux de la musique depuis dix ans de notre côté...

A.: Et je pense qu'on est tous les deux allés là-bas pour étendre les cercles de créativité dans lesquels on était, on va dire. On vient tous les deux d'endroits relativement petits, moi de Norvège et Ste du Nord-Ouest de l'Angleterre, un peu dans la cambrousse.

S.: Et puis on jouait tous les deux dans un groupe qui s'appelait les qui s'est maintenant transformé en qui est vraiment super bien. Il a sorti deux ou trois morceaux pour l'instant et c'est vraiment génial. Donc nous on était la section rythmique de ce groupe, et de là on a décidé de commencer notre propre truc.

A.: Ouais, c'était assez impulsif. On a filmé cette vidéo bizarre en pleine nuit qui a nous a permis d'avoir un concert, donc on s'est retrouvé à devoir écrire plein de chansons en une semaine. De là, ça s'est fait assez naturellement.

Votre musique est assez dure à définir en termes de genre. Comment est-ce que vous décririez votre son ? On peut lire que vous êtes une sorte de mixe entre Ariel Pink et Mac DeMarco par exemple.

S.: Ouais je suis assez d'accord avec ça dans une certaine mesure. Mais pour certains morceaux ça ne colle pas vraiment. Je pense qu'on essaye d'être assez éclectique dans ce qu'on fait. Parfois c'est difficile de mettre des mots sur ce qu'on fait, mais disons qu'on peut parler d'indie pop dans le sens large du terme.

A.: Même si c'est un peu comme dire " manger indien ", ça veut un peu rien dire parce que c'est super vaste. Mais c'est difficile d'être spécifique, même si les gens aiment bien avoir quelque chose à quoi se raccrocher.

S.: On nous a aussi décrit comme le bébé des Strokes et de King Krule... Comparés aux Smiths, etc.

A.: Disons que c'est comme une pointe de névrose sur la batterie, et un peu de minimalisme... Ahah je sais pas... En plus chacun de nos morceaux a une histoire pour nous, avec des références qui n'ont rien à voir avec ce qu'on peut faire. C'est juste le son de la guitare qui fait que ça peut appartenir à un genre plutôt qu'à un autre.

Quel est le morceau que vous avez écrit que vous préférez ?

A.: Ahh, c'est super difficile. Ça change un peu tout le temps pour moi. Pour l'instant je dirais que c'est " Carry the Doubt " du nouvel album. On n'a pas encore eu l'occasion de la jouer en live donc j'ai assez hâte de commencer à le faire. Elle est un peu plus lente, mais bon...

S.: Je suis toujours content de " What Once Was ". Elle a beaucoup d'importance pour moi, c'est toujours agréable de la jouer.

Quelles ont été vos plus grosses influences pour Invitation to Her's ?

S.: Beaucoup d' Ariel Pink, beaucoup deMGMT, particulièrement leur dernier album.

A.: Complètement, il est sorti pendant qu'on enregistrait et on le mettait à fond dans le studio.

S.: Sinon, Sean Nicholas Savage, notamment sur " Carry the Doubt ". Bruce Springsteen aussi un peu... On s'inspire aussi beaucoup des films et des séries, donc Twin Peaks ou Twilight Zone nous ont pas mal influencé, par exemple.

A.: Disons que ce coup-ci, tout le processus de création a été beaucoup plus condensé. La dernière fois on avait enregistré sur une longue période, alors que cette fois-ci on a tout fait en l'espace de trois mois. Donc ça a eu un impact sur la cohérence entre les différents morceaux. On venait tous les jours au studio et on travaillait, et je pense que ce qu'on écoutait à ce moment là a teinté ce qu'on faisait, pour le meilleur.

Beaucoup de vos morceaux parlent d'amour. C'est une manière d'évoquer la nouvelle nature des relations à notre époque ? Ou vous êtes juste très à l'aise avec le sujet ?

S.: Déjà beaucoup de ce qu'on écoute parle d'amour.

A.: Et beaucoup de produits culturels parlent d'amour. C'est une émotion importante quand même, l'amour.

S.: En plus on est tous les deux assez romantiques, donc ça vient assez naturellement.

A.: C'est aussi assez transversal comme sujet, ça nous permet de parler d'autres sujets. Par exemple dans " Speed Racer ", même s'il ne s'agit pas forcément d'amour au sens romantique mais plutôt du désir d'être aimé, c'est aussi une façon de traiter la psyché du personnage dans sa recherche désespérée pour l'amour. Pareil pour " Love on the Line ", avec le même genre de personnage tragique en quête d'affection, d'une manière qui n'est pas forcément la plus saine.

Quels sont vos futurs projets maintenant que l'album est sorti ?

S.: Déjà on va le jouer en tournée.

A.: C'est tellement un soulagement! Ça a été une année vraiment mouvementée, on a commencé les démos en décembre dernier, puis on a enregistré en mars et quand tu annonces la sortie d'un album, tout le monde est très excité et c'est super flatteur mais c'est aussi assez stressant. Donc maintenant c'est le soulagement. La tournée se passe super bien, c'est un plaisir de jouer les nouveaux morceaux.

S.: On va se pencher sur les clips, et voilà.

A.: On va faire des concerts sexy. On commence à jouer dans des grosses salles, et c'est incroyable de partager les scènes avec d'autres grands artistes qui ont joué avant nous. Et aussi jouer pendant une heure et demi c'est toujours un peu un challenge au début.

Quel est votre dernier crush musical ?

S.: J'ai découvert ce gars qui s'appelle Superstar & Star. Je ne sais pas encore qui est la star, si c'est lui ou si c'est sa femme qui semble assez impliquée dans ses projets... Mais ouais, c'est un de mes crush musicaux récents.

A.: C'est aussi un youtuber qui fait des morceaux érotiques et sexuels assez étranges. C'est assez tendancieux mais très sympa. Ça a surement influencé beaucoup de ce qui se fait aujourd'hui, même si ça a été enregistré dans les années 80. A part ça, en ce moment j'écoute beaucoupun gars californien qui fait du lofi avec des grosses vibes Ariel Pink, c'est jamais mauvais signe. Et sinon, Flavien Berger, son dernier album est génial.

Vous êtes deux dans le groupe. Est-ce que vous comptez accueillir de nouveaux membres ?

S.: Pour l'instant on compte rester tous les deux. On réfléchit souvent à solliciter d'autres musiciens, notamment pour les lives, mais la dynamique qu'on a dans la création est idéale pour le moment. Donc je ne pense pas qu'on ai spécialement envie de s'étendre.

A.: On n'est pas face à une impasse en termes de créativité. Je pense que le groupe est dans sa forme la plus pure en duo, et ajouter quelqu'un pourrait peut être un peu diluer ça ... Ça dépend si on trouve la bonne personne, mais je pense qu'on s'en rendra compte si ça arrive.

S.: Ce serait surement un multi-instrumentiste. Probablement pour le synthé ou des bois.

Puisque vous formez un duo avec une telle complicité, quelques questions " the two of you "...
Deux versions de votre rencontre :

A.: Disons qu'il y a deux versions, celle de notre rencontre musicale et celle de notre rencontre physique. Il se trouve qu'on était les deux seuls à avoir exactement le même emploi du temps à l'université en première année. Un jour j'étais à la cafétéria à papoter de trucs pas très intéressants, comme tout le monde le fait la première semaine à la fac, avec des gens que tu ne reverras sûrement pas beaucoup par la suite. Et là Stephen arrive en courant parce qu'il croyait qu'il était en retard, en mode " C'est où le cours de production ?!! " et je lui dis " tranquille c'est dans dix minutes mec "... je crois que c'était notre première interaction.

S.: Et de ma perspective, j'étais en train de courir partout dans l'université, complètement en nage et en panique, en essayant de trouver une tête familière. Je crois qu'on s'était déjà parlé avant, donc je connaissais son nom et tout. Je sais plus quand on s'est serré la main pour la première fois mais bon...

A.: Probablement à une soirée de première année complètement bourrés. Mémorable (ou pas du coup).

Deux événements qui ont transformé votre carrière musicale :

A.: On a fait ce concert avec nos potes de The Orielles à Fallowfield dans la banlieue de Manchester. C'était dans une toute petite salle, avec une capacité de maximum cent personnes je pense. A ce moment-là on avait joué en concert genre cinq fois et on n'en menait pas large en allant sur scène. Donc on joue devant peut être huit personnes, c'était cool, et là ce mec avec un fedora en cuir, qui lui va honnêtement bien, s'approche de nous. C'était Mick Heist, qui est maintenant notre manager, et il venait du label Heist or Hit. Et voilà depuis on travaille avec lui. Donc ce concert a vraiment changé notre carrière.

S.: Et si on revient un peu dans le passé, on a sorti notre première live session, qu'on était allé tourner chez les parents de potes dans un bled près de Manchester. Et il se trouve que c'est grâce à cette vidéo que le label nous a repéré en ligne, et est venu nous voir au concert. On a réussi à lier les deux anecdotes, la classe.

Deux plaisirs coupables :

S.: En ce moment je réécoute pas mal de My Chemical Romance. Je pense que j'ai eu cette connexion en tant qu'ado avec MCR, et franchement je me sens un peu coupable, c'est un peu la honte.

A.: Clairement ça te fait ressentir des choses. C'est dingue quand on pense à l'influence culturelle qu'ils ont eu à leur époque. Pour moi c'est la même chose avec Blink-182, mais la dernière fois que j'ai dit ça la personne à qui je parlais était hyper fan donc c'était un peu gênant. D'ailleurs on a fait une petite reprise de " I Miss You ".

S.: C'est bon, y a tous les dossiers qui sortent, là.

Deux formes d'expressions artistiques en dehors de la musique :

A.: Je m'occupe des visuels pour le groupe, donc je fais tous les graphismes pour les affiches, le merch, etc.. Ça me prend pas mal de temps.

S.: Et pour moi je dirai que c'est le skateboard. Beaucoup de gens ne voient pas ça comme quelque chose d'artistique mais ça permet d'exprimer pleins de choses.

A.: T'as aussi une passion menuiserie en ce moment.

S.: C'est vrai, des fois je regarde un tabouret et je me dis " Ah, j'aimerais trop savoir faire ça ".

Et pour finir, la question traditionnelle du Limonadier : si vous étiez un cocktail, ce serait quoi ?

S.: Alors au Royaume-Uni à Wetherspoon on peut commander un pichet d'un mélange violet, ça s'appelle le Purple Rain. C'est pas cher, en grande quantité, et ça fait le taf. Le pro-tip avec cette boisson c'est de le commander sans glaçons, comme ça ils te le remplissent jusqu'en haut. C'est un truc de dingue.

A.: J'aimerais tellement dire que je suis un Purple Rain. Je pense plutôt que je suis une sorte de mélange un peu obscur, de type expérimentation intéressante. Peut être un G&T avec un oeuf cru et une décoration à base d'asperge. Pas super bon mais, eh, ça reste un cocktail.

Merci beaucoup d'avoir répondu à nos questions ! Cheers.

Et pour écouter Invitation to Her's c'est , et pour l'acheter, c'est par ici!


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