Qu'est-ce qu'il nous reste ? Un café la nuit, avec pas beaucoup de monde. On rentre, on regarde les gens, au premier coup d'oeil on a l'impression que ne se trouvent là que des espèces d’épaves tristes, le dos courbé, l'esprit affaissé, les yeux dans le verre.
Vous vous dites : je n'ai rien à perdre, autant engager la conversation, rien à perdre : un peu de chaleur humaine dans une pièce de 40 m² avec un comptoir au fond. Vous sortez quelques phrases avec un inconnu, une inconnue, ça commence difficilement puis comme vous insistez ça prend. Vous vous retrouvez à parler de la pluie et du beau temps, de la ville, des élections, du match de foot, des attentats. Ça peut faire énormément de bien, de parler avec des inconnus dans un café la nuit, peu importe que vous soyez d’accord philosophiquement idéologiquement culturellement religieusement : si humainement vous arrivez à bavarder, partager une tasse de café, alors le monde n’est pas complètement perdu. J’espère.