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D comme – Disney & La Planète au Trésor [1/2]

Par Le7cafe @le7cafe

Prend entre tes mains ton destin, mets les voiles dès ce matin pour la planète où tu veux vivre !

Je t’arrête tout de suite Billy ! Effectivement, j’ai un tout petit peu triché. Techniquement, j’aurais dû attendre la lettre P pour faire ma critique alphabétique sur La Planète au Trésor. Au départ, j’envisageais de réserver le D à The Dark Knight ou Dinosaure. Sauf que ! Je suis tombé sur une vidéo YouTube de BREADSWORD intitulée « La Planète au Trésor : La plus grosse erreur de Disney » (en anglais). M’imaginant déjà à cause du titre que cette vidéo allait être une critique virulente de mon film d’animation préféré, je me préparais à incendier l’auteur qui ne pouvait dans mon esprit n’être qu’un con de critique imbu de lui-même. Quelle ne fut pas ma surprise quand non seulement il ne critiquait pas le film, mais en plus en faisait l’éloge et le défendait contre ses détracteurs !

Mais surtout, cette vidéo m’a permis de me rendre compte que le destin tragique de La Planète au Trésor, son contexte de création, ses thèmes et son animation-même, étaient indissociables de l’histoire de la firme aux grandes oreilles. C’est pour cela qu’aujourd’hui ce n’est ni « P comme La Planète au Trésor », ni « D comme Disney ». C’est Disney & La Planète au Trésor, ensemble. Un film sous-côté, oublié, assassiné même, mais surtout un film grandiose, exaltant et en tous points extraordinaire.

Bonjour Billy, et bienvenue au 7ème Café pour notre cinquième critique alphabétique : D comme Disney & La Planète au Trésor ! Cet article va se diviser en deux parties, car il est très long. La première partie, que tu es en train de lire, se concentre sur l’Histoire des studios Disney et la place qu’y occupe la période de La Planète au Trésor. La seconde partie, que tu pourras retrouver juste ici, s’attachera à analyser et critiquer le film comme toutes les autres critiques de blog. C’est parti !

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Que la magie opère !

L’ESSENCE DE DISNEY

C’est quoi un film Disney ? Et puis d’ailleurs, c’est quoi Disney tout court ? La question peut sembler simple de prime abord, mais on se rend bien vite compte qu’il est difficile d’y répondre de façon satisfaisante. Par exemple, Star Wars, c’est un Disney, puisque le studio a racheté Lucasfilm, non ? Et pareil pour Avengers : Infinity War avec Marvel ! Ah oui mais ces deux franchises sont toujours produites par leurs studios respectifs. Ok mais Pirates des Caraïbes alors ? Ça, ça n’est produit que par Walt Disney Pictures ! Mais pas du tout, puisque Disney ce ne sont que des dessins animés… D’accord, et on met où Pixar ? La Reine des Neiges, c’est Disney ou Pixar ? C’est pas la même chose ? Tant qu’on y est, tu savais que Aladdin c’est un Disney classique et pas Aladdin 2 : Le Retour de Jafar ? Et ce n’est qu’un aperçu de l’énorme bordel qu’est Disney, car à l’heure où j’écris ces lignes, les studios cumulent un faramineux total de 736 films. Quand même.

Pour remettre de l’ordre dans nos idées, reprenons depuis le début. Il était une fois deux frères, Roy et Walt Disney, qui vivaient paisiblement à Kansas City, dans le Missouri (c’est tout à fait logique) aux États-Unis. Walt est un animateur et il réalise en 1923 un court-métrage titré Le Pays des Merveilles d’Alice, qui met en scène une jeune actrice jouant avec des personnages animés. Et c’est là que tout commence. Repérés par une productrice californienne, les frères Disney déménagent à Los Angeles dans le garage de leur oncle pour produire des dessins animés. Nous sommes le 16 octobre 1923 : le Disney Brothers Cartoon Studio, future Walt Disney Company, vient de naître.

Walt a les idées, Roy est le gestionnaire. L’Histoire retient souvent le premier, mais sans son frère qui s’est toujours assuré de la gestion financière dans l’ombre, l’aventure Disney aurait pu être tuée dans l’œuf. Les petits succès s’enchaînent pour les deux frères, notamment avec leur personnage emblématique pour lequel ils réalisent pas moins de 26 court-métrages en un an : Oswald le lapin. Mais ceux qui connaissent les débuts de la firme aux grandes oreilles savent que le destin d’Oswald est une histoire tragique…

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Oh. I made myself sad.

En 1928, Charles Mintz, le patron des frères Disney, mari de la productrice qui les avait recrutés 5 ans auparavant, pose un ultimatum. Soit Walt accepte une réduction de budget pour ses cartoons, soit Mintz garde les droits d’Oswald pour sa compagnie. Étant donné que tout le monde a oublié Oswald et que le méchant dans Là-Haut s’appelle Charles Muntz, je te laisse deviner quelle option Disney a choisie. Avec leur mascotte retirée de leurs mains et la majorité des employés du Disney Studio réembauchés par Mintz, les deux frères sont au plus bas. Tout aurait pu s’arrêter là. Mais Walt a plus d’un tour dans son sac et il va enchaîner deux coups d’éclat extraordinaires.

L’année même où il s’est fait voler Oswald, Walt Disney et les deux seuls animateurs qui sont restés avec lui vont créer une nouvelle mascotte, un nouveau personnage emblématique qui remplacera le lapin, qui deviendra une légende du cinéma, et surtout dont Roy s’assurera d’avoir tous les droits : c’est la naissance de Mickey Mouse. À peine six mois après la création de la souris la plus célèbre du monde, Disney sort Steamboat Willie, le fameux dessin animé où Mickey siffle au gouvernail d’un bateau. L’ère du cinéma muet prend fin, et le court-métrage est le premier dessin animé de l’Histoire à inclure du son synchronisé avec l’image, et pas n’importe quel son puisque c’est Walt Disney lui-même qui va donner de la voix – et du coup, siffler. Comme un immense pied-de-nez à Mintz (ou un énorme doigt d’honneur, c’est selon), Steamboat Willie va être un succès phénoménal comme le cinéma d’animation n’en avait jamais connu.

Le deuxième coup d’éclat arrive quelques années après. Non content de la réussite de Mickey, Walt a une idée révolutionnaire – qui paraissait à l’époque complétement insensée : un film d’animation au format long-métrage. « La folie de Disney » comme elle était surnommée, c’est Blanche-Neige et les Sept Nains, un dessin animé de 1h23. Tout le monde pensait que Disney était cinglé. Les critiques, ses propres animateurs, … Même Roy lui-même a tenté de décourager son frère, s’imaginant déjà la mort des studios ! Mais Walt est un génie. Après 3 ans de travail, Blanche-Neige sort le 21 décembre 1937 et devient le plus grand succès de l’Histoire du 7ème Art, surpassant tous les films qui l’ont précédé, récoltant pas moins de 7,846 millions de dollars, ce qui est exorbitant pour l’époque ! Walt Disney fait la une du Time et remporte 8 Oscars honorifiques (un de taille normale et 7 miniatures pour les nains).

À partir de là, comme disait Lumière dans La Belle et la Bête, c’est la fête. Jusqu’à leurs morts respectives en 1966 et 1971, Walt et Roy vont faire de leur studio un véritable empire cinématographique et un pionnier incomparable de l’animation, qui a marqué des générations entières de spectateurs. Encore aujourd’hui avec les achats successifs de Pixar en 2006, Marvel en 2009, Lucasfilm en 2012 et bientôt 20th Century Fox, le président actuel Bob Iger a transformé la Walt Disney Company en une superpuissance hégémonique contre qui plus personne ne peut rivaliser. Walt Disney est devenu le roi du monde.

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♪♫♪♫♪

UNE HISTOIRE EN SEPT CHAPITRES

Je pense avoir répondu à la question  : c’est quoi Disney ? Mais la question de savoir ce qu’est un film Disney reste entière. Techniquement parlant, les 736 films de la Walt Disney Company sont tous des films Disney. Mais évidemment, quand on dit « un Disney », on fait rarement référence à Star Wars ou Avengers. Alors comment classer ?

En fait, la Walt Disney Company se divise en plein de studios différents, mais aussi des groupes de gestion des parcs Disneyland, des services d’administration, j’en passe et des meilleurs. Si on ne s’intéresse qu’aux films, et qu’on enlève tous les studios qui travaillent encore indépendamment (Marvel et Lucasfilm notamment), c’est Walt Disney Studios. On passe alors de 736 à 410 films. Bon, on en a enlevé pas mal mais c’est toujours pas suffisant. Quand on pense à Disney, on pense tout de suite film d’animation. Exit donc tous les films qui ne sont pas animés, y compris les hybrides comme Mary Poppins et Qui veut la peau de Roger Rabbit ?. Cette fois il nous reste un peu plus de 100 films, dans plein de petits sous-studios différents. Mais nous, on ne veut que les Disney. Au revoir Pixar, Tim Burton, Amblin, UTV, ImageMovers Digital, C.O.R.E. et Vanguard. Ne restent plus que Walt Disney Animation Studios, Disney Television Animation et Disneytoon Studios. En ce qui concerne les deux derniers, ce sont eux qui gèrent les personnages emblématiques (Mickey, Donald, Dingo et compagnie) ainsi que toutes les suites qui sont en général très oubliables (Aladdin 2, Cendrillon 2, Le Roi Lion 2, Bambi 2, bref tout ce qui finit en 2 ou 3). Sauf que aucun de ces films ne sort au cinéma. Tout ça, c’est des ventes directes en DVD ou des passages à la télé, et surtout ce sont des sous-filiales créées longtemps après le studio principal. Voilà Billy, on a fini. Quand on parle de film Disney, de classiques Disney, de vrais Disney, on parle des 56 films de Walt Disney Animation Studios, la seule branche issue directement du Disney Brothers Cartoon Studio originel.

Mais 95 ans d’histoire, ce n’est pas rien ! Si bien qu’on peut encore classer ces 56 œuvres en sept ères de l’épopée Disney. Suis moi donc Billy, pour un petit voyage dans le temps…

1937 – 1942 : L’ÂGE D’OR

  • 1937 – Blanche-Neige et les Sept Nains
  • 1940 – Pinocchio
  • 1940 – Fantasia
  • 1941 – Dumbo
  • 1942 – Bambi

Même si l’aventure Disney commence en 1923, le véritable point de départ des films, c’est 1937 avec Blanche-Neige. Jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale, le studio va vivre son âge d’or : Walt et ses « Nine Old Men » (Les 9 animateurs de légendes qui ont donné vie à Blanche-Neige et sont restés avec leur boss jusqu’à la fin) enchaînent les réussites et surtout définissent les bases du cinéma d’animation, et préfigurent ce que sera le studio pour les décennies à suivre avec princesses, chansons, mais aussi des messages forts pour les enfants (La maman de Bambi, toi-même tu sais). L’énorme succès de son premier film va permettre à Disney d’allouer plus de budget à ses productions suivantes et d’explorer toutes les possibilités que le format lui offrait. Même si à l’origine ces 5 films font des faibles recettes au box-office (excepté Blanche-Neige et une petite marge sur Dumbo), ce sont des succès critiques absolus, étant tous nommé aux Oscars, et 4 sur 5 en remportant. Encore aujourd’hui, ces 5 légendes font partie des plus célèbres et des plus aimés des films du studio, pour toutes les générations, que ce soit nous, nos parents ou nos grands-parents.

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Hahaha, que je suis con ! Euh, tente ! Contente !

1943 – 1949 : LE TEMPS DE GUERRE

  • 1943 – Saludos Amigos
  • 1944 – Les Trois Caballeros
  • 1946 – La Boîte à Musique
  • 1947 – Coquin de Printemps
  • 1948 – Mélodie Cocktail
  • 1949 – Le Crapaud et le Maître d’École

Le 7 décembre 1941, les Japonais bombardent la base américaine de Pearl Harbor et les États-Unis entrent dans la Seconde Guerre Mondiale. C’est un coup dur pour Disney, car ça implique trois choses : premièrement, il y a moins de budget car l’argent doit aller à l’effort de guerre ; deuxièmement, de nombreux animateurs sont mobilisés pour aller participer aux batailles en Europe ; troisièmement les studios sont commissionnés par le gouvernement pour faire des films de propagande. Bref, après avoir fini Bambi, c’est la bérézina. Les six films estampillés Disney classiques produits entre 1943 et 1949 sont des dessins animés à petit budget, assemblages de courts-métrages ou mélanges de dessin et de prise de vues réelles. Ce sont probablement les œuvres les plus oubliées – et les plus oubliables – de cette liste…

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Walt Disney dans les couloirs du studio en 1945.

1950 – 1967 : L’ÂGE D’ARGENT

  • 1950 – Cendrillon
  • 1951 – Alice au Pays des Merveilles
  • 1953 – Peter Pan
  • 1955 – La Belle et le Clochard
  • 1959 – La Belle au Bois Dormant
  • 1961 – Les 101 Dalmatiens
  • 1963 – Merlin l’Enchanteur
  • 1967 – Le Livre de la Jungle

À la fin de la guerre, Disney est au pied du mur. Avec un budget jamais égalé auparavant de 3 millions de dollars, Cendrillon va se jouer au « Ça passe ou ça casse » en 1950. Et bien évidemment, ça passe. Ça plus que passe. Cendrillon est même le film préféré de Walt Disney ! Les résultats au box-office du film vont permettre à la firme de continuer sur sa lancée dans l’animation pendant toutes les années 50, mais aussi de se diversifier avec ses premiers films en live-action. L’âge d’argent est une période prospère : Walt et les Nine Old Men font usage de toutes les techniques qu’ils ont pu développer pendant l’âge d’or et tous les films de 1950 à 1967 sont des énormes succès critiques et financiers (à l’exception près d’Alice au Pays des Merveilles et La Belle au Bois Dormant). C’est à ce moment aussi que vont être recrutées beaucoup de légendes Disney, comme les frères Sherman pour ne citer qu’eux, à qui l’ont doit énormément de musiques comme celles de Mary Poppins, Le Livre de la Jungle ou la fameuse musique de la maison des poupées à Disneyland (♫ LALALA LA LA, LALALA LA LA ♪ Ne me remercie pas de te l’avoir mise dans la tête, c’est tout naturel). Encore aujourd’hui, les films de l’âge d’argent sont considérés comme les plus grand classiques Disney et c’est mérité.

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Il en faut peu pour être heureux !

1970 – 1988 : L’ÂGE DE BRONZE

  • 1970 – Les Aristochats
  • 1973 – Robin des Bois
  • 1977 – Les Aventures de Winnie l’Ourson
  • 1977 – Les Aventures de Bernard et Bianca
  • 1981 – Rox et Rouky
  • 1985 – Taram et le Chaudron Magique
  • 1986 – Basil, détective privé
  • 1988 – Oliver et compagnie

Mais le succès ne dure qu’un temps, et je sais déjà que je vais marcher sur des œufs avec cette période parce que je vais critiquer les films favoris de certaines personnes. Tu pensais que le temps de guerre était une période compliquée Billy ? Mais ce n’était rien, mais alors rien du tout par rapport à l’âge de bronze. Aussi surnommée le Dark Age (« ère sombre »), la 4ème ère Disney a été une catastrophe à tous les niveaux. En 1966 alors qu’il avait à peine commencé le travail sur Les Aristochats, Walt Disney nous quitte, suivi peu après par son frère Roy. Et ce n’est que le début… Les Nine Old Men, artisans principaux des âges d’or et d’argent, partent tous en retraite et/ou décèdent durant cette période. En plus de cela, Don Bluth, un des animateurs principaux du studio, va se barrer avec 11 autres collègues pour créer sa propre compagnie rivale, qui donnera quelques années plus tard des succès tels que Le Petit Dinosaure, Anastasia ou Titan A.E. En clair, c’est la merde totale. Les Aristochats parvient à maintenir le cap, mais après 1970 c’est l’effondrement : Robin des Bois n’est qu’un immense recyclage d’animations d’anciens films (Petit Jean est Baloo habillé, Triste Sire est le serpent du Livre de la Jungle, et ce ne sont que deux exemples parmi d’autres), Winnie l’Ourson est un assemblage de courts-métrages comme pendant la guerre, Rox et Rouky et Oliver sont des échecs critiques monumentaux, et Taram et le Chaudron Magique touche carrément le fond en étant vaincu au box-office par Les Bisounours (oui, vraiment) et en étant généralement considéré – à tort ou à raison – comme le pire Disney de l’Histoire. Heureusement, au milieu de tout ça, Bernard et Bianca et Basil parviennent – péniblement – à sortir du lot avec un certain succès critique et financier et empêchent de justesse Disney de faire faillite.

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On a encore eu de la chance…

1989 – 1999 : LA RENAISSANCE

  • 1989 – La Petite Sirène
  • 1990 – Bernard et Bianca au pays des kangourous
  • 1991 – La Belle et la Bête
  • 1992 – Aladdin
  • 1994 – Le Roi Lion
  • 1995 – Pocahontas
  • 1996 – Le Bossu de Notre-Dame
  • 1997 – Hercule
  • 1998 – Mulan
  • 1999 – Tarzan

Pour se sortir du Dark Age, il fallait taper un grand coup. Plus fort que Blanche-Neige en 1937, plus fort que Cendrillon en 1950. La meilleure solution, c’était de laisser les rênes du prochain film aux réalisateurs du plus gros (et quasi-seul) succès de l’âge de bronze, Basil, détective privé : Ron Clements et John Musker. C’est ainsi qu’arrive en 1989 La Petite Sirène : une princesse, une méchante sorcière, des chansons… Disney revient à son standard. Je dirais même Disney dépasse son standard ! Plus gros succès financier de l’Histoire de l’animation à l’époque, le film remporte en plus deux Oscars, les premiers depuis Dumbo en 1941 ! La Renaissance Disney a commencé. Pendant 10 ans, le studio va accumuler les plus gros succès du cinéma d’animation de tous les temps, notamment grâce à Clements et Musker (La Petite Sirène, Aladdin, Hercule), et aussi Gary Trousdale et Kirk Wise (La Belle et la Bête, Le Bossu). Mais bien évidemment, le paroxysme de la Renaissance, c’est Le Roi Lion. Il a battu tous les records. À l’époque de sa sortie en 1994, le seul film, le SEUL de toute l’Histoire du cinéma qui avait récolté plus d’argent, c’était Jurassic Park. 9 personnes sur 10 citent Le Roi Lion dans leur top 3 des films Disney (moi y compris), c’est le Disney préféré aux États-Unis… La Renaissance est tout simplement la plus grande période que le studio a jamais vécu, loin devant toutes les autres. Dans un sondage réalisé auprès de plus de 900000 personnes, les trois Disney préférés du monde entier sont La Belle et la Bête (10% des votes), Le Roi Lion (9%) et La Petite Sirène (7%) ; que des films de ce nouvel âge d’or. Les chiffres parlent d’eux même. Quand on pense Disney, on pense Renaissance.

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C’EST L’HISTOAAAAARE DE LA VIIIIIIIIIIIE !

2000 – 2008 : LA PÉRIODE POST-RENAISSANCE

  • 2000 – Fantasia 2000
  • 2000 – Dinosaure
  • 2000 – Kuzco, l’Empereur mégalo
  • 2001 – Atlantide, l’Empire Perdu
  • 2002 – Lilo et Stitch
  • 2002 – La Planète au Trésor
  • 2003 – Frère des Ours
  • 2004 – La Ferme se Rebelle
  • 2005 – Chicken Little
  • 2007 – Bienvenue chez les Robinson
  • 2008 – Volt, star malgré lui

Comme c’est l’ère Disney qui nous intéresse aujourd’hui, je vais m’étendre plus en détail sur la période post-renaissance un peu plus avant. Tout ce qu’il te faut savoir Billy, c’est que c’est une période houleuse, marquée par plus d’échecs que de succès, mise à mal par de nouveaux concurrents émergeant d’un peu partout, et globalement considérée comme le deuxième Dark Age. Mais c’est aussi cette période qui va voir Disney passer de l’animation 2D à l’animation 3D, avec la réussite que l’on connaît aujourd’hui.

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Les carnotaures sur la carcasse de la Renaissance.

2009 – AUJOURD’HUI : LE RENOUVEAU

  • 2009 – La Princesse et la Grenouille
  • 2010 – Raiponce
  • 2011 – Winnie l’Ourson
  • 2012 – Les Mondes de Ralph
  • 2013 – La Reine des Neiges
  • 2014 – Les Nouveaux Héros
  • 2016 – Zootopie
  • 2016 – Vaiana

Devant les résultats critiques et financiers au mieux moyens, au pires catastrophiques, de leurs premiers films en animation 3D, Disney a trouvé bon de revenir très brièvement à la 2D avec La Princesse et la Grenouille. Et devine qui on a rappelé pour ça ? Ron Clements et John Musker. Les initiateurs de la Renaissance vont réitérer leur exploit et relancer une deuxième fois Disney (heureusement qu’ils sont là ces deux là quand même), juste ce qu’il faut pour ouvrir la voie à de vraies réussites en 3D. Suivront Raiponce, Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges, Les Nouveaux Héros et Zootopie, tous de grandes réussites, particulièrement La Reine des Neiges et Zootopie qui vont tous deux dépasser le milliard de dollars de recettes à l’international. Quand même. Ah oui, et le dernier Disney à ce jour, Vaiana, est signé… Clements et Musker. La boucle est bouclée. Comme quoi comme toujours, c’est une princesse et des chansons qui ont sauvé la firme aux grandes oreilles.

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Du pognon ! De l’argent ! J’ai pris un milliard aux gens !

Il y a aujourd’hui une incertitude sur les deux prochains films qui vont sortir, Ralph 2.0 à la fin du mois et La Reine des Neiges 2 en 2019. À première vue, rien ne les différencie des films de la période du Renouveau, donc ils pourraient faire partie de cette ère. Mais il faut noter que, en 56 films, Disney a sorti une seule suite officielle (Bernard et Bianca au Pays des Kangourous en 1990, sachant que Winnie l’Ourson de 2011 n’est pas la suite des Aventures de Winnie l’Ourson de 1977 et que Fantasia 2000 est une réimagination du Fantasia de 1940 et pas une suite). Ce qui veut dire que l’arrivée de Ralph 2.0 et La Reine des Neiges 2 pourrait bien plonger Disney dans une nouvelle ère, et si la succession de périodes de succès et d’échecs du passé est une indication, alors il faut s’attendre à rencontrer un revers de fortune dans les années à venir. Histoire à suivre…

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Une petite image pour s’y retrouver.

LA NOUVELLE DIMENSION

Mais dans tout ça, qu’est ce que la période post-Renaissance a de spécial ?

  • 2000 – Fantasia 2000
  • 2000 – Dinosaure
  • 2000 – Kuzco, l’Empereur mégalo
  • 2001 – Atlantide, l’Empire Perdu
  • 2002 – Lilo et Stitch
  • 2002 – La Planète au Trésor
  • 2003 – Frère des Ours
  • 2004 – La Ferme se Rebelle
  • 2005 – Chicken Little
  • 2007 – Bienvenue chez les Robinson
  • 2008 – Volt, star malgré lui

Quand Fantasia 2000 est sorti le 1er janvier 2000 juste après le passage à la nouvelle année, ce devait être une célébration des 37 films d’animation qui l’avaient précédé. Ce devait être l’entrée de Disney dans le nouveau millénaire. Sauf qu’un millénaire, tout comme un siècle d’ailleurs, ça commence l’année 1 et pas l’année 0, donc en 2001 et pas 2000. Déjà ça, c’est raté. Mais blague à part, cette réactualisation de Fantasia est l’incarnation parfaite de la période post-Renaissance toute entière, et de ce que je pense d’elle. C’est la plus belle animation classique de l’histoire du studio, c’est drôle, c’est intelligent, c’est coloré et surtout ça ne ressemble à rien d’autre (sauf le Fantasia précédent, évidemment). Le film est une succession de 8 dessins animés sans dialogues rythmés par des célèbres morceaux de musique classique, entrecoupés par des présentations de célébrités légendaires (James Earl Jones, Bette Midler ou Angela Lansbury par exemple). Et malgré tout, ce fut un échec financier reçu tièdement par la critique.

On l’appelle aussi période expérimentale ou second Dark Age. La période post-Renaissance, c’est ça : des films adulés par les enfants qui l’ont vécue comme moi, qui ne ressemblent à aucun autre avant ou après, mais qui se font démonter sur le plan critique et/ou financier, le tout sur fond de transition majeure de la 2D vers la 3D. Fort des sommets atteints par la Renaissance, le studio va laisser libre cours aux artisans de sa renommée et expérimenter à tous les niveaux, sur le fond tant que sur la forme. On a des nouveaux genres comme la science-fiction (Atlantide, Lilo et Stitch, La Planète au Trésor, Chicken Little, Bienvenue chez les Robinson) ou le western (La Ferme se Rebelle), des thèmes plus matures, des idées uniques (Un empereur transformé en lama dans Kuzco), des styles différents (le style comics d’Atlantide)…

En ce qui concerne l’animation, l’évolution est flagrante. Comme je l’ai déjà rapidement mentionné la semaine dernière, l’animation 3D (ou numérique, ou CGI), Disney l’utilise depuis longtemps. Dès Taram et le Chaudron Magique en 1985, quelques éléments étaient animés en 3D. Après, cette nouvelle technique apparaît sporadiquement dans beaucoup de films : la salle de bal de La Belle et la Bête en 1991, la grotte à tête de lion d’Aladdin en 1992, ou encore la cathédrale du Bossu de Notre-Dame en 1996. Avec Tarzan en 1999, le studio développe une nouvelle technique appelée Deep Canvas, qui permet – en gros – de créer des décors 2D en 3D et ainsi créer une profondeur de champ et des mouvements de caméra impossibles par le passé dans un film d’animation. Cette technique est utilisée pour la scène où la caméra suit Tarzan qui glisse sur les branches des arbres – on voit bien la complexité de la chose.

La période post-Renaissance va exploiter à fond la CGI et le Deep Canvas pour développer l’animation 3D comme il se doit. On peut donc diviser les films en plusieurs catégories :

  • D’un côté, les derniers 2D de Disney. Ce sont Kuzco en 2001, Frère des Ours en 2003 et La Ferme se Rebelle en 2004. Ils continuent avec le système d’animation classique et utilisent peu ou pas du tout les technologies 3D.
  • Ensuite, on a les hybrides « faibles », que sont Fantasia 2000 et Lilo & Stitch en 2002. Ils sont fondamentalement en 2D mais incluent une présence non négligeable de CGI et/ou de Deep Canvas. Dans le premier, ce sont les segments du petit soldat, des baleines volantes et de l’Arche de Noé notamment, dans le second ce sont tous les vaisseaux spatiaux.
  • Puis viennent les hybrides forts, avec Dinosaure en 2000, Atlantide en 2001 et La Planète au Trésor en 2002. Dinosaure est un cas particulier puisque ce n’est pas un hybride 2D/3D, mais un hybride 3D/réel avec des dinosaures animés sur des décors réels. Atlantide use de CGI pour beaucoup d’éléments, mais de Deep Canvas uniquement pour la scène du Léviathan. Mais La Planète au Trésor, c’est toutes voiles dehors ! Le film entier est en Deep Canvas et des tonnes d’éléments sont en CGI, jusque certains personnages eux-mêmes. Mais on en reparlera dans la deuxième partie.
  • Enfin, on a les films entièrement numériques Chicken Little en 2005, Bienvenue chez les Robinson en 2007 et Volt en 2008, qui servent de précurseurs aux films du Renouveau.

La grande question est donc pourquoi ces films n’ont pas marché ? Pour moi, il y a deux facteurs principaux. D’une part, le caractère expérimental des films a pu en rebuter plus d’un, autant dans les thèmes (trop adultes, peut-être, pas assez magiques comme les Disney classiques), que dans l’animation. Parce qu’on ne va pas se mentir, l’animation numérique en était à ses débuts et il a bien fallu la tester avant d’atteindre un résultat correct. Ce qui veut dire par exemple, bien que ce soit un de mes Disney préférés, que la 3D de Dinosaure est quand même sacrément dégueulasse par moments, et elle l’est restée jusqu’à Volt en 2008. La fin de la 2D, qui était quand même la marque de fabrique du studio, a aussi dû jouer un rôle. D’autre part, c’est pendant cette décennie que la concurrence a explosé comme jamais. Dreamworks d’un côté avec Shrek (fondé par un animateur Disney qui s’est barré, en plus), Blue Sky avec L’Âge de Glace, et même jusqu’à Pixar qui sortait déjà des chefs-d’œuvre, et qui n’avait pas encore été racheté. Pendant que la firme aux grandes oreilles produisait Chicken Little, Bienvenue chez les Robinson et Volt, Pixar avait déjà sorti les deux premiers Toy Story, Monstres et Cie, Némo et Les Indestructibles. Toi même tu sais quels films la postérité a retenu…

Mais dans le fond, peut-on réellement parler d’échec ?

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Sois pas triste, Stitch.

DE L’ILLÉGITIMITÉ DE CRITIQUER UN DISNEY

Je suis un enfant de la période post-Renaissance. Je suis né en 2000 avec elle, j’ai grandi avec elle et j’ai aussi eu la chance d’avoir des parents qui m’ont nourri de Disney de toutes les époques dans ma jeunesse. Et connaissant la moyenne d’âge de mes lecteurs, tu es probablement un enfant de la Renaissance ou de la post-Renaissance aussi Billy, et ces films ont marqué ton enfance. Mais en réalité, ces histoires de périodes, ça n’avait aucune importance à l’époque. Quand tu regardais ton Disney, au cinéma, dans ton canapé ou dans ton lit avec tes parents, tu t’en contrefoutais de savoir si c’était un film de l’âge d’or ou du Dark Age. Tu regardais un Disney, tu vivais une aventure, tu étais heureux. Ce sont les critiques et les historiens qui définissent l’âge de bronze et la post-Renaissance comme des Dark Ages, qui critiquent la qualité de ces dessins animés. Et à ces gens, je n’aurais qu’une chose à dire, reprenant les paroles d’Alain Finkielkraut :

D comme – Disney & La Planète au Trésor [1/2]

Je suis un enfant de la post-Renaissance, ce qui veut dire que je suis déjà trop vieux pour avoir vécu le Renouveau en tant qu’enfant. Quand La Reine des Neiges est sorti, j’avais 13 ans, autant dire que les films de princesse ça me passait par dessus la tête, d’autant plus avec cet insupportable « Libérée, délivrée » qu’on entendait partout. Même si maintenant que je suis plus mature et que j’ai appris à apprécier le film à sa juste valeur et pas avec ma perspective de préadolescent pseudo-rebelle à trois neurones, je mettrais toujours la Renaissance et la post-Renaissance au dessus. Mais imagine que j’aille dire à mes petites cousines de 7 et 9 ans que Le Roi Lion et La Planète au Trésor c’est mieux que La Reine des Neiges, avec laquelle elles ont grandi. Elles me trucideraient sur place ! Et à raison, en plus. De quel droit j’irais juger et comparer le film de leur enfance avec les films de mon enfance dix ans avant ? Si ta grand-mère venait te voir et te disait que son Disney préféré c’est Coquin de Printemps, tu ne lui répondrais pas « Mais Mamie, c’est de la merde ! » quand bien même tu le penserais. Et bien les critiques, c’est exactement pareil.

Les dessins animés Disney sont bien plus que des films. Ce sont tes après-midi pluvieux passés chez tes grands-parents. Ce sont les jouets que tu avais quand tu étais petit. Ce sont le papier-peint de ta chambre, ta housse de couette, ton doudou peut-être ! Alors juger un Disney non pas comme un enfant qui a vécu tout ça, qui a grandi avec tout ça, mais comme un adulte qui regarde un film objectivement, c’est une ineptie monumentale. Un enfant ne regarde pas un Disney objectivement, il le vit. Alors qui sont les critiques pour dire que Rox et Rouky, Taram et le Chaudron Magique, Fantasia 2000 ou La Planète au Trésor sont médiocres ? Leur avis ne vaut rien. Le seul avis qui compte, c’est celui des enfants qui se sont émerveillés devant ces films. Quand j’ai demandé à 10 amis de me donner le top 3 de leurs Disneys préférés, la période qui ressortait le plus le plus après la Renaissance, c’était la post-Renaissance.

Comme films préférés, j’ai recensé entre autres Fantasia 2000, Frère des Ours et La Planète au Trésor. Et combien de personnes adorent Les Aristochats alors que c’est un film du Dark Age ! Quelle légitimité a un critique professionnel qui viendrait te voir en te disant que ces films sont mauvais et que ceux de la Renaissance, de l’âge d’or ou de l’âge d’argent sont meilleurs ? Aucune ! Et même moi, faire une critique ici sur La Reine des Neiges ou Vaiana serait profondément débile. Parce que je ne suis pas le public visé. Parce que je ne les ai pas vécus.

Disney c’est plus que des dessins animés. Ce sont des moments de ton enfance. Et si un enfant du nouveau millénaire vient 15 ans après faire l’éloge de La Planète au Trésor malgré le piètre box-office, malgré les critiques mitigées, c’est bien la plus belle preuve que, finalement, ça n’a jamais été un échec.

D comme – Disney & La Planète au Trésor [1/2]
WOUHOOOOOOU !

LE MOT DE LA FIN

Rares sont les enfants de ce monde que les dessins animés Disney n’ont pas marqué. Maintenant que tu sais tout de l’histoire de Disney, tu peux passer à la deuxième partie de cette critique et découvrir ce qui fait de La Planète au Trésor mon film d’animation préféré. Et toi, c’est quoi ton top 3 Billy ?

D comme – Disney & La Planète au Trésor [1/2]
Au revoir Oswald…

— Arthur

Tous les gifs et images utilisés dans cet article appartiennent à Disney, sauf celui d’Alain Finkielkraut, et c’est très bien comme ça

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