BenH présente son one man show, BenH dans le monde des grands, au Point Virgule. Et il faut aller le voir ! Déjà parce que le lieu est vraiment propice à l'intimité. J'étais pour ma part installée sur les marches du balcon, ce qui n'était pas d'un grand confort, mais le théâtre est si chaleureux que l'on s'y sent bien. Et puis tout simplement parce qu'il est drôle.
Malgré une mise en scène sobre signée Jarry (oui associer "sobre" avec "Jarry" peut sembler surprenant !), BenH a ce talent de nous embarquer dans des situations loufoques. Et ce dès le début, où il parvient avec une simple chaise à nous plonger dans sa vie intra-utérine, de sa conception à sa naissance. Une scène qui marque d'emblée les esprits par son originalité.
La suite ne déçoit pas, et notamment grâce à son auto-dérision sur ses petites jambes frêles ou sur sa difficulté à devenir adulte, sujet central du spectacle. Pourtant, c'est sa vie entière, de sa naissance à sa mort, que l'on parcoure durant une heure. J'ai adoré personnellement le passage sur son adolescence et sa première expérience sexuelle, vraiment pathétique. On s'y croirait ! D'ailleurs, il ne s'agit pas ici d'un stand up classique, tant BenH y investit son (petit) corps. Il frôle l'art théâtral à plusieurs reprises...
Le passage sur le bobo parisien, qu'il campe parfaitement, a particulièrement remporté l'adhésion du public, tout comme celui sur les attentats en Belgique. " Comment peut-on faire du mal à des Belges [...] Tu touches à la France tu me fais du mal à moi, tu touches à la Belgique tu fais du mal à mon petit frère handicapé" peut on y entendre. J'aime les artistes qui interagissent avec leur public, et on peut dire que c'est tout à fait le cas de BenH, qui n'hésite pas à poser les questions les plus gênantes et à inviter les femmes du public à jouer les FEMEN en soulevant leur t-shirt. Quitte à devenir franchement "tête à claques"...
Sans spoiler la fin, je peux dire qu'elle est inattendue, tant le changement de ton et de rythme surprend. Je trouve le pari de finir sur cette note audacieux, mais cela a le mérite de rendre BenH singulier et attachant...