JereMih/Ty Dolla $ign, MihTy, c'est le nom tiré de l'album éponyme de ce 'puissant' tandem masculin, une des sorties r&b les plus attendues de l'année. Enregistré en 2017, ce disque soutenu par Def Jam relance la tradition des super-duos ou trios r&b, comme on a connu dans les années 90 avec LSG (Levert/Sweat/Gill). Les saveurs des années 90 ne sont jamais loin avec Ty $, quand bien même MihTy n'en demeure pas moins qu'un reflet du rhythm'n blues actuel.
Contrairement à ce laisse croire la pochette, nos deux pointures n'ont rien d'angélique. Il est vrai qu'en tendant l'oreille, leurs textes sont bourré de clichés et ils ont tous les deux cette tendance tendancieuse à vouloir mettre du pussy juice dans tous les plats. On a connu plus matérialiste, mais aussi plus romantique. Soit. Produit principalement par Hitmakas, Ayo, Keys et RetroFuture, ce projet est truffé de références. Dès le premier titre et single, " The Light " nous emmène en terrain connu avec ce célèbre sample de " All Night Long " des Mary Jane Girls. Ensuite " FYT " (avec French Montana) n'est autre que l'acronyme de ' fuckin you tonight', la réponse est donnée par ce refrain inspiré de ce sulfureux titre de Notorious BIG et R Kelly, mais moins smooth que la version classique. " New Level " semble sampler " In My Bed " de Dru Hill au début du titre alors que ce sont les membres du groupe Next (souvenir souvenir) qui figurent dans les crédits. Quant à " These Days" , ce sont les légendaires Mint Condition qui ont été indirectement mis à contribution. Tout ça, dans un peu plus que la première moitié de MihTy, qui arrive provoquer parfois de légers frissons et quelques vapeurs. Ça passe crème pour le contact rapproché.
Alors qu'à partir de " Surrounded " (avec Chris Brown et Wiz Khalifa venus faire de la figuration et empocher leur chèque), la douche devient tiède puis froide jusqu'à la fin du disque. Comme s'il n'y avait plus d'eau chaude dans le ballon, avec rien d'autre pour se réchauffer. Quelque chose cloche sur la fin de MihTy et à mes oreilles c'est parce que c'est ce côté moderne trop fade qui rejaillit. C'est dommage car ensemble ils avaient le potentiel de se placer au-dessus de la mêlée et mener le r&b masculin à la b(r)aguette. Entre les deux chanteurs, ma préférence va pour Ty Dolla $ign, à côté d'un Jeremih trop policé avec ses tentatives d'imitation de The-Dream, quand il n'essaie pas d'adopter les prononciations mâchées comme les artistes trap Young Thug et Future.