Muse - Simulation Theory
" Hey les gars, j'ai une idée pour le prochain album de Muse...
- Tu as lu un nouveau bouquin de complotiste ? Une dystopie ?
- Non, comment j'aurais pu ? Vous avez confisqué tous les livres que j'avais emmené en studio.
- Oui, pas faux...
- Vu que j'avais pas de livre sous la main, j'ai souscrit à Netflix et j'ai vu une super série.
- Ah merde, on avait pensé à l'enfermer dans le studio sans livre mais pas à couper l'accès à internet...
- Chut Chris ! C'est quoi ta série ?
- Stranger Things, une série revival pour les nostalgiques des années 1980.
- Tu veux écrire des chansons sur ça ?
- Non, je veux composer la même musique, 80s style avec synthé et tout ça, et si on peut avoir le même mec qui a créé le visuel de la série pour notre projet, ça sera encore mieux...
- ...
- Ecoute, Matthew, ça fait 15 ans que tu nous emmerdes avec tes lectures. Alors, si tu passes aux séries... On ne fait que des albums de merde depuis. Dom ne joue pas de batterie ou si peu et moi je peux jamais mettre les solos de basse que je veux...
- Oui mais je suis le leader. Et ces albums se sont bien vendus... Celui là, il va marcher aussi. Les ados ont adoré Stranger Things, et les trentenaires qui nous suivent depuis le début, aussi. ça va faire un carton ! Et puis, pour être sûr, on va mettre deux trois trucs musesques, pour que ça rappelle vite fait Origin of Symmetry ou autre, un petit solo par ci par là, on ajoute un concept sur la réalité virtuelle plein de références, en mode Ready Player One et on touche le gros lot.
- Putain, tu fais chier Matt. Bon ok, mais c'est la dernière fois. J'ai assez de sous pour payer la fac à mes 12 enfants. Et j'ai pas envie de faire un album sur Riverdale, dans 3 ans.
- Et j'aurai le droit de me peroxyder les cheveux ?
- Oui, bien sûr, mais seulement si je peux me déguiser en loup garou dans un clip. "
Et voilà comment est né Simulation Theory, le dernier album de Muse, sorti vendredi dernier, trois ans après le discutable Drones. Etant donné que le groupe avait distillé ça et là des singles, ces derniers mois, on savait plus ou moins à quoi s'attendre. On n'allait pas aimer. Après plusieurs écoutes, on est plus nuancé. Simulation Theory n'est pas aussi mauvais qu'on pouvait le présager. Mais il a un sérieux problème de dosage et d'équilibre.
Les morceaux se suivent sans vraiment de cohérence. Muse met le paquet et envoie tout d'un coup, si bien qu'on a l'impression d'avoir une indigestion auditive et on ne sait plus trop quoi penser de ce qu'on écoute. Il y a des moments qu'on oublie dès la 1ère écoute comme Algorithm avec ses synthés à foison, surplombant les lignes de piano très Origin of Symmetry. Il y a un peu de rock FM, comme Pressure, sympa mais jamais vraiment dangereux. Il y a ces morceaux taillés pour les grandes audiences comme Thought Contagion et ses chœurs. Il y a des passages intéressants à l'instar de Break it to me où Bellamy s'essaie au rap à la Rage Against the Machine (toute proportion gardée évidemment). Et puis, il y a ces moments de gêne indicible : les 3 minutes de Propaganda avec ses " propropropagannnnnda " désagréables et un gentil emprunt à Prince. Non mais WTF... A moins que ce soit Get up and Fight avec son couplet dance et son refrain du niveau de Starlight qui ne remporte la palme du mauvais goût...
Au final, on ne déteste pas vraiment Simulation Theory mais pas sûr qu'on le réécoutera en boucle jusqu'à Noël. Si on tient jusqu'à la semaine prochaine, c'est déjà pas mal. Dommage car, ça aurait pu en être autrement, à en croire les versions alternatives présentes à la fin de l'édition super deluxe, qui sonnent bien mieux que les originales. Forcément, il y a moins de chichis et ça marche... Comme quoi. A trop vouloir en faire, Muse nous perd en route. Enfin, ça fait un moment, ceci dit.