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Conjurer la peur, chorégraphie de Gaëlle Bourges

Publié le 13 novembre 2018 par Onarretetout

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Avec Gaëlle Bourges, j’ai prolongé la réflexion entamée il y a quelques jours à propos de la lutte ou de la concorde. La chorégraphe, en effet, fait porter par les corps de ses danseurs les allégories présentes sur la fresque de Lorenzetti sur « les effets du bon et du mauvais gouvernement ». Son point de départ, le livre de Patrick Boucheron, Conjurer la peur, dont elle reprend le titre. Et son propos s’appuie sur son expérience : ses deux visites à Sienne, où elle est allée voir la fresque, ses voyages, ses rencontres, le hasard qui la fait assister à la course du « camion blanc » sur la Promenade des Anglais un 14 juillet qu’elle regarde sidérée… La fresque, peinte au XIVe siècle, a-t-elle encore quelque chose à nous enseigner ? Peut-on, aujourd’hui, résister à la tyrannie par la concorde qui rabote les aspérités pour permettre de tisser des liens entre les gens ? La scénographie du spectacle place les spectateurs du côté des effets du « mauvais gouvernement », face aux effets du « bon gouvernement » (photo Danielle Voirin). Dans ses voyages, Gaëlle Bourges écoutait Radiohead chanter Happy to serve you, et cette chanson lui rappelait le Discours de la servitude volontaire de La Boétie. Où le jeune homme écrit à propos des tyrans : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » Ne pourrait-on que rester à genoux, que sombrer dans la violence ? La chorégraphe reprend alors les scènes de la Salle dite de la Paix : les effets du mauvais gouvernement et les effets du bon gouvernement. Elle les anime avec ses danseurs, qui sont neuf, chiffre qu’on retrouve aisément dans la fresque et, notamment, dans un groupe de danseurs au milieu de la ville. Ce sont les mêmes qui jouent les scènes de violences et les scènes du bien-vivre ensemble, chacun, chacune, et collectivement, pouvant, selon ses choix et ses modes de vie, pencher vers les unes ou les autres. Et la ronde reprend après que la voix de Gaëlle Bourges ait dit qu’il faudrait peut-être créer des communes partout et agir, et vivre et danser « senza paura », sans peur.

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 J'ai vu ce spectacle au !POC! d'Alfortville (94)


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