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"La" conscience n'est pas une chose

Publié le 16 novembre 2018 par Anargala


La conscience n'est pas une chose.

Elle est comme une lumière qui éclaire les choses.
Il ne peut y avoir conscience de la conscience
à la manière dont il y a conscience d'une chose.
Mais il y a conscience de soi, 
selon le mode propre dont on fait l'expérience
lorsque la conscience se réalise elle-même,
sans se prendre pour un objet.

Mais le langage "dit" la conscience comme un objet.

C'est inévitable : on dit "la conscience",
comme si la conscience était une chose parmi les choses.

En même temps, les mots, les phrases, sont des actes de conscience : la conscience transcende le langage, mais elle est la source du langage.

La conscience n'est pas une lumière statique, comme l'est la conscience selon le Vedânta. Ici, la conscience est activité, frémissement, ondulation, extase et création. Elle est le seul acte, tous les actes au sens ordinaire n'étant que des manières pour l'Être de se réaliser à travers ces expériences plus ou moins limitées.

Shiva, dans ses soûtras (Shiva-sûtra), est réputé avoir révélé d'abord que :

caitanyam âtmâ

Le Soi est conscience

Le Soi est la conscience. Le Soi, c'est-à-dire l'absolu ou l'Immense (brahman).

Le mot choisi pour "conscience" est particulier : caitanya est bien un dérivé de la racine cit-, comme cit le mot employé par le Vedânta et la Reconnaissance, mais ce nom exprime clairement que la conscience est un acte : citi-kartritâ, être conscient c'est se faire exister comme conscient et c'est la créativité même. "Être" est un acte car c'est un verbe. "Exister" c'est se réaliser comme existence, prendre conscience de soi ainsi. D'autres dérivés de la même racine verbale vont dans le même sens : citi, l'acte de conscience ou encore cetana.

Dès lors, tout est conscience, activité consciente, ou cette activité que l'on désigne par le mot "conscience".

Chaque être et même, chaque chose, est Dieu, pour autant que les attributs de la conscience ainsi reconnue et ceux de Dieu sont identiques. 

Chaque chose est Dieu, car telle pierre, comme ce corps ou ces mots, sont le Soi qui se réalise ainsi.

Or, le Soi ou la conscience, sont toujours et à chaque instant doués de tous les pouvoirs. Ainsi la pierre est consciente. 

Elle est plaisir, joie de conscience, étonnement d'être. C'est cela qui la fait persévérer dans son être. De même, elle est douée de désir. C'est ainsi que l'on peut interpréter son poids. Et bien sûr, elle est aussi, par là même, activité. Elle est cause de divers effets. 
Telle pierre est donc Dieu.

Au fond, tout le shivaïsme du Cachemire est une méditation de cette équation :

conscience = plaisir = désir = perception = activité

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