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Adam Sternbergh : Population : 48

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Population : 48 d'Adam Sternbergh   5/5 (11-10-2018)

Population : 48 (418 pages) est sorti le 11 octobre 2018 aux  Editions Super 8 (traduction:  Charles Bonnot)

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L'histoire (éditeur) :

Caesura Texas - une minuscule bourgade clôturée, au fin fond du désert. Population ? 48 habitants. 
Des criminels, a priori. Ou des témoins. Comment savoir ? Tous ces gens ont changé d'identité, et leur mémoire a été effacée. Pour leur bien. Dans l'optique d'un nouveau départ. En échange de l'amnistie, les résidents doivent accepter trois règles simples : aucun contact avec l'extérieur, aucun visiteur, et aucun retour possible en cas de départ. 
Une expérience unique, menée par un mystérieux institut. Pendant huit ans, tout ce petit monde est resté à peu près en place. Jusqu'à aujourd'hui. Errol Colfax, en effet, s'est suicidé... avec une arme qu'il n'aurait jamais dû posséder. Puis Hubert Humphrey Gable est assassiné. Calvin Cooper, le shérif local, est contraint de mener l'enquête. Ce faisant, il risque de déterrer des secrets que l'essentiel des habitants - y compris lui-même - auraient préféré voir rester enfouis. Trop tard pour faire marche arrière. 
Bientôt, un irrépressible déferlement de violence va s'abattre sur les rues poussiéreuses de Caesura...

Mon avis :

« Il l’a fait asseoir à une table pliante pour lui expliquer les règles de son nouveau lieu de vie. Aucune visite. Aucun contact. Aucun retour. Il lui apprit ensuite à prononcer correctement le nom officiel de la ville – Caesura, ça rime avec tempura – avant de lui dire de ne pas trop s’en inquiéter puisque de toute façon tout le monde appelait le bourg Blind Town.

Ceasura.

Un vilain nom, avait-elle pensé, ey elle le pense toujours, avec trop de voyelles aux mauvais endroits. Un vilain nom pour un vilain lieu, mais bon, est-ce qu’elle avait vraiment le choix ? » Page 11

Un soir comme les autres à Ceasura. Ou presque. Hubert Humphrey Gable se tire une balle dans la tête. Ce second « suicide » par balle en deux mois se révèle être bien embêtant dans la mesure où la seule personne à détenir une arme à feu dans ce petit patelin est Cooper (le shérif, qui n’a d’ailleurs jamais eu besoin de la sortir de son coffre) et qu’il n’y a personne à 150 km à la ronde.

Tandis que de nouveaux arrivants sont accueillis et briefés, la « police », épaulée par le nouvel agent de liaison, doit tenter de résoudre ce mystère et empêcher la menace d’éclater. Mais évidemment, dans un endroit où personne n’est celui qu’il dit être, où chacun à un morceau de mémoire effacé, où les pires psychopathes sont mélangés aux victimes depuis des années sans que personnes ne sache qui est qui, normal que les choses finissent par partir en vrille. Et c’est le moins que l’on puisse dire !

« Il se demande si elle n’est pas ce qu’on appelle ici une « innocente » : une personne dirigée vers le programme parce qu’elle a lis sa vie en danger en donnant un témoignage crucial lors d’un procès important sans avoir pour autant un passé criminel. Vous n’êtes pas supposé vous livrer à ce genre de spéculations, mais il est naturellement difficile de s’en empêcher. Bien sûr, Coopper le sait bien, tout le monde à Blind Town est persuadé d’être innocent, ce qui signifie qu’il est fort probable que personne ne l’est. » Page 29

J’ai adoré !

J’ai aimé l’originalité du scénario qui sort clairement des sentiers battus et qui pourtant tient merveilleusement bien la route !

J’ai aimé l’écriture d’Adam sternbergh  très visuelle  qui permet de vivre intensément cette affaire, de vivre la lecture comme un film.

J’ai aimé le déroulement de l’intrigue qui mélange l’enquête classique à un petit soupçon de science-fiction (toutes ces mémoires partiellement effacées pour permettre aux habitants de ce bled paumé au milieu de nulle part, dans le comté de Kettle au Texas, de prendre un nouveau départ) au milieu d’un tas de personnalités disparates, attachantes, inquiétantes.

« Ces gens – il fait un geste vers la portes, les bungalows, la ville, - ont accepté de participer à une expérience. Elle est là, la vérité. Vous savez ce qu’on dit : si tu veux vraiment garder un secret, commence par le protéger de toi-même. C’est le principe fondateur de cet endroit. Vous coopérez. Vous parlez. Vos péchés sont effacés. Dans la plupart des cas, vous ne savez même plus qui vous étiez. Pour ces gens, c’est une bénédiction, croyez-moi. » Page 66

J’ai aimé l’ambiance et le rythme qui font de Population 48 un huis clos addictif. Il y a un côté rétro à cette communauté et ce contexte qui fait très western sans que cela joue sur la modernité de l’intrique, un décalage constant, un aspect loufoque dans un traitement des évènements.

Enfin, j’ai aimé l’ensemble particulièrement riche (il y a un vrai développent autour du projet qui rendent l’affaire encore plus intéressante) et le fait que les informations ne soient que tout doucement distillées dans ce climat de violence latente. Hyper intéressant à tous les niveaux, Population 48 fait réfléchir sur la possibilité de rédemption et sur l’identité liée à la mémoire, tout en entrainant le lecteur dans une folle lecture survoltée totalement addictive.

« Pas d’argent. Pas de perspective. Aucune idée de qui je suis, putain. On irait où ? Je croyais que venir ici serait un nouveau départ, tu sais ? mais c’est faux. C’est juste un putain de trou dans lequel tu tombes et d’où tu ne peux jamais ressortir. » Page 144

Bref : génial tout simplement !

« C’est peut-être écrit « Caesura » sur les badges, mais Blind Town, c’est comme ça que tout le monde appelle la ville. Parce que c’est une ville aveugle : on ne voit pas le monde extérieur et il ne nous voit pas non plus. L’existence de cette ville – notre survie_ repose sur des principes partagés, des intérêts et une confiance mutuels, comme dans n’importe quelle autre communauté. Sauf que dans cette communauté, quad ces principes ne sont pas respectés, les gens souffrent et meurent. Compris ? » Page 38


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