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Exposition “Périphérique” David Siodos | Institut Culturel Bernard Magrez – Bordeaux

Publié le 17 novembre 2018 par Philippe Cadu

Du 22 novembre 2018 au 20 janvier 2019 - Vernissage jeudi 22 novembre à 18h

http://www.institut-bernard-magrez.com

" Il y a les photographes qui rendent compte d'un événement ou d'une aventure, ils sont appelés reporters. Et puis, il y a les photographes qui parcourent le monde et dont le travail présente les choses de la vie, une rue, un passant, une expression. Je fais partie de cette catégorie. Mon travail se construit autour d'une volonté de restituer le pouls de la ville.

L'endroit importe peu, l'inattendu est partout quand on veut bien l'apprivoiser. J'arpente les rues, les passages, les couloirs. Je croise et frôle les passants, ouvriers ou employés de bureau. Mon regard est capté par les signes et enseignes de toutes sortes. Je marche donc en photographiant ou plutôt je photographie en marchant, une véritable chorégraphie en quelque sorte.

A l'origine, le périphérique est une solution. Il a vocation à faciliter nos déplacements quotidiens. Mais bien que sa fonction soit de relier, ne génère-t-il pas des ruptures dans le territoire ? Sa création ampute des terrains. La proximité du périphérique les rend difficilement valorisables. Ils deviennent des déchets de l'aménagement : les restes d'une division qui ne tombait pas juste. Avec le temps, ces espaces deviennent des terrains vagues, parsemés de bâtiments abandonnés. Leurs aspérités, leur végétation sauvage et le désintérêt qu'ils inspirent les rendant propices à des appropriations spontanées. Ce sont des espaces de liberté. On n'y trouve ni règle préétablie, ni rythme déterminé.

Dans ces terrains vagues qui constituent les abords du périphérique, des individus vivent au jour le jour et n'ont pas d'horaires fixes. Ils font de ces abords un refuge à l'abri du tumulte et des regards. D'une certaine manière, ils en sont les habitants. Sur le périphérique, par contre, les automobilistes respectent une cadence, un emploi du temps. Ce sont de simples usagers. Ainsi, les habitants et les usagers du périphérique coexistent sans se voir. Ils semblent appartenir à l'endroit et l'envers d'une même boucle : deux mondes invisibles l'un pour l'autre, mais indissociables. Le périphérique est donc à la fois l'interface et la frontière entre deux univers et c'est ce qui le rend fascinant. C'est un dispositif artificiel dont le but initial est de rapprocher, et pourtant il sépare. Comme si l'homme, naturellement, tendait à s'isoler.

Cette inclination pour l'isolement est-elle pour autant une fatalité ? Pour la plupart de ses habitants, le périphérique est un choix, une échappatoire, ou bien un concours de circonstances. Certains souffrent de la solitude, d'autres la recherchent. Peu s'en plaignent. Aucun ne la revendique. Au cours de mon année d'exploration des abords du périphérique, j'ai rencontré des personnes authentiques, dignes, émouvantes, drôles...Comme cet homme qui vit et peint dans une cabane qu'il a construit de ses mains. C'est ce premier contact qui a éveillé ma curiosité pour un monde que je pensais connaître, à tort. Toutes les découvertes qui ont suivi ont renversé mes préjugés.

Même si ce n'était pas mon but en allant à leur rencontre, je pensais libérer provisoirement des personnes de leur isolement. Je ne savais pas que c'étaient elles qui, par leur humanité, me libéraient du mien."

Institut Culturel Bernard Magrez 16 rue de Tivoli, 33000 Bordeaux Tél 05 56 81 72 77

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