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La poire à lavement, objet star de l’Ancien Régime

Par Marine @Rmlhistoire

Si le lavement anal a toujours été pratiqué, et continue de l’être mais de manière beaucoup plus intime, c’est véritablement au XVIIème siècle qu’il fait partie des pratiques quasi-quotidiennes de tous les Français. Aussi, on trouve des poires à lavement, qu’on appelle souvent à tort clystères, dans chaque chaumières.

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Retour sur l’histoire du lavement anal

 Les origines animales du lavement anal

Eh oui ! C’est en Mésopotamie et en Égypte que les humains ont vu des ibis s’insérer de l’eau dans le fondement avec le bec. Chacun ses méthodes… Toujours est-il que le peuple de Sumer a pris exemple et n’a pas hésité à le marquer dans les premiers écrits de l’histoire. C’est bien que ça avait de l’importance. Dans les tablettes d’argile de Mari et de Ninive ou sur le papyrus d’Ebers qu’on retrouve le lavement intestinal comme pratique thérapeutique. On retrouve aussi des suppositoires en Égypte, mais c’est une autre histoire.

Pour l’anecdote, les ibis avalent régulièrement du sable en chopant des poissons, style dans le Nil, de fait, ils sont constipés. En humidifiant le sable dans le colon, ils s’octroient la possibilité de chier paisiblement et ça, on ne peut pas le leur reprocher !

L’utilisation du clystère au fil des siècles

 Lorsque les Grecs et les Romains ont découvert les pratiques égyptiennes, ils ont particulièrement adopté le lavement anal. Le mot clystère est grec et il définit non pas la seringue ou l’acte du lavement comme on l’utilise souvent, mais bien le liquide qu’on injecte à l’aide d’un entonnoir relié par un tube à l’anus.

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On met le liquide dans l’entonnoir et plouf. Hippocrate, pour ne citer que lui, a largement plébiscité la pratique du lavement en thérapie mais aussi en prévention. Selon les maux (constipation, ballonnement ou irritation) à soigner les clystères sont différents, par manque d’argent, on réalise le plus souvent des lavements à l’eau salée. On peut citer, à titre d’exemple, quelques laxatifs à insérer dans le… 

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Enfin, tu vois quoi. Le lait d’ânesse cuit, le jus de melon ou de chou. Encore plus efficaces, on peut citer la coloquinte et le ricin. Pour pratiquer le lavement, il faut faire appel à un apothicaire, on peut pas faire ça seul dans sa salle de bain.

Au Moyen-Age, on va reprendre les idées d’Hippocrate et on va les développer. Bah ouais.

 La purgation sous l’Ancien Régime

A partir de la Renaissance, on va user et abuser du lavement anal, jusqu’à plusieurs fois par semaine et pour différentes raisons. En cas de constipation, ou au contraire de diarrhées et même sans raison, juste parce que « oulala c’est agréable cette eau tiède qui me traverse le fondement ». Les opiacés présents dans les mélanges ne sont pas étrangers dans l’idée de bien-être… Ensuite, tout le monde veut le faire. Voltaire, notamment à toujours beaucoup apprécié les lavements aux opiacés ! Les plantes orientales style l’opium sont bien présentent dans les médocs de l’époque, mais on utilise aussi des trucs plus doux comme la camomille et le miel (comme la tisane douce nuit) ou le mélange classique de sel et d’eau.

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Les personnes de haut-rang qui ont un régime alimentaire riche en viande et pauvre en fibre souffrent souvent de « bouchon », de constipation. Alors, on leur prescrit un lavement à base de plante une première fois, puis une seconde, puis finalement une troisième et le clystère rentre vite dans les mœurs, en plus de rentrer dans les culs. Louis XIII, lui, a subi plus de deux cent infusions anales. Et la cause la plus probable de la fistule anale de Louis XIV est également une utilisation abusive de lavement. Ça finit par irriter le rectum, le colon, ça s’échauffe, ça brûle et paf ça se déchire… Rien de sexy donc.

Canules et apothicaires, une grande histoire

D’ailleurs, comment sont ces outils ? Tout dépend du porte monnaie, les plus riches ont de la porcelaine, d’autre de l’étain. L’idée est d’éviter que le matériau s’oxyde et irrite le colon. De plus, il faut assurer l’étanchéité avec l’embout du piston, alors on utilise des rondelles de cuir, de la laine ou encore différentes sortes de résines plus ou moins efficaces. Tout le monde ne peut pas pratiquer de lavement anal, tout comme durant l’antiquité, la pratique est réservée aux apothicaires par un décret royal. Les mecs sont nombreux parce que durant l’Ancien Régime, riches et pauvres se font laver le fondement plusieurs fois par semaine pour les uns, par mois pour les autres. Sans aucune pudeur, ou presque ! Il existe une « perruque » à tonsure. Il s’agit d’une perruque trouée à poser sur le cul, l’apothicaire peut insérer la canule sans voir les fesses des femmes.

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Si les apothicaires sont nombreux, ils ne sont pour autant pas bien informés des choses du corps et de la vie, beaucoup pensent qu’administrer un clystère peut remplacer un repas. Tout commence par un bon lavement purgatif classique pour nettoyer les organes et ensuite, on injecte une composition dite « nutritive » à base de lait, d’œufs et même de potage ! L’idée est bien de faire remonter le repas vers l’intestin puis l’estomac. Évidemment, ça ne marche pas tellement bien et les gens faibles qui ne parvenaient pas à se nourrir par l’orifice prévu à cet effet -la bouche- finissaient par mourir.

 Vers la disparition du lavement ?

Au XIXe siècle, le lavement et son rituel tendent à disparaître. Déjà, il n’est plus nécessaire de faire appel à un apothicaire depuis presque un siècle. Et la technique et le temps ont amélioré les instruments : on peut se laver le colon tout seul.

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Avec le caoutchouc, c’est encore plus facile : la poire à lavement est de petite taille et souple. C’est moins douloureux et moins dangereux pour le rectum. Enfin, on a enfin compris qu’il faut user avec une grande parcimonie du lavement pour ne pas irriter les organes. Mais une nouvelle tendance apparaît, c’est la sexualisation du lavement. Dès la fin du XIXème siècle, ça devient sexy de s’injecter différents mélanges dans le rectum, de l’opium, plus que jamais mais aussi d’autres plantes…

Aujourd’hui, l’hydrothérapie du colon a tendance à revenir sur le devant de la scène. On vante ses mérites et son coté détoxifiant. Mais aussi son aspect hygiénique, en particulier dans la sexualité.

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