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(Anthologie permanente) Franz Mon, par Jean-René Lassalle

Par Florence Trocmé

Mon  nach OmegaNouveau dossier proposé par Jean-René Lassalle,
avec ces textes du poète allemand Franz Mon.
Le choix et les traductions, inédites, sont signés Jean-René Lassalle
qui propose aussi cette courte présentation du poète.
dans les jardins paissent les morts

dans les jardins paissent les morts. ils se redressent
quand ils crient.
ils ne crient pas. personne les a entendus.
ils nagent dans l’herbe.
sur le dos nagent.
ils ne tournent pas leurs mains
seulement le menton.
tôt dans la rosée ils rient se vautrent en tous sens
quelques-uns boxent ensemble.
à midi ils se recroquevillent crabes sur le sol.
le soleil les martèle à plat. leur couteau
entaille le ciel par-dessous.
ils ne saignent pas. l’argile
les cuirasse. sur le dos
ils se défendent contre les jets de pierre d’en haut
et détournent la tête
quand une étoile s’abat entre eux.
Source : Franz Mon : Poetische Texte 1951-1970, Janus 1995. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.

in den gärten äsen die toten

in den gärten äsen die toten. sie richten sich auf
wenn sie schrein.
sie schreien nicht. niemand hat sie gehört.
sie schwimmen im gras.
auf dem rücken schwimmen sie.
sie drehn die hände nicht
nur das kinn.
früh im tau lachen sie werfen sich herum.
ein paar boxen miteinander.
mittags kauern sie krebse am boden.
die sonne stampft sie fest. ihr messer
schlitzt den himmel von unten.
sie bluten nicht. der lehm
panzert sie. auf dem rücken
wehren sie sich gegen den steinschlag von oben
und drehen den kopf weg
wenn ein stern zwischen sie schlägt.
Source : Franz Mon : Poetische Texte 1951-1970, Janus 1995.
/
quand car : comme si

quand on te :
   bleic comme nange
car on te :
   verb comme l’herte
lorsqu’on te :
   jaille comme la paune
comme on te :
   rang comme le souge
si on te :
   narbon comme choir
Source : Franz Mon : fallen stellen, Ramm 1981. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
wenn weil : als ob

wenn man dich:
weeß wie der schnei
weil man dich:
gran wie das grüs
als man dich:
golb wie das streh
wie man dich:
rut wie das blot
ob man dich:
schworz wie die kahle
Source : Franz Mon : fallen stellen, Ramm 1981.
/
Omaha, 94, X

(6 juin 1944)
ceci aura été
tarte mortuaire –
   ; faim solaire   lèvre du haut   :   sans jointure
torse à gouttes –
   ; fil au piège   spectacle mortel   :   sans déshonneur
tambour de bourses –
   ; mauvaise langue   mors capitonné   :   sans doigt
terrifiants ascètes –
   ; aube grise   poids brut   :   sans pointes
tortille-chaussette –
   ; feuille de laurier   crédo ahané   :   sensationne
tranquillisant bouilli –
   ; coulisse menaçante   enterre vie de garçon   :   sans souillure
turbulente bombe –
   ; rockandroll   roseraie   :   sans révolte
tornade giclante –
   ; tête à boucles   origan   :   sans repos
tempête d’orgues –
   ; pétard mouillé   poche braguette   :   sans courbes
torture en bravade –
   ; rapport buccal   monopoly   :   sans conséquence
terminus à zombies –
   ; bodycheck   névrose-type   :   sans fondement
tuant plombage –
   ; échantillon gratuit   à grande eau   :   sans coupure
tarte avec fond –
   ; tire-bouchon   trou du four   :   sans fond
Source : Franz Mon dans : Robert Häusser : Ins Wort gesetzt, Wachter 2007. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Omaha, 94, X

(6. Juni 1944)
es wird gewesen sein
totentorte –
   ;sonnenhunger   oberlippe   :   fugenlos
tropfentorso –
   ;stolperdraht   mordsspektakel   :   glorios
trommelhoden –
   ;ohrenbläser   polsterbacke   :   fingerlos
trockenmonster –
   ;morgengrauen   rohgewicht   :   zackenlos
torkelsocke –
   ;lorbeerblatt   stoßgebet   :   kurios
trostgebrodel –
   ;drohkulisse   polterabend   :   fleckenlos
tolpatschbombe –
   ;rockandroll   rosenstock   :   regungslos
tropftornado –
   ;lockenkopf   oregano   :   furios
tobsuchtsorgel –
   ;rohrkrepierer   hosenschlitz   :   kurvenlos
trotztortur –
   ;oralverkehr   monopoly   :   folgenlos
torschlusszombie –
   ;bodycheck   profilneurose   :   dubios
todesplombe –
   ;probenummer   oberwasser   :   lückenlos
tortenboden –
   ;korkenzieher   ofenloch   :   bodenlos
Source : Franz Mon dans : Robert Häusser : Ins Wort gesetzt, Wachter 2007.
/
Si les yeux en tombent.
S’ils tombent à l’eau les yeux.
Des nues de tout ce beau monde, pourrait-on dire.
Dans les griffes du diable, disons pour dépanner.
Mais je te crois : évidemment pas sur ton dos.
Dans le dos ça ne tombe pas de soi.
En se croisant peut-être ?
Ils font une croix dans le dos ?
Toi qui es suspendu là, c’est une règle connue.
Aux yeux de tous ?
Disparus dans les nuages.
Dans les nuages de tout le beau monde ?
Disparu.
Source : Franz Mon : Nach Omega undsoweiter, Ramm 1992. Traduit de l’allemand par Jean-René Lassalle.
Fallen die Augen zu.
Fallen dabei die Augen aus.
Aus aller Herren Wolken, sozusagen.
Ins Bockshorn, behelfsweise, könnte man sagen.
Ich glaubs dir ja : bloß nicht im Rücken.
Auf keinen Fall in den Rücken.
Kreuzweise vielleicht?
Über Kreuz in den Rücken?
Da du hangest, in aller Regel.
Vor aller Augen?
Verschwunden in den Wolken.
In aller Herren Wolken?
Verschwunden.
Source : Franz Mon : Nach Omega undsoweiter, Ramm 1992.
Choix et traductions inédites de Jean-René Lassalle.
Lire cette présentation du poète Franz Mon.


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