Des enchaînements différents
fondamentale. Qui souligne concordances et divergences.
Dans le dernier numéro de la revue L’Infini parait un extrait du Journal de l’année 2017 de Marcelin Pleynet. A la date du jeudi 26 octobre :
« Sur la place de la Concorde, que je traverse deux fois par jour, les fontaines de Hittorff et l’obélisque de Louxor, matin et soir, percent lentement l’air embrumé qui enveloppe la place… Il faut vivre, il faut absolument vivre puisque c’est notre destin, à nous autres humains, de savoir que nous sommes mortels…
N’en demandez pas plus ! »
Durant l’année 1940, Georges Bataille écrivait comme une sorte de journal ce qui sera publié sous le titre de Le coupable. La place de Paris y est alors associée à la mort, la mort d’un ami, Maurice Heine, lecteur de Sade et de Hegel, décédé quelques semaines avant que soient écrites les lignes suivantes :
« H. est mort, que j’aimais bien, qui arrivait comme un spectre se glisse (un très vieux spectre affable). Je le voyais rarement. » et
« J’ai traversé plusieurs fois la Concorde, qui, jadis, fut la place de la Terreur. Le peuple a tous les droits… Il est logique et nu que H. soit mort. »
Dans mes lectures je suis toujours « touché » par les points de suspension et très attentif à la manière dont on passe d’une phrase à la suivante. Chez Pleynet les enchaînements sont à mon sens remarquables de brusquerie et d’envolée. De ligne entre les lignes.
Claude Minière