Découverte par le biais de Awful Records qui avait publié son premier album en 2015, l'émoustillant World Vision, la rappeuse autodidacte de Vancouver a préféré annuler sa suite et quitter le label indépendant d'Atlanta pour prendre pleinement possession de son pouvoir artistique et de son identité avec un album qui porte son pseudonyme, Tommy Genesis (Downtown Records). Âmes pures s'abstenir car son contenu est chaud, très C H A U D.
Plus fatal, provoquant, raffiné et érotique que son clip " Tommy" , cherchez pas, il n'y a pas d'équivalent en 2018. Pour ce second album qui mérite d'être interdit aux mineurs, Tommy Genesis remet la place de la chatte où elle doit être : sur un piédestal. D'ailleurs les amoureux de cunnilingus, homme ou femme, se régaleront avec " Play With It" . La sexualité reste au coeur de son identité, naturellement très forte. La rappeuse est franche et tranche pour éviter toute ambiguïté, une vraie arme de séduction massive pour aguicher " Bad Boy " et " Daddy " (les gémissements en fond pour que ce soit bien clair parce qu'elle sait que les mâles et la subtilité ça fait deux). Déjà sur la fin de " Tommy " (produit par le producteur de chez G.O.O.D. Music Charlie Heat), les cris sont pratiquement orgasmiques et sur scène ça doit être quelque chose à vivre. Tommy Genesis garde le contrôle sur tout, et pas qu'artistique, il est difficile de se défaire de son emprise une fois envoûté, comme par un regard insistant et une lèvre mordue nous intimant de s'apprêter à se dénuder pour répondre à sa libido.
La rappeuse-chanteuse (oui elle sait faire ça aussi et très bien même) a conservé des sonorités trap très marquées et abruptes, avec de l'électro par ci (" Play With It " est parfait pour les clubs), du r&b par là (" You Know Me" , " Naughty" ) et des guitares qui donnent du blues (" Drive" ) pour s'échapper de la moiteur ambiante et varier les plaisirs. Pas de trace du single " Lucky" , néanmoins on se consolera avec le remix de " 100 Bad " signé Charli XCX. Peu importe la situation, tout est propice à l'acte charnel et ce jusqu'à " Miami " , une façon de refaire le tableau 'sea, sex and sun'. Mais jamais une seule seconde, il nous vient à l'esprit de la comparer à ses consoeurs qui font dans le porno-lyricisme m'as-tu-vu et clinquant pour le commerce (suivez mon regard), parce qu'il est impossible de la mettre dans une catégorie, parce qu'elle a un style hardcore unique et qu'elle fait de son rap hautement sexuel un art à part entière.
Cet album auto-intitulé est purement et simplément génésique, c'est le terme, c'est presque son prénom, ce qu'elle est. Tommy Genesis, c'est une nymphe tentatrice, Tommy Genesis c'est trente intenses minutes, soit le temps qu'il faut pour faire de bonnes préliminaires. Jusqu'où (jou)ira-t-elle?