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Aya Nakamura, ou mon évolution face à la musique de djeun’s

Publié le 26 novembre 2018 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Depuis 1961 et Edith Piaf avec Je ne regrette rien, aucune chanteuse française ne s’était imposée dans les charts néerlandais. Clairement, on pourrait s’en foutre – un pays qui a quatre fois moins d’habitants que la France –, mais comme on a un passif avec les Pays-Bas, il paraît que ça importe. On leur a filé Edith Piaf, on récupère Dave et Mad’House. Bref.

Mais ce qui n’est pas surprenant, ce n’est pas qu’une chanteuse française se soit imposée dans les charts néerlandais durant l’été 2018. C’est de savoir avec quelle chanson. En l’occurrence Djadja d’Aya Nakamura.

Cette jeune fille de 23 ans, née au Mali, ayant grandi à Aulnay/Bois, élève en école de mode à Aubervilliers – elle dit La Courneuve mais j’ai comme un doute – s’est forgé son pseudo sur un personnage de la série Heroes, Hiro Nakamura. Toute sa famille baignant dans le chant, elle se dit qu’elle pourrait finalement en faire son métier.

Elle se fait repérer sur Facebook dès 2014, alors qu’elle a 19 ans, avec le titre Karma. Mais c’est J’ai mal, en 2015, qu’elle compose seule, qui l’a fait percer. Elle se fait alors accompagner par son ami Dembo Camara à la production et Christopher Ghenda pour écrire son premier album, Journal intime (2017), dans lequel on retrouve Brisé.

Forte de son succès de vues sur Youtube, elle gagne le respect de ses parents quand elle fait des premières parties d’artistes internationaux au stade Modbo-Keïta de Bamako et quand elle chante son amour pour la diva malienne Oumou Sangare. Elle en profite pour faire également des collaborations de luxe avec Fababy et MHD. Si Journal intime est le fruit de deux ans de bisbilles entre son équipe et son premier label, Aya Nakamura ne débarque pas de nulle part quand elle explose durant l’été 2018.

Avec des titres comme l’iconique Djadja ou Copines, son deuxième album sorti ce mois de novembre 2018 est d’emblée disque d’or dès sa sortie qui s’est accompagnée d’un matraquage médiatique comme peu vu en France, que ce soit pour l’encenser ou questionner son talent sur les réseaux sociaux.

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Personnellement, qu’est-ce que j’en pense ? Je pourrais me dire que je suis un peu vieille ou pas assez orientée r’n’b et afro-trap pour être dans le public cible. Et puis je me revois à l’orée de la trentaine, quand déjà, j’écrivais davantage sur la musique – parce que je suivais davantage l’actualité musicale.

Qu’aurais-je dis d’Aya Nakamura ? Qu’à l’instar de Lana Del Rey, l’emballement médiatique dont elle bénéficie ne vaut peut-être pas le coup (et je m’en mords les doigts sept ans après, vous savez). Qu’à l’instar de Lorde, son arrogance va faire un assez bon travail de sape pour ruiner sa carrière (d’ailleurs, quelqu’un a des nouvelles ?). Qu’à l’instar de n’importe quelle musique que toute personne de plus de 10 ans de moins que moi – les djeun’s –, je ne comprends rien à ce qu’elle raconte.

Mais depuis 2015 et mes débuts dans la fonction publique, de la musique de djeun’s, je suis bien obligée de me la farcir matin, midi et soir. Et encore, je trouve que l’établissement où je travaille est soft par rapport aux autres. Par conséquent, pour comprendre les jeunes qui fréquentent l’établissement, j’ai bien été obligée de savoir qui est Dadju, Vald, PNL, MHD… et donc Aya Nakamura, dont une collègue est fan et bombarde toutes les soirées avec son son. Si, à la maison, je suis les conseils musicologiques du Mari qui s’est acheté le coffret de la réédition du Blanc pour pousser l’étude à la moindre note, je suis bien obligée de me plier à l’extérieur du foyer à ce qui influence le plus mes oreilles : les centaines de gosses que je côtoie tous les jours.

Malgré tout, je me ravis du succès d’Aya Nakamura, tant on n’avait jusqu’à récemment de référence de chanteuse de r’n’b français de cette envergure que Vitaa, dont les premiers tubes remontent aux début des années 2000. Le milieu des années 2010 ont donné la part belle à une surreprésentation des artistes masculins dans le son urbain français, et j’espère que le succès d’Aya fera des émules.

Bref, Aya, je danserai toujours mollement sur ton son, mais je te souhaite le meilleur.


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