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[Critique] CREED II

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] CREED II

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Titre original : Creed II

Note:

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★

Origine : États-Unis
Réalisateur : Steven Caple Jr.
Distribution : Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson, Dolph Lundgren, Florian Munteanu, Wood Harris, Phylicia Rashad, Russell Hornsby…
Genre : Drame/Suite
Date de sortie : 9 janvier 2019

Le Pitch :
Arrivé au sommet, Adonis Creed, le fils du légendaire Apollo Creed, est champion du monde de boxe. Toujours épaulé par Rocky Balboa, il a néanmoins du mal à sortir de l’ombre de son illustre géniteur auquel il est souvent comparé. Un jour survient un défi de taille pour Adonis qui se voit proposé un match contre Viktor Drago. Un athlète redoutable qui n’est autre que le fils d’Ivan Drago, le boxeur qui a tué Apollo sur le ring des années auparavant, avant de mordre la poussière après son combat contre Rocky… Alors que ce dernier déconseille fortement à Adonis d’accepter la proposition qui lui est faite, le jeune sportif, avide de vengeance, décide de se lancer…

La Critique de Creed II :

Sylvester Stallone l’a très récemment annoncé : Creed 2 serait le dernier film de Rocky Balboa. Rien n’indique alors réellement que la saga Creed ne se poursuivra pas, mais Rocky lui, ne reviendra plus. Alors bien sûr, une telle déclaration, plus d’un mois de la sortie française de Creed 2, encourage à quelques spéculations. Spéculations sur lesquelles il vaut mieux éviter de s’attarder pour profiter pleinement de ce que Sly et le jeune réalisateur débutant Steven Caple Jr. (qui a pris la suite de Ryan Coogler, le réalisateur du premier, ici crédité à la production) nous ont préparé… Parce que Creed II, en substance, c’est de l’émotion pure. Un vrai et généreux roller coaster qui devrait laisser non seulement les fans hardcore de la saga Rocky sur le carreau mais aussi probablement une partie des autres spectateurs, qui pourraient bien être surpris par la nature de ce drame bien plus profond que l’étiquette de « revenge movie » qu’on peut être tenté de lui coller à la vue de son pitch…

Creed-2-Dolph-Lundgren

« Je vais te briser »

Creed II est à la fois une sorte de remake de Rocky II (positivement parlant) et une vraie suite de Creed. C’est d’ailleurs aussi une sorte de suite de Rocky IV, puisque le personnage d’Ivan Drago, toujours incarné par le buriné et charismatique Dolph Lundgren, revient sur le devant de la scène, pour encourager son fils à boxer celui d’Apollo Creed. Apollo n’étant plus là, c’est Rocky qui tient plus que jamais le rôle de père de substitution pour Adonis. Le fait que le propre fils de Rocky ne fasse plus vraiment partie du tableau renforçant la chose d’une manière encore plus subtile ici que dans Creed premier du nom. Creed 2 est donc un film sur la paternité mais plus encore sur l’héritage. Que ce soit Viktor Drago ou Adonis Creed, tous les deux évoluent dans l’ombre de leurs paternels, qu’ils soient présents ou non. C’est d’ailleurs doublement valable pour Adonis puisque tandis que le « fantôme » d’Apollo est plus que jamais présent, Rocky le remplace physiquement et psychologiquement, tenant à la fois le rôle de conseiller, d’entraîneur, de mentor, et donc de père. Et quand on sait qu’Adonis devient lui-même père dans le film, on peut alors franchement affirmer que Creed 2 est une vraie tragédie sur l’héritage. Ne pas refaire les erreurs du passé, réparer ces mêmes erreurs, supporter le poids de ce fameux héritage, suivre sa propre voie, trouver ses motivations, incarner des valeurs… Voilà de quoi traite Creed 2, sans se priver lui-même de toujours entretenir d’étroits rapports avec les précédents longs-métrages, que ce soit Creed ou tous les autres Rocky, via Balbao, tout en regardant vers l’avenir.
Alors oui, le film de Steven Caple Jr. va beaucoup plus loin de ce que le trailer annonce et c’est forcément une excellente nouvelle.

« Jusqu’au bout »

Stallone n’a pas choisi de faire revenir Drago pour faire revenir Drago. Creed 2 n’est pas juste une histoire de vengeance, où les fils prennent la place de leurs pères. Si Drago revient, c’est pour de bonnes raisons car cela permet à Sly de disserter avec la sensibilité et la générosité qu’on lui connaît, en restant dans la même tonalité, sur des thèmes forts, qui font toujours écho à sa vie personnelle et au parcours de son mythique alter-ego. Pour autant, Caple Jr. Et Sly, conscients de l’excitation qu’un tel retour allait déclencher chez les fans, n’ont pas choisi d’esquiver quelques séquences forcément attendues, comme par exemple le face à face entre Drago et Rocky dans le restaurant de ce dernier. Un moment qui tient toutes ses promesses et qui donne le ton d’un « affrontement » par procuration beaucoup plus subtil qu’il n’y paraît. Sans tomber dans l’excès bête et méchant, sans rejouer sur le même ton que Rocky IV, qui appartient à son époque et qu’il semblait difficile ou tout du moins très risqué de « refaire » aujourd’hui, Creed 2 se montre intelligent plus qu’à son tour en déjouant beaucoup de pièges et en acceptant aussi sa condition sans chercher à absolument surprendre ou tabler sur une originalité qui aurait pu être hors sujet.
Et puis il y a ce choix de mettre Rocky de côté pendant une partie du métrage, histoire de vraiment développer l’arc narratif propre à Adonis, avec sa vie de famille, et ainsi donner plus de place à Tessa Thompson notamment ou encore à Phylicia Rashad, qui interprètent respectivement sa copine et sa mère. Rocky qui revient vite mais qui jamais ne prend trop de place, préférant se tenir à côté du vrai héros du film, sans lui faire de l’ombre, mais en conférant au récit tout le charisme, le magnétisme et la sagesse qui lui sont propres.

Passage de flambeau

En toute logique, Michael B. Jordan prend encore plus d’ampleur et creuse son personnage avec une intensité et une gravité parfaitement à propos alors que Sylvester Stallone, dans un rôle qu’il connaît par cœur, se fait le vecteur d’une émotion à fleur de peau face à laquelle il est difficile de ne pas succomber. Dolph Lundgren quant à lui, fait preuve d’une subtilité plutôt inattendue. Touchant à sa manière, à l’image de Florian Munteanu, la bonne surprise du film, le géant suédois livre une performance impressionnante, tout en retenue. Sa dernière scène étant d’ailleurs l’une des plus émouvantes du lot. Et ça, ce n’était pas vraiment prévu au programme… N’oublions pas la toujours impeccable Tessa Thomson, qui parvient à se tailler une belle place alors que le scénario n’oublie pas de lui emménager de confortables espaces dans lesquels elle peut faire exister son personnage.
Grand film d’acteurs, dont les rôles sont magnifiés par un scénario à la fois simple et complexe, car très porté par une volonté de favoriser l’émergence d’une émotion salvatrice, Creed 2 remplit toutes les cases et se paye aussi le luxe de s’en inventer de nouvelles. Alors forcément, il n’est pas surprenant de verser quelques larmes… À plusieurs reprises…

En Bref…
À l’instar de Rocky II, qui reste cruellement sous-estimé, Creed 2 ne joue pas la surenchère mais préfère continuer à explorer des thématiques puissantes afin de faire évoluer ses personnages. Devant Creed 2, beaucoup de sentiments et d’émotions se télescopent. Vibrant, galvanisant, puissant, il touche en plein cœur et s’apparente à un véritable K.O.. Jusqu’à cette ultime séquence, à la beauté pénétrante et à la force évocatrice rare…

@ Gilles Rolland

Creed-2-Stallone-Michael-B-Jordan
  Crédits photos : Warner Bros. France


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