Un docteur pas tout à fait comme les autres.
Je ne me suis jamais réellement intéressé aux séries médicales comme Grey’s Anatomy ou autres Dr House. Certes, j’ai vu quelques épisodes à droite à gauche comme tout le monde, mais ça s’arrêtait là. Pourtant, quand j’ai découvert par hasard cet été grâce à TF1 qu’une série qui avait fait un énorme carton aux USA débarquait en France, je me suis dit « Pourquoi pas ? ». Me voilà donc plongé dans le monde de Shaun Murphy (Freddie Highmore), un jeune autiste interne en chirurgie qui n’aspire qu’à devenir le proverbial Good Doctor.
T’as de beaux yeux, tu sais ?THE GOOD DOCTOR
Créateur : David Shore
Acteurs principaux : Freddie Highmore, Richard Schiff
Diffusion : 25 septembre 2017 – Aujourd’hui
Pays : États-Unis
Saisons : 2
Épisodes : 27 (en cours)
Durée par épisode : Entre 41 et 44 minutes
Hum… Je flaire une bonne série !BONJOUR, JE SUIS LE DOCTEUR SHAUN MURPHY
Dans l’idée, on pourrait résumer le fil rouge de la série en une question : une personne autiste peut-elle devenir un bon chirurgien ? Mais je dis bien « on pourrait », car The Good Doctor, c’est un petit plus que ça.
Le point central de la série, c’est Shaun Murphy, le jeune autiste interprété par le talentueux Freddie Highmore (Charlie et la Chocolaterie, Arthur et les Minimoys, Bates Motel), talentueux d’ailleurs au point d’avoir reçu une nomination aux Golden Globes pour son rôle. Quand même. Bref. Shaun vient donc de finir ses études de médecine et arrive dans une nouvelle ville pour travailler dans un nouvel hôpital, le Saint Bonaventure de San José. Le premier épisode de la première saison démarre au moment où Shaun débarque de son avion et arrive à l’aéroport de San José. Et là, c’est le drame : un accident technique fait tomber un panneau de verre sur un enfant qui passe en dessous (aïe) et le blesse gravement. « Appelez les secours ! », s’empressent de hurler les parents terrifiés qui ont bien retenu la leçon de tous les films où un truc pareil se produit. Pif paf pouf, un homme débarque en déclarant « Laissez moi regarder, je suis médecin ». Et voilà t’y pas que notre docteur essaye de stopper l’hémorragie du gamin qui s’est coupé la veine jugulaire (ouille). Mais c’est là que Shaun arrive et lui fait remarquer qu’il ne fait pas bien son job, car en maintenant la pression sur la veine, le docteur bloque aussi la respiration du gosse. Shaun déplace les mains du médecin, le gamin inspire un grand coup. « Mais qui êtes-vous ? » demande donc Monsieur Fait-son-boulot-n’importe-comment à son nouveau héros.
« SHAUN – Bonjour. Je suis le docteur Shaun Murphy. Je suis un interne en chirurgie à l’hôpital Saint Bonaventure de San José. »
Et voilà, la série est lancée. Ne te laisse pas duper par mon ton léger Billy, car cette entrée en matière est absolument brillante. Le premier épisode lance parfaitement les enjeux auxquels The Good Doctor nous confronte dans son ensemble, et est rythmé, dramatique, mais aussi drôle quand il faut l’être, pertinent, intelligent et filmé avec maestria. Il se divise en deux grands axes : d’un côté une réunion du bureau d’administration de l’hôpital, où le président de l’établissement Aaron Glassman (Richard Schiff) défend le cas de Shaun contre les membres du bureau qui se questionnent sur la confiance qu’ils peuvent accorder en chirurgie à un autiste ; et de l’autre Shaun qui fait des trucs incroyables pour sauver le garçon. C’est l’essentiel de la série, d’une part des questions éthiques et morales, d’autres part la réalité concrète de la nécessité de sauver les patients, qui contredit parfois ces questions morales et éthiques.
Et autour de Shaun gravite tout un ensemble de personnages plus intéressants les uns que les autres : le sympathique président Aaron Glassman donc (Richard Schiff), mais aussi l’arrogant docteur Neil Melendez (Nicholas Gonzalez) – arrogant docteur ? Tiens donc… -, l’optimiste Claire Browne (Antonia Thomas), le séducteur Jared Kalu (Chuku Modu), l’amusante docteur Audrey Lim (Christina Chang) et les deux autres internes Morgan Reznick (Fiona Gubelmann) et Alex Park (Will Yun Lee) que l’on découvre vers le milieu de la saison 1. Sans oublier la pétillante voisine de Shaun, Lea (Paige Spara). Que du beau monde !
Et dire que j’écris gratuitement.UNE SÉRIE MÉDICALE COMME LES AUTRES…
Bien évidemment, quand on pense « série médicale », on pense à toute une liste de clichés qui vont avec, et The Good Doctor n’en est pas totalement exempt. Et donc avant de voir ce qui fait sa force, on est bien obligés de faire un petit tour de ce qui fait ses faiblesses…
Le cas de la semaine. Comme le chante très justement Jane Lynch dans son ouverture des Emmys 2011, la télé est un monde merveilleux « où les patients sont soignés en une heure par des docteurs qui ne travaillent qu’une fois par semaine ». C’est caricatural, mais c’est bien vrai : comme pour toute série médicale, chaque épisode commence par un nouveau patient malade et une fois l’épisode fini on ne le revoit plus jamais. D’autant plus que The Good Doctor s’applique à avoir toujours les cas les plus improbables, toutes les pathologies qui ont une chance sur cent millions de se produire, tu peux être sûr que quelqu’un va l’avoir dans la série. Sœurs siamoises reliées par la tête, sosie parfait, tumeur qui rend incontrôlable, maladie infantile au nom improbable, transfert d’organes auquel seul un détenu hyper dangereux peut servir… Mais j’ai envie de dire, il faut bien que la série se fasse. Si toutes les semaines on était sur des rhumes, ça aurait probablement pas le même intérêt !
C’est dégueulasse. Il faut savoir que je regarde mes séries en mangeant mon repas, mais je déconseille fortement de le faire pour The Good Doctor. La série participe à la lubie moderne de vouloir absolument nous montrer tout ce qui se passe dans une salle d’opération, c’est à dire des patients qui se font ouvrir, des organes en veux-tu en voilà, et des tumeurs dégueulasses à foison. Alors certes, c’est bien pour le côté médical, mais moins pour le côté appétissant…
Le drama. La principale critique qui est faite à Grey’s Anatomy, c’est que c’est beaucoup trop souvent sur-dramatique. Triangles amoureux à la con, patients larmoyants, histoires secondaires surréalistes ; bref, c’est le Plus Belle La Vie médical. The Good Doctor n’est pas étranger à ce phénomène, même si c’est beaucoup moins appuyé. Certains épisodes m’ont fait lever les yeux au ciel à cause de ce genre de situations, mais ça reste localisé, et surtout c’est beaucoup moins présent dans la saison 2 donc la série fait des efforts.
Shaun a toujours raison. On associe souvent l’autisme au fait d’être surdoué, or ce sont deux choses totalement différentes. Malgré cela, The Good Doctor continue dans cette lancée. Shaun sort souvent des diagnostics de nulle part ou des idées improbables qui se révèlent correctes, alors que les autres docteurs n’y pensaient pas du tout. Alors certes, Shaun est autiste mais a aussi le Syndrome du Savant (cherche sur Google) donc ça justifie son intelligence, mais ça reste une superhéroïsation un peu excessive du personnage principal.
C’est pas faux.… OU PRESQUE
Cependant tu t’en doutes Billy, si je te parle de The Good Doctor aujourd’hui c’est parce que la série médicale n’est pas tout à fait comme les autres. Voici donc un florilège de ses plus gros points forts !
Son identité artistique. C’est peut-être un détail, mais après tout l’art du cinéma et de la télévision, c’est bien l’art de l’image et du son. Et sur ce plan, la série se démarque par un générique simple mais génial, par des choix musicaux très sympathiques pour chaque fin d’épisode, et par des plans en surimpressions qui nous permettent de visualiser l’esprit de Shaun via des organes en 3D, des plans des veines du corps humain, etc… C’est un effet super intelligent et vraiment intéressant, mais il a malheureusement été abandonné dans la saison 2 – faute de moyens, peut-être ?
C’est plus que correct. Médicalement parlant, The Good Doctor est une des séries médicales les plus correctes qui soient. Là où nos amis de chez Grey’s Anatomy se permettent de faire un peu n’importe quoi au profit du drama, la série de David Shore respecte globalement la réalité médicale des pathologies évoquées. Certes, on a chaque semaine un cas extraordinaire, mais il est soigné de façon généralement conforme, et ça, c’est bien pour les étudiants en médecine. Après, note bien mon usage des mots « globalement » et « généralement », car – comme pour toute représentation de la médecine qui n’est pas un documentaire j’ai envie de dire – si on rentre vraiment dans les détails ça peut devenir bancal. Malgré tout, ça reste largement au dessus de beaucoup d’autres séries.
La représentation de l’autisme. Bah oui, même si la série joue avec le cliché de l’autiste surdoué, au moins elle a le mérite de montrer un personnage autiste. Et qui plus est, un personnage autiste attachant ! La performance de Highmore est formidable et, même si on garde des clichés, surtout dans les premiers épisodes et la première saison, la représentation de l’autisme est globalement correcte et s’améliore avec le temps. D’ailleurs, ce n’est pas la seule chose qui s’améliore…
L’évolution des personnages. La première fois qu’on rencontre tous les personnages, ils se définissent par une caractéristique. Shaun est autiste, Claire est gentille, Morgan est désagréable, Melendez est arrogant. La série aurait pu tous les enfermer dans ce carcan, mais ç’aurait été trop simple. Plus les épisodes avancent, plus on en apprend sur chacun des personnages, et plus ils se complexifient. Je pense que c’est un des points les plus importants de The Good Doctor : il y a une réelle et profonde évolution des personnages, on se sent impliqués dans leurs histoires et on s’attache à eux avec toutes leurs qualités et tous leurs défauts. Je pense d’ailleurs que la meilleure de ces évolutions est celle de Shaun et de son lien avec le docteur Glassman, mais je n’en dirais pas plus pour ne rien spoiler !
Shaun n’a pas toujours raison. J’ai dit dans la partie précédente que Shaun avait toujours raison, parce qu’il sortait des solutions de son chapeau magique et sauvait tout le monde. Sauf que ça n’est pas tout à fait exact. La superhéroïsation de notre personnage principal est souvent contrebalancée par le fait qu’il lui arrive d’avoir tort, et c’est valable d’ailleurs pour tous les personnages de la série. Comme dans la vraie vie, des fois ils se trompent, des fois ils ne savent pas. Et que The Good Doctor montre ça aussi, c’est hyper important, car comme on dit « On apprend de nos erreurs », et ces échecs sont vecteurs de l’évolution des personnages. Ce qui m’amène justement à mon dernier point…
Ça ne finit pas toujours bien. Et là, c’est génial. Tu l’as très certainement compris depuis longtemps Billy, notamment quand j’ai parlé de Black Mirror, mais je ne supporte pas les happy endings gratuits, et je suis généralement partisan de la fin qui finit mal. Et Dieu sait que The Good Doctor, dans de nombreux épisodes, ça finit mal. Qu’est ce que ça apporte à la série ? Premièrement, un véritable suspense avec l’incertitude de savoir si les patients vont s’en sortir ou pas. Deuxièmement, du drame. Et pas du drama, comme je l’ai critiqué plus tôt, mais réellement du drame tragique. Certains épisodes m’ont dévasté par leur tragédie humaine qui était toujours dans la justesse émotionnelle. Alors certes, la série sombre parfois dans le drama, mais quand elle fait du véritable drame, c’est incroyable.
Snif.LE MOT DE LA FIN
The Good Doctor se laisse regarder. Même si les situations sont parfois rocambolesques, les personnages, eux, sont géniaux, et la série a un potentiel dramatique formidable dont peu de ses collègues médicales font preuve.
Note : 7,5 / 10
C’est parti !« LEA – Es-tu un bon docteur ? Car quand je pense à toi, je pense que tu l’es. »
— Arthur