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Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu

Par Antigone

Leurs enfants après eux, Nicolas Mathieu

Avant d’obtenir le prestigieux prix Goncourt, ce titre de rentrée littéraire avait déjà été repéré par une des marraines de notre sélection Rakuten pour les matchs de la rentée littéraire [clic ici]… raison pour laquelle il était dans ma PAL depuis septembre. Nous sommes à Heillange, au tout début des années 90, deux adolescents qui s’ennuient décident de voler un canoë pour traverser le lac et se rendre sur une plage réputée fréquentée par les naturistes. Cette journée, et les rencontres qui s’y déroulent, d’abord sur cette plage, puis à une fête où Anthony est embarqué par son cousin, le vol de la moto du jeune garçon, vont déterminer les événements de la décennie qui suit. Bien entendu, personne ne peut en avoir conscience en cette journée d’août 1992. Nicolas Mathieu profite de ce point de départ pour dresser le portrait d’une certaine France, d’avant la coupe du Monde de 1998, l’histoire d’une ville moyenne où les familles aisées côtoient mais ne fréquentent  pas, ceux des zones pavillonnaires ou des tours HLM. Là-bas, les pères sont usés par le travail et l’alcool, les mères ont parfois eu leurs enfants très tôt. Certains parents sont restés au bled et ne se voient que pendant les vacances scolaires. Les familles sont ce qu’elles sont, parfois aussi mono-parentales, et les enfants traînent dans les rues tard le soir. Mais, à l’adolescence, tout semble possible, on fréquente les mêmes écoles, les mêmes fêtes, les mêmes endroits, on boit le même alcool, on fume la même herbe. Au seuil de la vie active, cependant, il est difficile de faire la différence, le milieu rattrape parfois celui qui voulait s’en détacher… et la vie peut faire en sorte de vous cloîtrer à Heillange, sans que vous vous en aperceviez. J’ai eu une une lecture assez mitigée de ce livre, dans les premières pages, une impression de déjà lu, d’un peu d’ennui aussi. Mais heureusement, j’ai persévéré, et à partir de la moitié du roman quelque chose m’a attachée, j’ai eu envie de savoir si chaque personnage allait briser le plafond de verre qui brillait au dessus de sa tête. Leurs enfants après eux est un roman qui demande, il me semble, de se laisser prendre par son atmosphère, très désenchantée. Il ne m’a pas semblé très original, par son propos, j’ai déjà lu d’autres romans aussi bien faits sur cette période, mais il reste un des excellents romans de cette rentrée littéraire et il a le mérite de mettre le doigt sur ce déterminisme de classe, de nouveau si présent aujourd’hui, alors que l’on aurait pu le croire, un temps, disparu.

Editions Actes Sud – Août 2018

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
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Une autre lecture chez… Moka

« Il en est dont il n’y a plus de souvenirs,
Ils ont péri comme si ils n’avaient jamais existé ;
Ils sont devenus comme s’ils n’étaient jamais nés,
Et, de même, leurs enfants après eux.

Siracide, 44, 9. »

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