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J’ai vu au cinoche… (novembre 2018)

Par Tinalakiller

Au programme de ce mois où on a commencé à se peler très sérieusement les miches : un biopic honorable sur un un des plus grands groupes de rock, un film de SF décevant et un remake raté.

Bohemian Rhapsody de Bryan Singer

Le carton de Bohemian Rhapsody semble miraculeux après avoir souffert d'une mauvaise réputation dès le tournage du film entamé. Entre le départ de Sacha Baron Cohen, celui de Bryan Singer (même si son nom apparaît officiellement) ou encore un probable mauvais traitement de la vie de Mercury, on attendait sérieusement le pire. Personnellement, je n'ai jamais voulu l'interprète de Borat dans le rôle, j'étais donc bien ravie de voir un autre acteur à sa place. Rami Malek (déjà excellent dans Mr. Robot) a beau ne pas ressembler trait pour trait à Freddie Mercury (mais en même temps, la ressemblance n'est pas pour moi le critère le plus important), il a su rentrer parfaitement dans la peau du personnage. Même s'il est encore tôt pour faire de quelconques pronostics, Malek semble pour moi le grand favori aux Oscars et cela serait bien mérité. Sinon, contrairement à ce qui a été dit pendant le tournage, le film aborde bien les excès de Mercury de la drogue, sa maladie ou encore sa sexualité. Certes, le film reste doux dans l'approche de ces éléments biographiques mais personnellement, ne m'attendant pas à autre chose qu'un film de studio grand public, ce choix ne m'a pas spécialement dérangé. Et quelque part, je suis même soulagée de constater l'absence de voyeurisme qui aurait pu être possible. Si la vie de Mercury est évidemment privilégiée, chaque membre de Queen trouve joliment sa place dans cet honnête biopic rythmé, généreux et émouvant. Le groupe Queen joue alors la métaphore de la famille et de l'union : le choix n'est pas forcément subtil mais il a le mérite de fonctionner. La reconstitution impressionnante du concert au Live Aid clôt merveilleusement bien ce biopic qui n'a rien du fiasco annoncé.

High Life de Claire Denis

Cela me désole de ne dire du bien de High Life qui n'est pourtant pas mauvais (ce n'est en tout cas pas l'adjectif qui me vient à l'esprit) mais qui m'a laissée indifférente alors qu'il aborde des sujets qui auraient pu me susciter de l'émotion. Dans une humanité probablement destinée à se détruire (même si le contour reste flou), le film de Claire Denis présente une vision pessimiste de l'existence humaine face au tabou (mot clé que répète Monte au bébé dans l'une des premières scènes). Les personnages sont souvent confrontés aux différents fluides qui le composent et le décomposent. Les interrogations humanistes philosophiques s'incorporent à celles autour de ce qui constitue l'enveloppe humaine : même si le lien entre les deux est plutôt bien exécuté, l'ensemble n'est pourtant pas parvenue à me séduire. La réflexion est intéressante mais j'ai du mal à y voir une interprétation plus profonde, certaine faute à une expérience cinématographique qui ne m'a pas embarquée autant que je l'aurais souhaitée. Surtout le montage, qui joue sur plusieurs temporalités sur un mode souvent foutraque, n'aide pas vraiment à s'impliquer davantage dans ce récit, surtout dans sa seconde partie. La distribution ne m'a également pas autant éblouie que je l'espérais.Robert Pattinson est un bon acteur, je crois profondément en son talent, mais son personnage n'est pas particulièrement intéressant. Par conséquent, son interprétation en pâtit même si elle reste tout à fait correcte. Juliette Binoche est évidemment une actrice douée dont on ne présente plus le talent mais je l'ai trouvée ridicule avec son attitude de sorcière, trop surlignée, comme si Claire Denis ne faisait pas entièrement confiance en son spectateur. Pour moi, seule Mia Goth (également très bien dans le Suspiria, je vous en parle tout de suite) se détache réellement du lot.

Suspiria de Luca Guadagnino

Quelques mois après le succès de Call me by your name (plutôt aimé ce film même si je lui trouve quelques vrais défauts - ce Suspiria me les a étonnamment rappelés), le réalisateur italien Luca Guadagnino est déjà de retour avec le remake d'un des plus grands films de Dario Argento, Suspiria (1977). Je ne suis jamais contre un remake s'il peut apporte un nouveau regard sur l'oeuvre reprise. Et cela semblait correspondre au projet de Guadagnino : en effet, dans son remake (qui s'éloigne du kitsch et du conte présents dans la version d'Argento), l'esthétique joue avec les couleurs froides, le rôle du corps via la danse semble être valorisé, le scénario gravite autour de plusieurs points historiques (on passe de la bande à Baader au nazisme). Cela dit, la relecture d'une oeuvre ne signifie pas pour autant faire du grand n'importe quoi non plus. Je ne parle pas forcément ici de la relation entre le film d'origine et son remake, j'évoque surtout du remake en tant qu'objet filmique individuel. En fait, ce Suspiria représente pour moi typiquement tout ce que je ne supporte pas au cinéma, même si je n'ai pas ressenti de colère, le film étant trop bête pour que je puisse m'énerver. Le film se croit plus intelligent que ça ne l'est, arty et profond alors que le film tombe juste dans une bouillasse indigeste et grand-guignolesque. 2h30 pour tirer un propos aussi vain, il fallait le faire. Qu'est-ce qui m'a le plus achevée ? Le grand final rouge-moche (ça serait désormais une nouvelle couleur) ? Le fait qu'on ne croit pas une seule seconde que Dakota Johnson, qui joue comme dans Cinquante Nuances de Grey (donc très mal) puisse être danseuse ? La réplique la plus bête de l'année (à savoir : " Ce n'est pas de la vanité, c'est de l'art ") ? Tilda Swinton qui enfile inutilement un énième rôle qui implique une couche de prothèses en nous faisant croire que ce n'est pas elle qui l'interprète (mauvaise comm' les gars : le spoil avait fuité quelques mois auparavant) ? Enfin, même la bande-originale de Thom Yorke est décevante, souvent mal utilisée dans le film. Certes, en tant qu'album, le travail de Yorke est indéniablement réussi, mais je ne me suis jamais dit qu'il s'agissait d'une bande-originale pour un film.


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