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Discographie sélective : 2008, année pop

Publié le 03 décembre 2018 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Finissons cette discographie sélective avec une année de bouleversement personnel, celle de mon arrivée dans la capitale. Car oui, mes 25 ans ont vraiment été une année où j’ai cru grandir d’un coup d’un seul avec beaucoup de premières fois au compteur. J’ai eu l’impression que la bande son de cette époque était un mélange d’insouciance, de langueur et de printemps que je croyais éternel. Et cette bande-son continue qu’était The Reminder de Leslie Feist, que j’ai dû blacklister pour me prémunir d’une morsure trop intense.

2008 donc, période où j’ai commencé à écouter Oüi FM tous les matins à mon radio-réveil – chose que je fais encore dix ans après, même si la programmation a changé sur beaucoup de points –, où je dansais à la Pachanga, au Showcase et à un endroit qui ne s’appelait pas encore le Point Ephémère. J’étais donc une fleur épanouie, un pur produit pop qui arpentait le XVe arrondissement le cœur léger. Et force est de constater que ça s’est ressenti dans les dix disques que j’ai choisis.

1 – Adele – 19 (janvier)

Adele, tout juste sortie de la BRIT School for Performing Arts & Technology, où elle était la camarade de classe de Leona Lewis et Jessie J., sort son projet de fin d’études sur Myspace en mai 2006. C’est ainsi qu’elle se fait repérer par le label XL Recordings qui lui signe un contrat. Après sa rencontre avec le producteur Jim Abbess, elle se mit à l’écriture de ses chansons, la plupart du temps seule. Ce premier album, donc, regroupant sa thématique de prédilection qu’est la rupture amoureuse, mais aussi contenant la reprise de Make You Feel My Love de Bob Dylan. Cet album a signé pour la presse le renouveau de la blue-eyed soul. Son single le plus notable, Chasing Pavement, a été écrit en souvenir de la soirée où elle est allée défoncer son ex dans un bar quand elle a su qu’il l’avait trompée.

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2 – Vampire Weekend – Vampire Weekend (janvier)

Je n’ai découvert le premier album de ces quatre étudiants en musicologie new-yorkais que lors de leur passage à Rock en Seine en 2009, mais bon Dieu, qu’est-ce que j’ai pu l’écouter par la suite. Produit en majorité par le clavieriste du groupe Rostam Batmanglij, cet album éponyme regroupe un registre étendu de la pop, plongeant dans le punk, les sonorités africaines – au point que Paul Simon y reconnaisse des emprunts à Graceland (1986) – ou baroques. Avec de nombreux singles ayant connu une grande notoriété par la suite, tels que A-Punk, Oxford Comma ou Cape Cod Kwassa Kwassa, on peut dire que cet album fait un carton plein.

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3 – Daniel Darc – Amours suprêmes (janvier)

Après son gros passage à vide d’une quinzaine d’années et son retour tonitruant en 2004 avec l’album Crèvecœur, Daniel Darc continue sur sa lancée avec Amours suprêmes – en référence à A Love Supreme de John Coltrane – auquel a participé Alain Bashung et Morgane Imbeaud, chanteuse de Cocoon. Très marqué par la rédemption, suite à sa conversion au christianisme luthérien, cet album reste dans des tonalités très rock organique, à l’encontre du son qu’on lui connaissait du temps de Taxi Girl.

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4 – Alain Bashung – Bleu Pétrole (mars)

Sculpté sous la houlette de Gaëtan Roussel et Gérard Manset, cet album-testament revient aux racines rock d’Alain Bashung, après le très expérimental L’imprudence (2002). Déjà usé par le mal qui l’emportera un an après la sortie de l’album, il conserve pourtant ce phrasé profond qu’il développe depuis le début des années 1990, on le croirait presque sublimé. Outre des chansons à forte tonalité nostalgique, on peut noter les reprises d’Il voyage en solitaire de Gérard Manset et de Suzanne de Leonard Cohen adaptée par Graeme Allwright.

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5 – The Last Shadow Puppets – The Age Of Understatement (avril)

Né en 2005 de l’amitié entre Alex Turner, frontman d’Arctic Monkeys, et Miles Kane, membre de The Little Flames, The Last Shadow Puppets est un projet qui signe la continuité de la collaboration de Kane avec Arctic Monkeys. The Age Of Understatement, premier album du projet, a été enregistré en août 2007, majoritairement en France. Ayant pour inspiration déclarée L’histoire de Mélody Nelson de Gainsbourg et la bande originale du film Le bon, la brute et le truand par Ennio Morricone, l’album entre dès la première semaine en première place des charts britanniques avec plus de 50.000 exemplaires vendus. Malgré le succès de l’album, tant  Alex Turner que Miles Kane ont annoncé des dates de sorties du deuxième album qui ont été remplacées par des projets avec leurs formations respectives. Everything You’ve Come To Expect mettra finalement huit ans à aboutir.

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6 – Coldplay – Viva La Vida Or Death And All His Friends (juin)

Annoncé dès fin 2006 pour l’année suivante, ce quatrième album du groupe anglais vient après une déclaration de Chris Martin en date de janvier 2006 où il exprimait l’envie de faire une pause avec le groupe pour faire des collaborations avec d’autres artistes. Il faut dire que l’album précédent, X&Y (2005), souffre d’une comparaison peu avantageuse avec U2. Le but est donc de faire une évolution musicale et c’est ce qui se passera avec le producteur Brian Eno. Violet Hill, puis Viva la Vida – qui a été reconnu comme étant un plagiat d’un morceau de Joe Satriani – feront beaucoup pour le succès de cet album qui marque un tournant vers une musique moins mélancolique et plus grandiloquente.

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Julien Doré – Ersatz (juin)

Après sa victoire à l’édition 2007 de la Nouvelle Star, l’ancien étudiant en art nîmois était attendu au tournant (car si Christophe Willem avait marqué les esprits, ce n’était pas le cas de Jonatan Cerrada, Steeve Estatof ou Myriam Abel). Avec un esprit dada très développé qu’on a pu voir avec sa reprise de Lolita d’Alizée, il sort un premier album mélangeant compositions très personnelles (Les bords de mer, Pudding morphina, Bouche pute) et collaborations avec des auteurs reconnus dans le « milieu » tels que Babx ou David Scrima. Au final, ce premier opus aux accents gainsbouriens des années 1960 a séduit un large public avec 260.000 exemplaires vendus.

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8 – Oasis – Dig Out Your Soul (octobre)

Septième et dernier album du groupe – puisque, de triste mémoire, j’ai assisté en direct à la dissolution à ReS 2009 –, il préfigure selon mon grand spécialiste du groupe de Mari ce que deviendrait la carrière de Noel Gallagher (j’ai quand même été obligée de lui dire que je reste toujours triggered à chaque fois que j’entends Oasis et que j’ai mis 3 ans et demi à écouter le dernier live du groupe). Noel Gallagher expliquait début 2007 qu’il voulait renouer avec une formule orchestrale de certaines de ses compositions, chose qu’il n’avait pas faite depuis Be Here Now (1997). Enregistré à Abbey Road en même temps que U2 enregistrait How To Dismantle An Atomic Bomb – ce qui a posé des problèmes de réservations – entre août et décembre 2007, l’album a bénéficié d’un marketing agressif au Royaume-Uni et à New-York. A sa sortie, la réception fut différente selon les pays : si la plupart des critiques britanniques a trouvé que c’était un album d’Oasis average – ni bon ni mauvais –, il a été notamment reproché en France une trop grande influence de la musique des Beatles – des fins connaisseurs d’Oasis, donc. Il faut dire que, pour cet album, a été embauché le batteur Zak Starkey, fils de Ringo Starr et remplaçant de Keith Moon au sein de The Who.

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9 – Pink – Funhouse (octobre)

Ce cinquième album de la chanteuse américaine a été écrit et réalisé dans un contexte de séparation temporaire d’avec son mari Carey Hart – l’album a d’ailleurs failli s’appeler Heartbreak Is A Motherfucker. C’est ainsi que Pink règle ses comptes sur cette relation en préambule de cet album avec le tonitruant So What, mais aussi tout au long de l’album avec des titres tels que Please Don’t Leave Me, Mean ou It’s All Your Fault. Cet album parle également du questionnement émotionnel et identitaire qui en résulte. En témoignent le poignant Sober qui n’a rien à voir avec une quelconque addiction à l’alcool et Ave Mary A où la chanteuse se demande où va le monde. Avec sept singles classés et six millions d’albums vendus à travers le monde, mais aussi avec le rabibochage avec son mari qui a amené la conception de leurs deux enfants, Pink a tout gagné en enregistrant cet album.

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10 – Beyoncé – I Am… Sasha Fierce (novembre)

Le troisième album solo de la diva du R’n’B se présente comme un double album, même s’il n’offre que douze chansons. Nous avons d’un côté I Am, présentant la Beyoncé timide et naturelle, faite de chansons soul et r’n’b (If I Were A Boy, Halo). De l’autre côté, Sasha Fierce est le double fantasmé et powerful de la chanteuse, avec des chansons allant de l’electropop à l’eurodance (Single Ladies, Video Phone). La carrière de l’album s’est profilé de novembre 2008 jusqu’à la fin de l’année 2010 dans le monde entier, totalisant sept millions et demi d’albums en physiques et quinze millions de copies digitales vendus, mais également une tournée sur quasiment deux ans et une flopée de Grammy Awards en 2010.

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A bientôt pour de nouvelles aventures musicales.


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