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[Dossier] LES VEUVES

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Dossier] LES VEUVES

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Titre original : Widows

Note:

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Origines : Grande-Bretagne/États-Unis
Réalisateur : Steve McQueen
Distribution : Viola Davis, Michelle Rodriguez, Elizabeth Debicki, Cynthia Erivo, Daniel Kaluuya, Colin Farrell, Robert Duvall, Carrie Coon, Liam Neeson, Garret Dillahunt, Brian Tyree Henry…
Genre : Thriller/Drame/Adaptation
Date de sortie : 28 novembre 2018

Le Pitch :
Quatre femmes qui ne se connaissent pas et dont les maris viennent de perdre la vie dans un braquage qui a mal tourné, décident de prendre les choses en main pour rembourser de lourdes dettes…

La Critique de Les Veuves :

Steve McQueen a surpris son monde en choisissant, après des films comme 12 Years A Slave, Hunger et Shame, d’adapter une vieille série anglaise que tout le monde ou presque a oublié. Le tout en s’associant à Gillian Flynn, la romancière connue pour avoir écrit Gone Girl. Drôle de combinaison donc pour un film qui s’est d’emblée annoncé tel un thriller certes mais aussi bien plus que cela. Car il était effectivement impossible que McQueen et Gillian Flynn se « contentent » d’emballer un film policier sans creuser davantage du côté de thématiques fortes pour au final disserter sur des sujets cruciaux et faire du métrage autre chose qu’une version sombre d’Ocean’s 8.

Les-Veuves

It’s A Man’s Man’s Man’s World

Steve McQueen s’est donc lancé un défi de taille en lorgnant vers un cinéma qu’il n’avait pour l’instant pas abordé. Son nouveau film étant quoi qu’il en soit un pur thriller qui verse à plusieurs moments du côté des codes propres à la série B. La bonne nouvelle étant que le cinéaste s’en sort avec les honneurs. C’est par ailleurs visible très clairement dès la scène d’ouverture, nerveuse et tendue à souhait. McQueen qui confirme 2 heures durant cette volonté de ne pas contourner les gimmicks propres au genre pour au contraire se les approprier pour au final livrer une œuvre qui lui est propre et qui s’inscrit malgré ses différences, dans le sillage de ses précédents films.
Parce que bien sûr, Les Veuves sait aussi s’écarter du thriller pour livrer une réflexion sociétale très approfondie qui, comme dit plus haut, l’éloigne quoi qu’il en soit des divertissements purs comme le récent Ocean’s 8, avec lequel son pitch partage quelques points communs.
Les Veuves qui s’impose alors comme une remarquable réflexion féministe, et ce même si McQueen se défend en interview d’avoir voulu privilégier cet aspect-là sans bien sûr nier que son long-métrage peut en effet évoquer des questions relatives à la place des femmes dans la société, à l’heure du mouvement né de l’affaire Weinstein. Une chose est en tout cas certaine : McQueen et la romancière/scénariste Gillian Flynn ont parfaitement collaboré pour nous offrir un grand film politique et sociétal en forme de divertissement assumé.

Le casse du siècle

Pour autant, on remarque ici où là, derrière la virtuosité jamais remise en cause d’une mise en scène aboutie en perpétuel mouvement, l’inconfort manifeste de McQueen, quand il s’agit notamment de jongler avec les ruptures de ton propres à l’aspect série B des Veuves. L’humour étant parfois maladroit, tout comme les retournements de situation (un en particulier) dont on sent peut-être que le réalisateur et la scénariste n’ont pas su totalement gérer pour lui donner à l’écran l’efficacité et la cohérence souhaitées. Rien de grave tant Les Veuves se rattrape sur de nombreux autres points mais quand même… À trop vouloir jouer sur plusieurs tableaux, dans un mélange des genres audacieux, le métrage se prend de temps à autre les pieds dans le tapis, coincé dans un étau entre ses nombreuses velléités. Mais encore une fois, rien de grave…

Les inconnues de Chicago

Surtout que les petits défauts qui émaillent la progression du film sont habillement camouflés par une direction d’acteur parfaite et donc par les performances sans faille de tous les membres d’un impressionnant casting. En première ligne bien sûr, Viola Davis confirme tout le bien qu’il faut penser d’elle, aux côtés d’une Michele Rodriguez qu’on avait pas vu aussi intense depuis des plombes et d’une Elizabeth Debicki admirable du début à la fin. En face, Colin Farrell fait parfaitement le job, tout comme Liam Neeson qui parvient à jouer sur plusieurs niveaux d’émotion sans se départir de son légendaire charisme, ou encore l’impérial Robert Duvall. Totalement maître des moyens mis à sa disposition, parfois flamboyant comme ce n’est pas permis, Steve McQueen démontre d’une volonté de mouvement admirable en prenant des risques, emmenant son cinéma dans de nouvelles contrées, avec à ses côtés des comédiens investis car sans aucun doute conscients de la chance qu’ils ont de pouvoir jouer de telles partitions.

En Bref…
Parfois un peu maladroit, Les Veuves est néanmoins un film sincère, généreux et abouti. Jouant sur plusieurs tableaux, entre le pur thriller et la réflexion sociétale, il se montre bien des fois efficace et astucieux et bénéficie de la puissance des performances d’acteurs parfaits. Autrement dit, on n’est pas passé loin du sans faute.

@ Gilles Rolland


Les-Veuves-Viola-Davis
  Crédits : 20th Century Fox


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