Partager la publication "[Critique] OUTLAW KING : LE ROI HORS-LA-LOI"
Titre original : Outlaw King
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Mackenzie
Distribution : Chris Pine, Florence Pugh, Aaron Taylor-Johnson, James Cosmo, Tony Curran, Stephen Dillane, Callan Mulvey…
Genre : Historique/Aventure
Date de sortie : 9 novembre 2018 (Netflix)
Le Pitch :
Vaincu, le noble écossais Robert Bruce doit se rallier à la couronne britannique et prêter allégeance au roi. Néanmoins, un événement le pousse à prendre les armes et à revendiquer le pouvoir sur ses terres. Il devient alors roi d’Écosse et se jette avec une poignée d’hommes à corps perdu dans la bataille. Histoire vraie…
La Critique de Outlaw King : Le Roi hors-la-loi :
Par bien des aspects, Outlaw King, le nouveau film de David Mackenzie (Comancheria, Les Poings contre les murs) s’impose comme la suite non-officielle du Braveheart de Mel Gibson. En racontant l’histoire de Robert Bruce, est en prenant en cela quelques libertés, comme c’est généralement le cas quand on parle de ce genre de production dite historique, Mackenzie a semble-t-il volontairement raccroché les wagons avec le combat de William Wallace, qui s’achève donc où commence celui de Robert Bruce. Au centre de toutes les préoccupations, cette même Écosse, convoitée et ardemment défendue…
« Liberté ! »
Avec Outlaw King, David Mackenzie change à nouveau de registre et s’attaque, après le western moderne ou encore le drame carcéral, à la fresque historique. Le tout chapeauté par Netflix qui a donné les pleins pouvoirs au réalisateur pour lui permettre de donner tout le souffle et la puissance nécessaires à son récit. Car à l’écran, même si ce n’est pas celui grand format d’un cinéma mais celui d’une télévision, Outlaw King impressionne plutôt deux fois qu’une. La mise en scène de Mackenzie se faisant plus qu’à son tour ample et lisible, y compris à la fin, durant la spectaculaire et très violente bataille qui voit Robert Bruce affronter l’armée du roi d’Angleterre. On pense alors irrémédiablement à Braveheart et force est de constater que sur un plan purement visuel, Outlaw King tient la comparaison sans démériter tout du long. Sauvage, nerveux et bénéficiant des extraordinaires paysages écossais, parfaitement mis en valeur par la photographie de Barry Ackroyd (déjà à l’œuvre sur Detroit et Capitaine Phillips), le film fait bonne figure et rend justice au souffle romanesque qui se dégage de son intrigue.
Du sang et des armes
Dans le premier rôle, Chris Pine ne déçoit pas. Intense, ses yeux bleus habités d’une passion et d’une détermination qui ne faillit jamais, son Robert Bruce est tout à fait à la hauteur. Même sentence pour Aaron-Taylor Johnson, même si son personnage est tout de même moins intéressant car moins travaillé. À vrai dire, tous les acteurs font le job dans Outlaw King. Y compris Florence Pugh, qui a la lourde tâche d’incarner le seul personnage féminin d’envergure et qui s’en sort très bien, traduisant sans cesse elle aussi une belle détermination et une force visible même si parfois contenue. Des comédiens par ailleurs dirigés de main de maître par David Mackenzie, qu’on savait déjà de toute façon très à l’aise dans la direction d’acteurs (il retrouve Chris Pine après l’excellent Comancheria).
Pour autant, on pourra regretter une rythmique un peu en dents de scie, qui parfois, encourage de petits ventres mous, avant la grande baston finale. Sans oublier, comme évoqué plus haut, ces libertés permettant au récit de se montrer plus fluide et moins opaque. Les historiens en herbe ne pourront que les regretter tandis que les autres se réjouiront du parti-pris de se concentrer sur les aspects les plus immédiats de l’histoire. Mais après tout, Outlaw King n’a pas pour vocation de remplacer un livre d’histoire. Ce qu’il nous offre, c’est du grand spectacle remarquablement incarné. Ce qui est largement suffisant pour passer un bon moment et pour garder en tête, longtemps après la projection, certaines des images les plus évocatrices.
En Bref…
Outlaw King n’a peut-être pas la puissance émotionnelle d’un Braveheart, mais il en possède néanmoins la hargne et la bonne volonté. Modeste dans l’approche de son histoire, il sait se faire sauvage et sans concession et propose un spectacle enlevé, mis en scène avec la virtuosité et la générosité nécessaires, superbement photographié et interprété.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Netflix