Dansons, dansons, piétinons, battons le tambour, dansons sous la pluie, dansons la guerre est finie, enterrons nos morts, enterrons les livres, enterrons le feu, enterrons le temps, le sable noir, les cendres, recommençons.
Tous les chaperons rouges dévorés, les enfants pleurent abandonnés, la guerre a tout détruit, comment habiter le monde, habiter sans habitude possible, recommençons.
Les fourmis courent cherchant leur chemin, le monde est rond à portée de main, on a carotté la passé, on n’est pas sûr de demain, recommençons.
Les grains de sable volés au volcan tombent sans discontinuer formant un tas compté, compter c’est le début de la fin même si on croit pouvoir compter à l’infini, compter c’est une façon de dire que ce monde est à celui qui compte, mais un grain de sable jamais n’abolira le désert, désirons seulement tout reprendre à zéro, retournons le sablier, recommençons.
Retour à la salle des pendus, à la croisée des mondes, revêtir à nouveau les habits du jour, en faire le tour, pas question de sauver le monde, sautons par-delà ses murs, sortons enfin, recommençons.
Tout ce monde lointain dont on a rêvé, inventons-le au fil de l’eau, déplions les pages, qu’elles s’envolent papillons du silence et réveillent les mots, les abeilles, recommençons.
Imprudemment, poétiquement, librement.
(texte écrit au cours d'un atelier d'écriture au Cac La Traverse)
(photos : en haut, Micro-mousse d'Émilie Benoist ; en bas, Homme-abeilles de Laurie Dall'Ava et Victor Mazière)