puisse mon cœur être toujours ouvert aux petits
oiseaux qui sont les secrets du vivant
quoi qu’ils chantent vaut mieux que savoir
et si les hommes ne devaient les entendre les hommes sont vieux
puisse mon esprit flâner affamé
et sans crainte et assoiffé et souple
et même si c’est dimanche puissé-je avoir tort
car lorsqu’ils ont raison les hommes ne sont pas jeunes
et puisse moi-même ne rien faire utilement
et t’aimer toi-même ainsi plus que vraiment
il n’y jamais eu de tout à fait tel idiot qui puisse faillir
à tirer tout le ciel sur lui d’un unique sourire.
*
may my heart always be open to little
birds who are the secrets of living
whatever they sing is better than to know
and if men should not hear them men are old
may my mind stroll about hungry
and fearless and thirsty and supple
and even if it’s sunday may i be wrong
for whenever men are right they are not young
and may myself do nothing usefully
and love yourself so more than truly
there’s never been quite such a fool who could fail
pulling all the sky over him with one smile
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E.E. Cummings (1894-1962) – New Poems (from Collected Poems) (1938) – Complete Poems, 1904–1962 (Liveright, 1991) – Poèmes choisis (José Corti, 2004) – Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Robert Davreu.