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Critique L’Empereur de Paris : Vidocq reprend des couleurs

Publié le 10 décembre 2018 par Linfotoutcourt

On pourra dire ce qu'on veut sur L'Empereur de Paris - ce qu'on va d'ailleurs faire dans les lignes qui suivent -, mais sa plus grande force reste de passer après le Vidocq de Pitof. De rien, c'est gratuit.

Évidemment, on évitera de trop comparer L'Empereur de Paris à la bouillie numérique (néanmoins courageuse à sa façon) de 2000, les deux films n'ayant de rapport que de s'intéresser à François Vidocq, fin limier nettoyant les bas-fonds de la capitale sous l'ère Napoléonienne. Cependant, il nous fallait bien en glisser un mot tant ce nouveau métrage bénéficie d'une certaine manière de l'échec de son prédécesseur via le fameux effet du " c'est toujours mieux que ". Car oui, c'est toujours mieux que.

Ça signifie par la même que L'Empereur de Paris n'est pas la réussite escomptée. Il ne manque pas de qualités (et nous allons y revenir), mais ses failles se dessinent très vite, notamment en ce qui concerne l'écriture de ses personnages. Le film semble accuser d'un nombre conséquent de scènes coupées, sacrifiant par la même le développement des relations qui tend à mettre ne place. Rapports artificiels, intrigues personnelles inachevées, fins précipitées, on ressent à plusieurs endroits un manque de cohérence entre ce que l'histoire veut nous raconter et ce qu'elle nous montre. Il y a les ellipses que l'on voit, et celles qu'on a l'impression de découvrir après coup.

L'Empereur de Paris est un bon roi

Si le terme Empereur paraît dès lors bien présomptueux, on ne peut nier que Jean-François Richet nous livre un long-métrage d'époque extrêmement bien fichu, rien que dans sa représentation du Paris d'après Révolution. Que ce soit dans sa reconstitution du Paris du XIXe siècle, dans les costumes ou dans l'atmosphère, le résultat nous convainc sans mal.

Sans compter que pour camper son Vidocq, Richet fait appel à son ancien Mesrine Vincent Cassel et qu'on ne peut nier qu'il apporte sans mal tout son charisme au personnage. Air renfrogné, visage cabossé, l'investissement de l'acteur saute aux yeux et on ressent toute la rage, la détermination d'un homme désireux de laver son honneur. Un anti-héros du passé, mystérieux, ambigu, dur, magnétique ; une crapule au cœur tendre, un flic sans pitié.

Portrait d'un bouleversement

On n'enlèvera pas au métrage sa capacité à nous maintenir en haleine avec un récit qui se présente comme un polar solide à l'ambiance bien poisseuse et de l'action juste ce qu'il faut. En parlant d'ambiance, il faut reconnaître le très bon travail de l'équipe pour nous représenter un Paris en plein changement. La ville tente de se relever de la Révolution et la Terreur tandis que les guerres de l'Empire font rage. Chaque protagoniste cherche ainsi sa place dans un monde qui ne veut plus d'eux. On navigue entre pièces luxueuses héritées de la royauté et lieux malfamés où se réunissent les oubliés de l'Histoire. De quoi faire un terrain de jeu idéal pour un film ambitieux.

Le passé n'en oublie pas le présent et il suffira d'une scène à Fabrice Luchini pour exprimer toute la vacuité d'un changement qui n'est finalement qu'un perpétuel recommencement. La séparation entre le peuple et les puissants qui dirige le pays existera toujours, seul les têtes changent. Un message politique désabusé qui se fascine pour l'anti-système, incarné ici par Vidocq. C'est peut-être entre les lignes que L'Empereur de Paris a le plus de chose à dire.

L'Empereur de Paris sort le 19 décembre 2018

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