Have you ever tried... not being a mutant?
Madeline Drake à son fils Bobby, X-Men 2
n'est donc pas un projet reniant le passé, ou chargé de faire table rase, mais bien une entreprise visant à enrichir le contexte actuel tout en récupérant la plupart des situations et personnages déjà créés. L'idée (clairement exposée dans les épisodes où les mutants underground expliquent qu'ils doivent continuer le travail entrepris par les X-Men qui ont disparu) est de combler l'attente des spectateurs avant la mise en chantier d'un nouveau film de la franchise X. Ceux qui y sont familiarisés connaissent d'ores et déjà les enjeux : le monde est de plus en plus hostile aux mutants qui prolifèrent sans que des lois ne viennent clairement contrôler leurs agissements, comme le Registration Act déjà mentionné dans le premier film X-Men dans la bouche du sénateur Kelly. Des manifestations pro-mutantes ont engendré des heurts et des victimes, ce qui a exacerbé les tensions existantes. Les progressistes estiment que les mutants, tout aussi humains qu'eux, ont le droit de vivre en paix malgré la menace latente que représentent leurs pouvoirs, les autres adoptent les opinions proférées par des groupuscules genre Purity qui ne prônent rien d'autre que la mise à l'écart (voire l'extermination) des mutants, dans le but de préserver la pureté de la race. Entre les deux, des factions se font une place au soleil, plus ou moins appuyées par le gouvernement qui essaie de mettre à l'ombre tout individu dangereux, sans se douter que des expériences terrifiantes sont menées sur des petits groupes de mutants capturés, dans des buts inavouables (qui seront l'un des sujets de la saison 1).
Outre Polaris, Blink et Thunderbird, on verra passer Sage, Fenris et les Stepford Cuckoos au milieu de tant d'autres et pas forcément dans les mêmes camps. Et l'histoire ne se contente pas d'un banal chassé-croisé mais ajoute progressivement des protagonistes dont les objectifs s'accordent parfois avec ceux du gouvernement ou des rebelles mutants, tout en ayant des visées divergentes. Du coup, bien que convenablement rythmés, les épisodes sont régulièrement le fruit de questionnements éthiques, de débats moraux et de choix cruciaux à adopter : faut-il en sacrifier un lorsque la survie du plus grand nombre est en jeu ? Doit-on répondre à la violence par la violence ? Jusqu'où peut-on aller pour extorquer des informations vitales ? En outre, la série se permet d'aller un peu plus loin que les X-films en n'hésitant pas à adopter différents points de vue : si les mutants sont clairement les héros du programme, l'agent Turner à la tête du Programme Sentinelle est montré sous un jour plus ambivalent que le simple adversaire de circonstance. Ses raisons d'en vouloir au monde mutant sont légitimes, et les rebelles le confortent en outre plusieurs fois, bien que sans le vouloir, dans sa détermination. Bien que traité sur un mode téléfilm avec des effets spéciaux un peu légers et des décors déserts, la densité du script et l'importance des enjeux emporte l'adhésion. Certains personnages sont rien moins que fascinants et disposent tous de petites failles susceptibles de faire basculer leurs penchants, voire leurs alliances. Quoique placés au centre du nœud gordien formé par les intrigues, les enfants Strucker décevront sans doute les spectateurs aguerris : Lauren a des airs de petite poupée toute mignonne, Andy se la joue p'tit con victime de brimades. Heureusement, leurs parents, forts de leurs statut uniques (des humains luttant aux côtés de la frange mutante), bénéficient du jeu convaincant de comédiens expérimentés, même si Amy Acker a nettement moins d'impact en mère courage et dévouée qu'en disciple ironique de la Machine dans Person of Interest. Malgré un jeu quelque peu stéréotypé, Emma Dumont interpelle par son regard magnétique (en même temps, elle joue Polaris...) et Blair Redford campe un remarquable Proudstar tout en force tranquille ; quant à Skyler Samuels, elle fait parfaitement la peste qu'on adore détester. Ils pourront facilement figurer au rang des