Titre : Rhizome
Autrice : Nadia Coste
Plaisir de lecture : Livre à découvrir
Le botaniste Jaro est descendu au jardin extérieur du laboratoire pour effectuer un travail d’observation. Une des Plantes présentent une anomalie : alors qu’il s’approche, des spores se répandent et il en inhale par inadvertance. Il est immédiatement mis en quarantaine. Durant son repos forcé, il entend une voix qui le somme d’aider les Plantes.
Pour cette histoire, on suit Jaro, botaniste de métier et bien entouré dans la vie. Il a fraîchement emménagé avec Manuela et ils entretiennent de bonnes relations avec leurs familles. Il est plus difficile de s’intéresser à Semper car il est vu comme l’envahisseur et celui qui envoie valdinguer l’univers de Jaro. Pourtant, Il a tout autant besoin de soutien que ce dernier.
Le récit se situe en 2081. Un événement mondial appelé « La revanche du climat » a divisé la population par six. On se retrouve dans la sky-city de Mauges, construite ‘après l’érosion des côtes bretonnes et l’assèchement de la Loire’. On note quelques détails futuristes : dans les tenues vestimentaires, le comportement, et certaines mœurs. Selon finances, il faut éviter d’habiter en dessous du 55ème étage où le manque de sécurité se fait réellement sentir.
Durant ma lecture, j’ai eu un sourire en apprenant l’existence de l’Hyperloop pour les déplacements, notamment au niveau zéro (je fais partie des gens qui aimeraient bien monter à bord d’une future capsule).
Le niveau zéro se composait d’un immense hall soutenu par des centaines de piliers. Quelques échoppes éphémères s’alignaient par petits groupes autour des poteaux. Ces cahutes, simples assemblages de planches, cagettes, tôles et plaques de plastique, étaient tenues par des extérieurs dont la santé ne leur permettait plus de travailler dehors. Hommes et femmes portaient des pantalons bouffants resserrés aux chevilles, des tuniques amples aux poignets étroits, et de larges turbans qui ne laissaient voir que leurs yeux. Les habitants de la sky-city prenaient également leurs précautions contre la chaleur et les insectes lorsqu’ils sortaient des tours, mais ils n’avaient pas besoin de s’emmitoufler le visage comme les extérieurs dont les affections respiratoires n’étaient pas du meilleur effet lorsqu’il s’agissait de vendre des fruits frais. Certains étals proposaient de petits objets sculptés dans du bois, ou récupérés au-dehors. On y trouvait également des gourdes opaques contenant de l’eau de pluie. Rien n’assurait que cette eau n’avait bénéficié d’un filtrage végétal à l’intérieur des terres, et transportée telle quelle.
Dans les années 2040, des particules ont été ramenées pour sauvegarder la planète. Ces organismes végétaux n’ont jamais été classés mais ont remplacé les autres espèces dans les villes. Par vulgarisation, elles ont simplement été nommées les Plantes – avec une majuscule – et sont considérées comme bienfaitrices de l’humanité.
Jaro travaille dans le laboratoire du professeur Bergeret. Ce dernier consacre ses recherches à la mise en place de nano-pesticides pour éviter la prolifération et accélérer la culture hors sol.
Ce monde futuriste met l’accent sur les interconnexions en privilégiant la santé. C’est d’ailleurs la montre connectée de Jaro qui avertit les services de santé publique de sa contamination.
C’est avec beaucoup de finesse que Nadia Coste donne une belle leçon d’écologie où la relation entre humains et plantes doit reposer sur une véritable entente. Notons qu’en quelques phrases, l’autrice nous plonge dans l’ambiance moite du jardin extérieur du laboratoire situé au niveau zéro :
La première fois que le groupe d’étude [de Jaro] avait pris l’hyperloop jusqu’au niveau zéro, il régnait un silence de mort dans l’ascenseur, comme si une jungle hostile allait les dévorer à leur arrivée…
Jaro sourit, amusé à ce souvenir. Ce qu’il redoutait le plus, en dehors des insectes, c’était la chaleur, qui avoisinait les 40°C. Sans compter la moiteur des sous-bois…
Mais l’odeur de l’agroforêt ne l’avait jamais dérangé. Au contraire, Jaro trouvait quelque chose de fondamentalement rassurant dans ces effluves d’humus, d’écorces et de pollens en suspension dans l’air, dans la mousse gorgée de rosée alors que l’eau était si rare dans les tours… Tout cela était… naturel. Presque primal.
Sans pouvoir vous en révéler davantage, j’ai trouvé que la tournure majeure de l’intrigue était judicieuse. En plus de l’apostrophe écologique, Nadia Coste aborde les amours, la mort, les étapes et la douleur face au décès, de manière simple, sans emphase mais sans détour pudique non plus. Le roman repose sur une idée aussi éclairée qu’astucieuse pour renforcer la problématique environnementale.
Lecture conseillée à partir de 13 ans
Le groupe se reforma autour du professeur Bergeret, juste à côté de la porte Est. Jaro enfila son blouson et le ferme jusqu’à son menton. Aussitôt, sa poitrine se comprima, comme s’il étouffait, mais ce n’est qu’une impression liée au poids et à la chaleur de sa tenue.
Six drones de sécurité les encadrèrent tandis qu’un agent casqué vérifiait leurs accréditations, puis les portes s’ouvrirent. La moiteur extérieure sauta au visage des scientifiques dont le front se mit aussitôt à perler. Les femmes qui n’avaient pas encore attaché leurs cheveux se hâtèrent de le faire, tandis que les autres ajustaient des foulards pour éviter d’être gênées par des mèches folles. Un homme de grande taille enveloppa ses longues dreadlocks dans un bonnet qui ressemblait à un sac.
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Book en stok (Dup) s’est aussi demandé ce quel effet pouvait avoir la possibilité de télépenser.