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Laissez-moi (Commentaire) de Marcelle SAUVAGEOT

Par Lecturissime

Laissez-moi (Commentaire) de Marcelle SAUVAGEOT

"Ne me demandez pas de vous regarder par-dessus l'épaule et ne m'accompagnez pas de loin. Laissez-moi."

Une jeune femme retourne au sanatorium pour lutter contre la maladie qui la ronge, laissant derrière elle son amant. elle lui écrit alors pour que s'amenuise la distance, pour qu'il continue de l'aimer. Quelques lettres plus tard, il lui apprend brutalement qu'il la quitte, qu'il se marie avec une autre.

Le temps laissé vaquant devant elle lui permet d'analyser son coeur, de revenir sur cette histoire engendrée et sur les sentiments bafoués.

" C'est du bonheur d'être bouleversé et de ne plus rien savoir. Mais avoir encore un petit coin de conscience qui toujours sait ce qui se passe, qui, parce qu'il se sait, permet à tout l'être intellectuel et raisonnable d'avoir aussi à chaque seconde quelque chose du bonheur qui arrive, avoir ce petit coin de conscience qui apprécie lentement l'évolution de la joie, la suit jusqu'à ses fins les plus extrêmes, n'est-ce pas du bonheur ? Il y a un petit coin qui ne vibre pas, mais ce petit coin qui ne vibre pas reste le témoin de la joie ressentie. C'est lui qui se souvient et qui peut dire : j'ai été heureux et je sais pourquoi. Je veux bien perdre la tête, mais je veux saisir le moment où je perds la tête et pousser la connaissance au plus loin de la conscience qui abdique. Il ne faut pas être absent de son bonheur. "

Elle "commente" la fin de sa relation avec une acuité d'observation et d'analyse troublante, de celle qui tende vers l'universel. Chacun peut se reconnaitre dans cette douleur de l'abandon intime vibrant de vérité et de sincérité. La lucidité de la jeune femme résonne en nos âmes, emporté par son écriture poétique, on ne peut qu'être ébloui par ce destin tragique !

" Un petit volume si amer, si pur, si noble, si lucide, si élégant, si sévère et d'une tenue si haute dans son allure désolée et déchirée. On serait presque tenté de dire que c'est là un des chefs-d'œuvre de la plume féminine, " confie Paul Claudel

Ce que j'ai moins aimé : c'est assez ironique car dans mon édition, les avant propos et annexes sont multipliés, commentant à l'envie cette oeuvre pure qui pourtant se suffit à elle-même.


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