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Le sport cérébral monte sur le ring !

Publié le 10 juillet 2008 par Chantal Doumont

Chess-boxingAvec la "boxe-échecs", le sport cérébral monte sur le ring !

Etudiant en mathématiques et redoutable cogneur, un Russe de 19 ans a été sacré dimanche à Berlin, par un mat sans appel, nouveau champion du monde mi-lourds de "boxe-échecs", une discipline encore confidentielle qui alterne les séances de sport cérébral et de combat.

Nikolaï Sazhin, dit "le président", l'a emporté sur le tenant du titre, Frank Stoldt, un policier berlinois de 37 ans - surnommé "Anti-Terreur" depuis qu'il a participé à la formation des forces de l'ordre au Kosovo.

"J'ai pris beaucoup de coups au 4e round, en boxe, et ça m'a déconcentré pour la suite. C'est pour ça que j'ai commis une grossière erreur au 5e round, en échecs, je n'ai pas vu que mon roi était menacé", a expliqué l'Allemand après sa défaite, scellée dans la nuit de samedi à dimanche devant un millier de spectateurs enthousiastes.

De fait, pour l'emporter en boxe-échecs, ou "Chess-boxing", les champions se doivent de cultiver "la tête et les jambes".

Le match commence par quatre minutes autour d'un échiquier, installé sur une petite table au centre du ring. Torse nu, une serviette sur les épaules, les adversaires se font face, les mains nouées de bandelettes de protection pour boxeurs, avec un casque sur les oreilles pour ne pas être déconcentrés par les cris du public.

Puis, au coup de gong, ils ôtent leurs lunettes, enfilent leurs gants et leurs protections dentaires, et échangent des coups pendant trois minutes, avant de reprendre ensuite leur partie d'échecs, là où ils l'avaient laissée.

"A ce moment, on est très essouflé mais il faut rester concentrer", explique David Steppeler, membre du club de boxe-échecs de Berlin - qui, avec une quarantaine de membres, est le plus important au monde.

"C'est compliqué, surtout pour celui qui doit jouer en premier, il peut facilement commettre une erreur. Et ça, aux échecs, ça ne pardonne pas", ajoute cet instituteur allemand de 33 ans. "D'ailleurs, à l'entraînement, on se prépare à ces situations, en faisant des pompes entre deux mouvements sur l'échiquier".

Le match, qui compte au maximum six rounds d'échecs et cinq de boxe, peut s'achever par un K.O., par un mat, ou bien lorsque l'un des joueurs a épuisé son crédit-temps aux échecs, ou encore sur décision de l'arbitre, en cas de violation manifeste des réglements de la boxe.

Loin du cliché sur les boxeurs "gros bras et petite tête", la plupart des joueurs ont fait des études supérieures. Ainsi, sur les quatre compétiteurs qui s'affrontaient samedi à Berlin avant le choc Sazhin/Stoldt, on comptait un docteur en bio-chimie, deux enseignants et un diplômé en sciences politiques. En outre, les champions de "chess-boxing" affichent, sur l'échelle d'évaluation des joueurs d'échecs, 1.700 à 2.000 points "ELO", soit le niveau d'un très bon joueur de club.

A l'origine, cette discipline peu banale, qui commence à se développer au Royaume-Uni, en Bulgarie et en Russie, est née dans l'imagination de l'auteur français de bandes dessinées Enki Bilal. Dans "Froid équateur" (1992), le dernier volet de sa "Trilogie Nikopol", il met en scène un sanglant combat de chess-boxing, qu'il situe en 2034, dans une métropole déshumanisée et corrompue.

Plus tard, en 2003, un jeune artiste néerlandais, Iepe Rubingh, décide de transformer l'imaginaire en réalité. "Mais avec une composante moins pessimiste que dans la BD: pour moi, ce qui compte c'est de canaliser sa violence, de la maîtriser. D'où l'intérêt d'allier la boxe et les échecs", explique l'artiste aux allures d'éternel étudiant, aujourd'hui président de la Fédération internationale de Chess-Boxing.

Dans les rangs des spectateurs, le mariage improbable des deux disciplines semble en tout cas séduire. "L'idée me semblait loufoque au départ", a déclaré Jelena, une étudiante française de passage à Berlin. "Mais finalement, le spectacle est très prenant".

Arnaud BOUVIER

AFP


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