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Séances de décembre

Par Timotheegerardin

Séances de décembre

Leto, de Kirill Serebrennikov


Leto, de Kirill Serebrennikov Triangle amoureux sur fond de rock dans l’union soviétique de Brejnev. Kirill Serebrennikov joue avec les surfaces : l’énergie d’une jeunesse sous la façade officielle du « rock club » de Leningrad, quelques plans en couleur sous le joli noir et blanc, l’image de Victor qui fait vaciller celle de Mike, l’icône rock, dans le cœur de Natalia. Tout est donc une histoire de couches : chaque plan peut craqueler et laisser voir une autre réalité, ou à l’inverse se retrouver recouvert de griffonnages, comme c’est le cas dans des séquences musicales réinterprétant musicalement des situations quotidiennes. Un pur film de fantasmes jamais réalisés, donc, et en cela assez inoffensif.
Une affaire de famille, de Hirokazu Kore-Eda On a un peu vite tendance à faire de Kore-Eda le peintre attendri de la famille choisie (plutôt que la famille subie). En voyant Une affaire de famille, on comprend que c'est plus compliqué. Dès la première partie du film, et plus clairement dans la seconde, le tableau fait de cette famille est ambivalent : on ne saura jamais vraiment s'ils ont accueilli ou enlevé les enfants avec qui ils vivent, et l'insistance que met le personnage du père à se faire appeler "papa" est aussi touchante qu'oppressante pour l'enfant à qui il s'adresse. Le cocon familial, qui prend la forme d'un appartement tout en bricoles et en chausse-trappes, recèle ses lieux cachés qui sont autant d'espaces de libertés, propice à l'imagination, que de possibles prisons - c'est d'ailleurs sous la maison que sera enterrée la grand-mère si attachante. Kore-Eda ne fait jamais totalement basculer le point de vue d'un côté ou de l'autre, il montre cette famille de fortune telle qu'elle a été, jusqu'à son inéluctable fin.
Heureux comme Lazzaro, d'Alice Rohrwacher (Attention, je dévoile ici quelques éléments clés de l’intrigue.) Difficile de dire en peu de mots tout ce que ce film parvient à cristalliser, entre une certaine réalité sociale, la légende paysanne, l’hagiographie et le récit biblique - sans lourdeur et toujours au service d’une histoire singulière : celle de Lazzaro, simple d’esprit dans une exploitation agricole italienne des années 80. Vraiment convaincu par la manière dont Alice Rohrwacher utilise le merveilleux chrétien pour déployer son récit d’une époque à l’autre, avec des miracles aussi saugrenus (comme il se doit dans une vie de saint) que profondément naturels au personnage.
Spiderman new generation, de Peter Ramsey, Bob Persichetti et Rodney Rothman  Mieux que d'autre films de 2018 (Ready player One par exemple), Spiderman new generation parvient à faire cohabiter différents régimes d’images sans sacrifier la lisibilité de l'action. On voltige entre l’animation, le comic book, des touches de street art, de cartoon et d'animé japonais. Phil Lord, au scénario, sait tirer de cette esthétique fragmentée, et d’une idée compliquée (un trou noir et plusieurs dimensions), un véritable film pour enfants.
Roma, d'Alfonso Cuaron
Je n’ai pas été gêné comme d’autres par la virtuosité affichée des plans séquences de Roma, en revanche j’ai d’abord eu du mal à comprendre l’intérêt du noir et blanc, qui m’a semblé aplatir l’image et la neutraliser. De fait, peu de chose ressort de la première partie, sinon la familiarisation progressive avec le personnage de Cleo. Mais on découvre justement, au gré des événements qu’elle traverse, que tout l’intérêt du film est là : dans ce point de vue flottant, persistant, accueillant avec une sorte de flegme vital la variétés des peines et des joies d’une vie.

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