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[Critique] AQUAMAN

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] AQUAMAN

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Titre original : Aquaman

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : James Wan
Distribution : Jason Momoa, Amber Heard, Patrick Wilson, Willem Dafoe, Nicole Kidman, Temuera Morrison, Yahya Abdul-Mateen II, Dolph Lundgren, Granham McTavish…
Genre : Fantastique/Action/Aventure/Adaptation
Date de sortie : 19 décembre 2018

Le Pitch :
Arthur est né de l’union d’un humain et d’une reine atlante. Depuis son plus jeune âge, il est promis à un avenir auquel il ne cesse de tourner le dos. Mais quand son demi-frère parvient à fédérer tous les peuples des océans pour déclencher une guerre à la surface, Arthur, que les humains surnomment Aquaman, n’a pas d’autre choix : il doit assumer son destin…

La Critique d’Aquaman :

Les choses se sont compliquées pour Warner et DC Comics quand ils ont voulu créer leur propre univers partagé, en réunissant, afin de concurrencer Marvel, tous les super-héros maison. Superman a fait son entrée sous de nouveaux traits (ceux d’Henry Cavill) puis vint le tour de Batman. Auparavant sorte de poule aux œufs d’or, grâce à Christopher Nolan, le Chevalier Noir s’est coltiné une méchante poisse quand c’est Ben Affleck qui a enfilé le costume. Ainsi, Batman v. Superman et Justice League se sont non seulement avérés plutôt décevants, voire complètement aux fraises, mais aussi assez peu performants sur un plan strictement commercial. Quelques années après le début des opérations, seule Wonder Woman a su se montrer à la hauteur et s’imposer tel l’unique pilier assez solide pour empêcher tout l’édifice de s’effondrer, pendant que Marvel enchaînait les records avec ses Avengers. Cela dit, Warner et DC Comics n’ont pas lésiné quand fut venu le temps de s’intéresser à Aquaman, que l’on avait déjà aperçu dans Batman v. Superman, avant de le voir plus longuement dans Justice League. Un super-héros moins populaire que l’homme chauve-souris ou que Superman qui allait devoir lui aussi relever la barre à la seule force de ses pouvoirs. Aujourd’hui que le film est dans les salles, un constat s’impose : James Wan, le réalisateur à la barre, s’est totalement lâché, faisant du super blockbuster dont la charge lui a été confiée, une sorte de fourre-tout parfois génial parfois à la ramasse. Au final, seul le box office décidera du bien fondé de la démarche mais on peut déjà affirmer que si Aquaman ne réussit par sur tous les plans, il a au moins le mérite d’essayer et de ne s’imposer aucune limite, devenant à l’arrivée, l’un des meilleurs longs-métrages du DC Universe.

Aquaman-Amber-Heard

Qui qui qui sont les Snorky

Alors oui, certes, vu le niveau des précédentes productions DC/Warner, affirmer qu’Aquaman fait meilleure figure ne veut pas forcément dire qu’il mérite l’appellation de chef-d’œuvre. Disons qu’il en est même loin. Le truc, c’est qu’Aquaman gagne ses galons dans l’outrance, mélangeant bonnes et mauvaises idées au sein d’un gros bordel à la fin pas vraiment cohérent mais plutôt très divertissant. Surtout compte tenu des craintes inhérentes au projet et du contexte dans lequel il fut développé. La « faute » à James Wan, dont la patte est elle aussi noyée dans un océan de pixels plus ou moins bien agencés. Un metteur en scène parfaitement conscient du potentiel de son héros et de son histoire, qui s’affranchit du ridicule inhérent à certains aspects du récit en assumant totalement tous ses choix, y compris les plus absurdes. Clairement, Aquaman lui doit beaucoup. Il suffit de voir la première baston, avec une Nicole Kidman en grande forme, pour s’apercevoir que Wan a décidé d’y aller franchement. Voir l’actrice se fritter avec des soldats aux costumes improbables a ainsi quelque chose d’assez jubilatoire. La suite est d’ailleurs du même tonneau. Wan fait le maximum pour donner de l’ampleur à sa mise en scène, beaucoup de plans se montrent très inventifs ou audacieux, voire les deux, alors que d’autres sont plus attendus ou au pire, un peu ratés. En tout cas, Aquaman, visuellement parlant, n’a rien de tiède. Et c’est aussi parce que derrière tout ce gros bordel, on retrouve un vrai artiste, plein de bonne volonté, généreux plus qu’à son tour et suffisamment talentueux pour nager à contre-courant d’un contexte compliqué sans se départir d’une bonne humeur plutôt contagieuse.

Les Chevaliers de l’Atlantide

James Wan a donc plus ou moins réussi son passage chez DC, gérant avec une bonne volonté flagrante un budget pharaonique et une production design assez problématique. Wan qui a dû jongler avec une technique omniprésente, devant faire des choix parfois visibles à l’écran (pourquoi les personnes ne font pas des bulle quand elles parlent sous l’eau alors qu’elles en font quand elles crient et que les animaux en produisent aussi ?). Car Aquaman repose aussi sur une profusion d’effets pas toujours du plus bel effet. Les costumes par exemple, sont loin d’être tous convaincants alors que les royaumes sous-marins, avec leurs architectures complexes, bâtis sur des influences pas toujours bien digérées, les créatures et autres bastons en forme de cinématiques de jeux-vidéos, ne font que conférer un aspect très artificiel à l’ensemble. Le problème, c’est que contrairement à Batman ou à Wonder Woman, le milieu naturel d’Aquaman est entièrement généré par ordinateur. Et si la technologie permet en effet de donner naissance à un monde à part entière, le nombre ahurissant de plans truqués trahit un peu un manque de soin apporté à quelques détails. Rien de grave car on est tellement submergés qu’on finit par s’en moquer, mais quand même… Au fond, on pense à des films comme Gods Of Egypt devant cet Aquaman gargantuesque. Pour le côté très bordélique et trop coloré, pour ce manque d’unité et pour cette propension à partir dans toutes les directions à la fois sans parvenir à toujours éviter, à la fin, de se vautrer. Mais au fond, encore une fois, la générosité l’emporte et quand on a pigé qu’Aquaman ne va pas changer son trident d’épaule, on peut tout à fait profiter du show XXL et se régaler devant ce que le film a à offrir de mieux, à savoir des séquences vraiment spectaculaires et bien orchestrées.

Arthur l’éponge

Le principal problème d’Aquaman, n’est pas son aspect visuel un peu bancal. Non, c’est son scénario. Pas l’histoire en elle-même, basique au possible car empruntant à la fois à la culture populaire et à des œuvres plus anciennes comme la littérature arthurienne (on croise aussi le fantôme un peu défraîchi de Lovecraft), mais plutôt les tentatives de faire de l’humour. Parce qu’autant dire que toutes les vannes ou presque tombent à l’eau (ha ha). En particulier quand Aquaman part en goguette avec Mera. Un personnage qui fait à la fois office de side-kick comique et de love interest. Un peu beaucoup pour une seule personne même si au final, Amber Heard s’en sort comme elle peut. Il y a aussi ces revirements un peu trop brutaux et cette méchante tendance à recycler plusieurs fois la même idée. Un peu comme quand une scène « paisible » est interrompue par une explosion ou un truc du genre. Ce truc-là, le métrage nous le sort quatre fois ! Un exemple parlant en forme de preuve de la fainéantise d’un script rarement à la hauteur des enjeux et du personnage. À noter que le message écolo, très premier degré, touche malgré tout sa cible. C’est un détail mais ça compte.

Jason va sous l’eau

Mais il y a Jason Momoa… Toute une histoire ce mec, lui qui a semble-t-il pris un pied monstrueux à faire la promo en restant plus ou moins dans le rôle. On a d’ailleurs l’impression qu’il ne joue pas vraiment. Il se contente d’être lui-même et vu que sa personnalité colle parfaitement, ça passe comme une lettre à la poste. Dans les bastons ou quand il prend des poses iconiques, forcées parfois, il crève l’écran en permanence et porte le film sur ses épaules, alors qu’à ses côtés, les autres s’en sortent avec plus ou moins de facilité. Certains choisissant de se caler sur la rythmique globale et d’en faire des caisses (Patrick Wilson, Yahya Abdul-Mateen II) et d’autres essayant de faire preuve d’un plus de subtilité (Dolph Lundgren, que l’on est content de retrouver ou encore Willem Dafoe et Temuera Morrison). Tout ce beau monde nage ou surnage, gardant la tête hors de l’eau dans une tempête numérique à la beauté variable. Un casting béton pour un film bourrin, parfois crétin, parfois jubilatoire, dont se détache curieusement à la fin, une forme de sincérité salvatrice.

En Bref…
Aquaman pousse tous les potards dans le rouge, se vautre plusieurs fois mais se relève toujours, par la seule force d’un Jason Momoa parfaitement dans son élément et celle d’un James Wan un peu dépassé mais généreux en permanence. Pas la catastrophe redoutée donc, car Aquaman est sur bien des aspects plus valeureux et moins débile que Justice League ou Batman v. Superman. Il est aussi plus sincère et spontané, s’imposant paradoxalement comme la bouffée d’air frais dont DC et Warner avaient peut-être besoin…

@ Gilles Rolland

Aquaman-Momoa-Heard


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