"Droits de l'homme en faillite", dit le gros titre
Le laboratoire argentin d’anthropologie judiciaire, connu dans le monde entier pour avoir réussi à rendre des identités de naissance à une centaine d’adultes enlevés en bas âge à leurs parents sous la dictature et à des ossements de plusieurs victimes des persécutions de cette même dictature, vient d’annoncer qu’il ne pouvait plus maintenir ses activités dans le pays, faute de budget. Le gouvernement lui a en effet coupé les crédits. Or ce corps de techniciens hyper-qualifiés était occupé depuis plusieurs mois à mettre un nom sur les soldats argentins tombés aux Malouines lors de la guerre de 1982 et qui ont été inhumés anonymement sur les îles par les autorités d’occupation britannique (1).
De son côté, et pour les mêmes raisons de coupe budgétaire, le CONICET, centre national de recherche scientifique et technologique, a annoncé qu’il était contraint pour l’année prochaine de renoncer à toutes les rencontres scientifiques dans tout le pays, les journées, colloques, symposiums, congrès et autres séminaires, qui permettent aux chercheurs d’établir des échanges nationaux et internationaux et de se faire connaître auprès des uns et des autres. Or le CONICET est l’un des organismes scientifiques les plus prestigieux du continent sud-américains.
Une catastrophe culturelle et politique qui obère l’avenir du pays.
Pour en savoir plus : lire l’article principal de Página/12 sur l’arrêt des activités d’identification judiciaire lire l’article de Página/12 sur la paralysie du CONICET lire l’article de La Nación sur les techniciens judiciaires.
(1) Comme le savent déjà bien mes lecteurs assidus, les îles Malouines ont été prise par un coup de main de la Royal Navy, en janvier 1833, sans déclaration de guerre alors qu’elles étaient habitées et exploitées par des Argentins et que la Grande-Bretagne avait reconnu le nouvel Etat en 1824.