La photographie, pour JR, ce n’est pas seulement la prise de vue, c’est aussi l’installation qu’il en fait dans les villes et partout. Je me souviens d’un portrait géant semblant sortir d’une façade de la BNF à Paris. Et il y a eu cette installation de portraits de lecteurs à Alfortville (94), que vous avez pu voir ici.
À la Maison Européenne de la Photographie, à Paris, les photos de JR nous invitent à entrer dedans. Un bateau rempli de passagers à Marseille : JR n’en est pas l’auteur mais il a conçu pour son exposition une présentation telle qu’on ne voit la photo entière que sous un seul angle et qu’on la traverse pour aller dans l’espace suivant.
De grands écrans montrent une foule immense de gens rassemblés dans l’image selon les mouvements qu’ils font. Se sont-ils déjà rencontrés ? Peut-être grâce à JR et à cette installation. Ces regards qu’on lève pour voir au-dessus d’un immeuble un athlète sauter beaucoup plus haut que le record du monde. Ici, il faut aussi voir l’échafaudage qui permet l’accrochage de la photo. C’est encore une particularité de JR que de poser sa photo dans un contexte. Comme dans cette gare où passent les trains dont les toits sont des yeux ouverts qui semblent regarder le ciel, le ciel de la Seine-Saint-Denis.
Certains visages sont collés sur des bâtiments en destruction. Une des photos, en particulier, a retenu mon attention : un visage d’homme, vu de profil, collé sur un mur, et dont le crâne semble creusé comme si, dans cette maison en partie détruite, il y avait ses souvenirs, ses pensées, ses amours, passés, en train de s’effacer.
Et il faut voir encore les trains miniatures se déplaçant sur des rails superposés et qui forment une seule fois des visages que leur mouvement déstructure jusqu’à la prochaine fois. Ou cette maquette de bateau sur laquelle des containers sont déplacés l’un après l’autre pour composer au bout d’une heure et demie un regard.
L’exposition est visible jusqu’au 10 février 2019.
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