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Leila Olivesi emmène le Sunside dans sa " Suite Andamane "

Publié le 23 décembre 2018 par Assurbanipal
Leila Olivesi emmène le Sunside dans sa " Suite Andamane "

Manu Codjia par Juan Carlos HERNANDEZ

Paris

Jeudi 20 décembre 2018. 21h

Le Nonet de Leila Olivesi était composé de

Leila Olivesi: piano, compositions, direction

Yoni Zelnik: contrebasse

Stéphane Adsuré: batterie

Manu Codjia: guitare électrique

Baptiste Herbin: saxophone alto, flûte

Jean-Charles Richard: saxophone baryton

Adrien Sanchez: saxophone ténor

Quentin Ghomari: trompette

Philippe Georges: trombone

Invitée

Chloé Cailleton: chant

Lectrices généreuses, lecteurs munificents, je vous ai déjà invité à phynancer l'enregistrement de la " Suite Andamane ", œuvre de la pianiste et compositrice française Leila Olivesi. Pour vous en faire une idée, il vous fallait être à Paris, au Sunside, jeudi 20 décembre 2018 à 21h. Ca a commencé comme ça.

" Acacia Tree " (cf vidéo sous cet article pour une autre version avec un autre groupe de Leila Olivesi au Nubia). Leila Olivesi est d'ascendance corse et mauritanienne. Justement, le poème de Karine Ancellin, mis ici en musique, est inspiré du paysage mauritanien. Ca sonne africain. La contrebasse joue comme un guembri. Le batteur tapote doucement aux baguettes. Le fluide sympthique circule entre les musiciens. Trompette et ténor ajoutent de la force. Le vent du désert souffle sur la salle. Solo de piano cristallin. L'eau coule dans le désert. Bassiste et batteur, aux baguettes, ponctuent élégamment. Voix et souffles refont passer le vent. Manu Codjia se fait entendre, avec ce son métallique et tendre qui lui est propre. Retour au petit air africain pour le final.

" Black widow " une chanson sombre pour le jour le plus court de l'année, le 20 décembre. Leila entame un Blues bien grave, bien charpenté. Breaks de guitare. La rythmique enchaîne tranquille avec le batteur aux balais. Le Blues à la Codjia nous vrille en douceur. Le batteur passe aux baguettes pour donner plus d'énergie. Solo de piano, un peu désaxé, un peu à la Monk. Leila revient vite à ses grandes amours ellingtoniennes. Thelonious Monk a consacré un album à Duke Ellington. Pas l'inverse. Ni sax ni trompette sur cette chanson.

Chloé Cailleton quitte la scène. Arrivée de Jean-Charles Richard, Baptiste Herbin et Philippe Georges. La quinte majeure de souffleurs est au complet. La scène du Sunside n'est pas faite pour un nonet. Risque d'accident entre le trombone à coulisse et le spectateur en face au premier rang. Le risque fut maîtrisé, j'en suis témoin.

Premier mouvement de la Suite Andamane: aurore sur la Mer d'Andaman, mer tributaire de l'Océan indien. Des voix s'élèvent sur la plage, avec le soleil. C'est cela. La musique donne cette sensation d'aurore, d'éveil et de joyeux babil sur la plage. Ca monte doucement comme le soleil sur la mer. La tradition ellingtonienne est revivifiée avec cette suite inspirée par un voyage. . Ca balance doucement. Batteur aux balais. Très orchestral. Le groupe joue soudé. La chaleur monte doucement avec la lumière. Le batteur hache finement le temps aux baguettes. Trompette bouchée.

Deuxième mouvement: un chemin monte dans la montagne à travers la jungle. Basse et batterie installent le groove. Les souffleurs barrissent joyeusement. A priori, ils montent le sentier à dos d'éléphant. Sur les rives de la mer d'Andaman, c'est jouable. C'est toujours ellingtonien mais bien personnel. Ni copie, ni imitation, juste de l'inspiration. Les souffleurs massent bien nos cerveaux. Trompette et trombone avec sourdine. Solo d'alto sans accompagnement. Bien dynamique avec de grosses prises de bec. Final groupé.

Troisième mouvement: au sommet de la montagne. C'est l'heure de la sieste. Une jeune fille pleure. Plusieurs spectacteurs sont prêts à la consoler. Baptiste Herbin à la flûte. Le sax ténor chante la tristesse de la demoiselle. Solo de trombone avec sourdine. C'est triste mais bien chaud tout de même. Quentin Ghomari au bugle pour plus de rondeur. Au son du ténor, la jeune fille me semble déjà plus joyeuse. Retour vers l'Afrique. Avec la contrebasse qui pulse, le cliquetis des baguettes sur les bords de caisses et les chœurs des souffleurs qui chantent. Décidément, la chaleur monte. le sax ténor est de plus en plus en verve. La jeune fille va de mieux en mieux, rassurez vous, lectrices généreuses, lecteurs munificents.

" Satin Doll " ( Duke Ellington). Chloé Cailleton revient sur scène. Sur cette chanson, personne ne peut faire oublier Ella Fitzgerald. Quand je vous écris que Leila Olivesi est une ellingtonienne, sapristi! Elle gagna le concours Ellington Composers 2013 ne l'oublions pas. Trompette et trombone bouchés pour jouer en douceur. Jean-Charles Richard dans le rôle d'Harry Carney. Il peut le faire, Mesdames et Messieurs! Baptiste Herbin à la flûte. Chloé Cailleton le chante bien. Séductrice mais pas aguicheuse. Beau solo de baryton porté par la rythmique et porté par les autres souffleurs. S'ensuit la trompette sans sourdine. Jolies vocalises à l'unisson avec le cinq majeur de souffleurs. Solo de flûte sans accompagnement. Après le sax alto, Baptiste Herbin nous conduit de nouveau vers un final groupé.

PAUSE

Un hommage à la pianiste et compositrice américaine Geri Allen, source d'inspiration pour la pianiste et compositrice française Leila Olivesi. " Geri " tout simplement. Quentin Gomari au bugle accompagné par la rythmique. Un air chantant, envoûtant. Le son de Quentin Gomari est impressionnant. Ce jeune homme est déjà un Maître. Batteur aux baguettes. Une belle vague nous emporte. Beau dialogue entre le tranchant de la guitare et la rondeur du bugle.

Poème écrit par Djemila Olivesi, la mère de Leila. " Les amants ". Rythmique + chanteuse. Leila dit d'abord le poème de sa mère. Trop subtil pour moi. Je n'y comprends rien. C'est chanté en douceur avec le batteur aux balais. Solo de contrebasse souple, bondissant, délicatement ponctué par le reste de la rythmique. La contrebasse reprend un air africain. Le batteur devient percussionniste. Bonne vibration de la guitare. Vocalises blanches. Le piano ajoute un groove en plus.

Un autre poème de Karine Ancellin. " Skype tears " raconte une histoire d'amour malheureuse via les réseaux sociaux. Elle figurera sur " Travel Songs " prochainement enregistré. Retour du sax ténor. Vibrato. Son velouté du ténor. Batteur aux balais. Pas de guitare. Leila Olivesi mène de main de maîtresse la rythmique. Un blues énergique. Ca s'énerve entre chanteuse et sax ténor bien secoués par la rythmique.

Reconstitution du nonet et reprise de la Suite Andamane dans ses trois mouvements. Nous avons le privilège de tester cette nouvelle musique. Les musiciens sont plus chauds qu'au premier set. Les services sont plus rapides, les volées plus tranchantes, le jeu de fond de court implacable.

Je suis parti à la reprise de " Satin Doll " car il n'était pas loin de minuit et que j'avais école le lendemain.

Les Dames m'ayant abandonné ce soir, j'étais accompagné de trois hommes féministes. Le Modern Musical Express composé de MM. M, M et E. Les couleurs du nonet les ont ravi. La qualité des musiciens a emporté leurs suffrages. Seul bémol: la chanteuse les a moins convaincu.

La photographie de Manu Codjia est l'œuvre de l'Inévitable Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.


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