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Interview⎢Behzad Ghorbani : ses ateliers d’initiation aux musiques électroniques

Publié le 26 décembre 2018 par Le Limonadier @LeLimonadier

Qui ne connait pas Behzad Ghorbani ? Souvent accompagné de son acolyte Amarou aka C'est à la suite d'Behzad & Amarou derrière les platines de la Concrète, le duo a aussi créé son label ) en 2015 et monté son propre studio au sein des locaux de Villette 45 . Depuis, leurs rôles de producteurs évoluent et s'enrichissent grâce à la rencontre d'une multitude d'artistes et de collabs' faites sur des morceaux aux univers variés. que nous avons décidé de suivre Behzad jusqu'à sa deuxième maison, le studio C de Villette 45. un de ses ateliers participatifs autour de la musique électronique

Hello Behzad! peux-tu nous expliquer pourquoi et comment tu as commencé à produire tes propres morceaux?

Alors ce qu'il faut savoir, c'est que j'ai d'abord produit avant de mixer. J'ai commencé par faire de petites productions sur l'ordinateur, à tester mon logiciel et à reconnaître différents styles. Puis, je me suis intéressé à mes amis qui faisaient de la composition, en allant les observer pour apprendre et m'améliorer. Ensuite, le fait de mixer m'a aidé à nourrir mon identité de producteur et mes productions à m'améliorer dans le mix: cela a établi un lien entre les deux qui m'a permis d'évoluer.

Aujourd'hui, quel est ton procédé pour créer et produire un morceau de musique électronique?

Le fait de mixer éduque ma création musicale car je peux m'inspirer de beaucoup de morceaux. Même si, au début d'une production, j'essaye d'être le plus neutre. Je pense qu'on peut distinguer plusieurs sortes de techniques dans la production d'un morceau même s'il n'y a pas de méthode, car le système de production qui a été créé permet d'être inspiré à l'infini.

Par exemple, je ne commence jamais un morceau de la même manière: parfois je pars d'un bruit, je vais l'enrichir, le moduler, le faire répéter, lui donner de l'écho. A partir de là, il y a ce qu'on appelle "les fantômes dans les machines": c'est ce qui va nous suggérer d'ajouter ce que l'on souhaite. On se concentre sur ce moment qui s'est révélé et qui devient le fil conducteur, en mobilisant tous les autres éléments. On va utiliser des synthétiseurs pour ajouter des bruits orchestraux, naturels, synthétiques.. Il faut essayer toutes les combinaisons pour construire le morceau petit à petit.

Sinon, plus simplement, on peut aussi construire le morceau de manière plus ordonné: on va commencer avec la batterie, puis la basse, les synthés et les voix. A la fin, on ajoute des effets qui donneront du peps.

⇒ Ce morceau a été fait en l'honneur des migrants de Stalingrad. Il est disponible en téléchargement gratuit sur SoundCloud.

Comment en es-tu venu à t'intéresser aux boîtes à rythmes et à en choisir pour ton propre studio?

C'est grâce à une rencontre que tout a commencé. Il y a 5 ans, Amarou et moi-même avons croisé le chemin de Pierre, un collectionneur qui a un très grand nombre de machines chez lui. Pierre a toutes les machines qu'on peut rêver: une TR 808, 909, 707, 606, 727 et un bon nombre de synthés. C'est à partir de cet instant, qu'il y a eu un déclic: je me suis dit je devais passer du temps à comprendre et apprivoiser ses machines. Par la suite, nous avons rencontré Mathieu Berthet qui nous a introduit au sein de Villette 45 et nous a proposé de tenir une des pièces. Cela nous a permis d'installer notre matériel et de proposer à des artistes de produire avec nous. C'est l'apport de Pierre et le travail de Mathieu qui nous a permit de vraiment lancer le studio.

Les boîtes à rythmes ont l'air complexes, quelle est ta technique pour apprendre à les utiliser ?

C'est la curiosité qui a été aux prémices de mon développement artistique et m'a donné envie d'essayer plein de machines. Nous avons de la chance de vivre en 2018 où Internet rend plus accessible l'information et cela de manière plus ludique, comme des tutoriels en vidéo. Parfois, une phrase peut faire gagner 3 ans en apprentissage. Après, on apprend beaucoup avec des amis aussi. Il y a aussi l'instinct qui joue, car ces machines ont été conçues pour ceux qui n'ont pas fait d'instruments, ni de solfège.

Du coup, tu produis plus via tes boites à rythmes que logiciels maintenant? Ou tu continues d'utiliser les deux?

Il faut s'intéresser aux technologies actuelles donc j'utilise les deux. En logiciel par exemple, j'utilise Ableton. C'est peut être pas le meilleur pour la qualité du son, il y a de meilleur software comme Logic, Pro Tools, Cubase.. Mais il reste l'interface le plus accessible, intuitif voir créatif. Après, il faut être curieux pour aller chercher soi-même des textures, des prises pour enrichir ses productions. Aujourd'hui, tous les studios sont équipés d'ordinateurs car ils peuvent y apporter plus de précisions. Mais il n'y a pas de loi, il n'y a pas de méthode sûres, il suffit de choisir l'outil où on est à l'aise et de travailler.

Qu'est ce qui t'as donné envie d'organiser ces sessions d'initiation à la production de musique électronique?

Il y a un an, dans le cadre du SYNTH event, on m'a proposé de faire une démonstration des boîtes à rythmes 808 et 909.

Cette démonstration s'est vite transformée en transmission, en initiation et en déblocage pour les invités. J'ai eu un public qui n'était pas spécifiquement dans la production ou ouvert à ce milieu et j'ai réalisé que ça leur parlait. Il y a eu une belle diversité de gens dans le public, âgés ou jeunes. C'est touchant de voir une personne que tu ne connais pas, utiliser la machine qui est ton instrument de travail tous les jours et de la voir surprise de ce qu'elle fait. Au final, j'ai réalisé que la musique permet de communiquer entre générations et c'est ce qu'on fait pendant ces sessions.

Quelles sont les boites à rythmes que tu présentes aux sessions?

J'aime bien présenter celles de la marque Roland qui sont agréables pour apprendre. Elles utilisent à la fois le côté cérébral pour écrire en amont, et instinctif où on peut taper sur les éléments et les mettre sur une grille. Cela permet d'être en harmonie avec son corps: quand une personne essaye, il entendra directement les éléments qu'il vient de toucher se mettre en place.

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La prochaine session à La Folie est prévue pour ce Samedi 29 décembre, vas-tu continuer après? Quels sont tes projets à venir ?

Je souhaiterais continuer dans l'enseignement et la transmission. Les ateliers m'apportent de belles rencontres, j'aimerais les reproduire plus fréquemment et de manière plus cadrée. A côté, nous développons aussi notre studio pour des producteurs, en les aidant à mixer leur son avant la dernière étape du mastering.

Pour finir, la question traditionnelle du Limonadier : s'il te restait un seul cocktail à boire, ce serait lequel?

Un Mojito aux mirabelles, c'est mon cocktail signature ! 😉

⇒ Si vous souhaitez participer à la prochaine session (pour tous niveaux):

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