Partager la publication "[Critique] BUMBLEBEE"
Titre original : Bumblebee
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Travis Knight
Distribution : Hailee Steinfeld, John Cena, Jorge Lendeborg Jr., Jason Drucker, Pamela Adlon, Stephen Schneider, John Ortiz…
Genre : Science-Fiction/Aventure/Saga
Date de sortie : 26 décembre 2018
Le Pitch :
En 1987, près de San Francisco, l’Autobot Bumblebee trouve refuge dans une casse auto après avoir combattu aux côtés d’Optimus Prime pour éviter la destruction de Cybertron. C’est là que le trouve Charlie, une jeune fille férue de mécanique…
La Critique de Bumblebee :
C’est avec la saga Transformers que Michael Bay a véritablement donné libre court à ses bas instincts d’artificier du cinéma, en orchestrant, au fil de 5 films tout de même, des combats de plus en plus outranciers, saupoudrés de dialogues aussi débiles que l’histoire censée lier le tout, dans une ambiance ultra beauf. Pour autant, même si il semble toujours attaché à la franchise, Bay n’a pas souhaité rempiler pour mettre en scène le premier spin-off, soit l’histoire de Bumblebee, l’un des Autobots les plus emblématiques. À la place, c’est Travis Knight qui fut embauché. Un réalisateur connu pour le film d’animation Kubo et l’armure magique, force vive du studio Laika (celui de Coraline et de L’Étrange pouvoir de Norman), parachuté aux commandes d’une grosse machine rattachée à une franchise à la ramasse. Pas de quoi réserver son billet de cinéma 6 mois à l’avance. Et pourtant…
Le frelon jaune
Et pourtant, car, à la surprise générale, Bumblebee fait bonne figure. C’est même d’ailleurs le meilleur film Transformers. Et il y a plusieurs raisons à cette réussite…
La première, c’est l’émotion que le film parvient à communiquer. La mesure dont il sait faire preuve plaide aussi en sa faveur. Deux choses qui faisaient systématiquement défaut à tous les épisodes de la franchise pilotée par Michael Bay. Là où n’importe quel Transformers met en avant un esprit très rentre-dedans à grand renfort de séquences de destruction massive et de joutes verbales aussi inconsistantes que profondément crétines, Bumblebee fait preuve d’une sensibilité aussi inattendue que bienvenue.
Ainsi, si il coche toujours quelques cases primordiales du parfait blockbuster hollywoodien, il n’en fait pas non plus des caisses et privilégie la relation entre le personnage joué par Hailee Steinfeld et le robot jaune avant de tabler sur les capacités guerrières de ce dernier. Un choix assez audacieux quand on prend en compte l’identité du projet, qui s’avère immédiatement payant.
Bumblebee téléphone maison
Alors bien sûr, même la faculté du long-métrage à parvenir à se montrer presque étrangement émouvant, ne suffit à masquer le caractère très plan-plan de son scénario. Un script se résumant à un assemblage très voyant d’influences certes assumées mais pas toujours très bien digérées. Bumblebee finit alors de s’imposer comme une sorte de remake de E.T. (un alien attendrissant et perdu fait irruption dans la vie d’une famille et se lie d’amitié avec une jeune fille) et de La Coccinelle revient (une jeune fille veut absolument une bagnole et tombe sur une vieille coccinelle dans une casse. Voiture se révélant être bien plus qu’une voiture), dans le monde des Transformers. Un mélange pas si improbable dont Travis Knight s’acquitte avec beaucoup de générosité et de bonne volonté, chapeauté par Steven Spielberg, pour au final nous offrir un divertissement aussi prévisible qu’un peu feignant dans son écriture, mais assurément efficace.
Il y a aussi l’opportunisme dont Bumblebee fait preuve en choisissant de s’immerger dans l’ambiance des années 80, venant raccrocher les wagons avec des œuvres très nostalgiques comme la série Stranger Things. Avec tubes de l’époque à l’appui et références plus ou moins appuyées. Mais là encore, si on oublie le cynisme au vestiaire, ça passe plutôt bien et le film d’évoluer dans une atmosphère il est vrai assez confortable. Sans compter que cela lui permet de s’affranchir un petit peu plus de la franchise de Bay.
Un amour de Coccinelle
Le fait que Bumblebee ait un peu le cul entre deux chaises, parfois bloqué entre son désir d’indépendance et la nécessité de rester proche des enjeux et des codes de la saga, ne l’empêche pas d’avancer avec une certaine flamboyance. La présence devant la caméra de la solide Hailee Steinfeld, à nouveau remarquable dans un rôle qui n’est pas sans rappeler celui qu’elle tenait dans l’excellent The Edge of Seventeen, va dans ce sens. Avec une actrice de ce calibre, aussi attachante que parfaitement compétente pour incarner une émotion palpable, le film peut se permettre des envolées pyrotechniques efficaces mais reste toujours plus intimiste que les films précédents. Moins spectaculaire mais aussi plus lisible et paradoxalement plus intense que n’importe quel Transformers, Bumblebee gagne ses galons dans sa propension à ne jamais perdre de vue ses enjeux dramatiques. Et tant pis si l’amitié entre le robot et la jeune Charlie s’avère beaucoup plus intéressante que tout ce qui touche à l’histoire des Transformers car au final, l’équilibre tient bon jusqu’au bout. On pourra peut-être regretter certains aspects, comme ces deux Decepticons un peu aux fraises ou encore le caractère très unilatéral du personnage de John Cena, sorte de réminiscence pas vraiment utile de la saga mère, mais au fond, les défauts du film ne suffisent pas à masquer ses qualités. C’est bien le principal.
En Bref…
Jolie surprise, Bumblebee s’affranchit de la saga Transformers et fait montre d’une émotion aussi tangible que salvatrice. Bénéficiant de la patte d’un réalisateur méritant et généreux et de la sensibilité d’une actrice parfaitement à l’aise, il s’impose sans mal comme le meilleur film de la franchise. De très loin…
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Paramount Pictures France