De quoi ça parle ?
Le 11 novembre 1918 à 5h15, la France et l'Allemagne signent l'armistice. Mais l'état-major français décide d'attendre onze heures, en ce onzième jour du onzième mois, pour que cessent les combats.
A 10h45, le soldat de première classe Augustin Trébuchon est tué.
Il est le dernier soldat français tué.
Alexandre Duyck a fouillé les archives militaires et civiles, retrouvé tout ce qu'on pouvait savoir sur ce berger devenu soldat et imaginé le reste : les pensées de cet homme courageux, observateur, taiseux, blessé deux fois, qui fut de tous les combats, ne prit en 4 ans qu'une seule permission et obéi aux ordres jusqu'au bout.
Parfois, on tombe sur des pépites et l'on s'extasie devant ce que l'on a sous les yeux. Dès les premières pages, nous entrons dans le vif du récit, dans le vif de la guerre. Pas la seconde, non, la première et pas n'importe quel jour, non, celui du fameux 11 novembre 1918. Vous savez ce jour de la Victoire dans lequel aucun soldat mort n'avait été déclaré. Parce que cela faisant moche pour un jour d'armistice. Dit comme cela, clairement, cela ne parle pas beaucoup aux gens lambda. Cette première guerre mondiale est loin, très loin et d'accord, le 11 novembre hormis que ce soit un jour férié, cela ne parle guère plus.
Et pourtant... Ce petit roman, car il s'agit bien d'un roman, son auteur, Alexandre Duyck va s'arrêter sur un soldat et pas n'importe lequel : Augustin Trébuchon, le dernier poilu tué le 11/11/18. Vous avez forcément entendu parler de lui. Pourquoi ? Parce que sa mort est tellement... risible ! À quelques minutes près du cessez le feu, mais ces quelques minutes lui ont été fatales alors qu'il avait réussi à survivre jusque-là. Vous le sentez l'ironie de la chose ? Et le caprice d'un supérieur qui lui aura coûté très cher également.
Donc, le lecteur se retrouve embarqué, propulsé dans la tête de ce cher Augustin, jeune berger de Lozère qui a voulu s'engager " pour rendre Strasbourg à la France ". Nous l'écoutons parler de sa terreur pour le bruit des tirs des obus. De la façon dont il a réussi à survivre jusqu'à présent. Bien qu'il n'ait pas fait beaucoup d'études, son statut de berger lui confère quelques longueurs d'avance quand il s'agit de se cacher et d'éviter balles et bombes. Derrière le soldat, il n'en restait pas moins un homme avec une vie et des amours contrariés.
Une rencontre intimiste avec un soldat méconnu enfin mis en lumièreAinsi, l'auteur décide de nous faire rencontrer cet Augustin de la manière la plus intime qui soit. Pour le dénouement, c'est important. Nous suivons donc cet homme et je me suis même mise à espérer le meilleur pour lui. J'avais oublié que sa vie se terminerait stupidement ; fatalement. Et cela, l'auteur, quand arrivent ces fameuses dernières minutes, nous le fait bien ressentir. La stupidité d'un ordre qu'il fallait porter séance tenante. Non, on ne pouvait pas attendre, il fallait que le soldat Trébuchon apporte ce message d'une importance capitale et qui allait lui coûter la vie.
Un récit rythmé et addictif pour une fin aussi sinistre que pathétique.J'ai dévoré ce roman en quelques heures. J'ai été ravie de faire la connaissance du soldat Augustin Trébuchon. L'auteur met à jour une vérité trop longtemps dissimulée. Un roman s'appuyant sur des faits historiques réels qui met en lumière un homme mort dans l'indifférence. Ici, Alexandre Duyck lui rend un hommage vibrant et sincère.