Alain Bashung – En Amont

10 ans après la mort du Nick Cave français (si, il y a un peu de ça, non ?), sort un album posthume (contrairement à certains cadavres pas encore froids) contenant 11 pépites écrites notamment par Dominique A et Daniel Darc. Des titres à l’accompagnement simple et épuré, quelques effets comme des touches impressionnistes à l’image de cette pochette, histoire de souligner la voix indolente et si détachée de feu Alain Bashung.

« Immortels », chanson d’amour et de mort, les paroles ne laissant entendre ni l’un ni l’autre et les deux à la fois ; « Ma peau va te plaire », qui résonne à l’époque des #MeToo comme un cri déchirant de féminisme : Je suis cette femme, dont les hommes ont besoin / Je suis cette femme, la maman, la putain.

« La Mariée des Roseaux », tout en douceur, qu’on a l’impression d’être chantée jouée sur un coin de canapé ; « Elle me dit les mêmes mots », sordide et glauque, à l’amour, à la mort. « Les Salines » moyen-orientale, qu’on aurait bien vue sur Bleu Pétrole ; un plaidoyer humaniste au désengagement bashungesque. « Montevideo » où la fuite hors l’amour, encore.

« Les Arcanes » qui ressemble à du Christophe et Alain aux limites de ses capacités vocales ; « Seul le Chien » plombe un peu plus l’ambiance. Avec « Les Rêves de Vétéran », on reste dans le sordide avec un texte à deux niveaux de lecture, comme souvent chez l’indien (surnom d’Alain Bashung). « Un Beau Déluge », so rock’n roll, que ne renierait pas Crime & The City Solution par exemple, avant la conclusion « Nos Âmes à l’Abri », aux nappes de synthé discrètes, mettant un terme à cet album posthume.

Chaque titre se retrouve ainsi habillé de sa mélodie propre, voire la voix d’Alain qui s’ajuste aux mots et aux maux. Sans adouber l’effet réverb’ un peu trop présent parfois, comme un écho d’outre-tombe, rien de rien, on ne regrette rien.