Midwest américain, de nos jours.
Harold Cummings a toujours mené une vie rangée, carrée, sans excès ni frissons. Une femme agréable. Deux enfants. Une maison de banlieue. Un chien. Une retraite bien méritée. Mais depuis l'enterrement d'un ami de fac, emporté à soixante ans, quelque chose le hante, lui noue l'estomac, lui torture les méninges : c'est ça, la vie ? Rien d'autre ? Voilà donc la récompense pour être toujours resté du bon côté du chemin ? Une femme qui ne frétille plus pour rien ; des enfants qui se comportent comme des étrangers ; des soirées animées par le programme télé ? Et la faucheuse qui nous happe à peine la retraite commencée ? Sans blague !
La prise de conscience est aussi soudaine que ravageuse. Harold veut vivre ! Gonflé à bloc, le jeune retraité se lance sur les routes du grand frisson. Osera, osera pas ? Descendre des whiskies secs dans les bars malfamés ; rafler les lunettes et le téléphone d'un inconnu ; se faire tatouer " Millie " sur la fesse gauche ; inviter une prostituée à dîner...
Au risque de tout perdre, de voir sa vie dérailler dans les grandes largeurs, Harold envoie tout balader et se découvre un don pour l'aventure qu'il ne soupçonnait pas. Pourra-t-il jamais retrouver ses pantoufles ? L'histoire nous le dira, peut-être...
Je dois dire que je ne savais pas trop à quoi m'attendre avec ce titre. Ma rencontre avec Harold fut une belle surprise couplé d'une aventure pleine de folie insensée. Après avoir été à l'enterrement de son ex-meilleur ami de fac, le vieil Harold Cummings fait une rétrospective juste et cynique sur sa vie passée avec sa douce épouse, Millie. Le constat est là, effrayant : rien d'extraordinaire à l'horizon. Alors, Harold n'a pas pris de coca cola pour décider de se payer une seconde jeunesse (vous savez la pub avec le vieillard qui fait les pires folies...). Harold n'a plus rien à perdre, sa vie est derrière lui, mais cela le mine alors il décide de remédier à cela et ses coups de folies lui offriront une seconde jeunesse inespérée !
Dans un sens, on pourrait penser que la vie de ce personnage est pathétique, mais n'est-ce pas ce qui nous effraie tous au fond ? Arriver à un âge où l'on se demande ce que l'on a fait de sa vie et d'arriver à ce terrible constat : rien. Harold a réussi sa vie simplement, il a une épouse qu'il apprécie et avec qui il s'est habitué à vivre, et des enfants qui en devenant adultes ont été décevants. Dans l'ordre général des choses, il n'attend plus rien. Et c'est justement en se rendant compte de cela qu'il aura un regain d'énergie. Harold se réveille, sort de sa léthargie et ce pour notre plus grand bonheur. Cela donne une comédie loufoque et sinistre aussi. Harold va faire des choix et faire des choses complètement folle, mais avec cœur et beaucoup de plaisir.
Et c'est là que ce couple parfait et sans problème vacille et se fissure, car sa femme Millie n'est pas si exemplaire que cela non plus. Là encore, j'ai lu quelques révélations qui m'ont fait sourire jaune. Je me suis beaucoup attachée à Harold, moins à Millie, mais je pense que c'était voulu. Tout comme les rebondissements la concernant. Comme si cela excusait certaines des dernières folies de son mari. Je dois dire, que cela m'a fait quelques peu grincer des dents.
La plume de Steven Boykey Sidley est prenante, acidulée et cash. Il n'y a pas de censure et l'on suit le vieil homme avec curiosité, amusement et... la gorge serrée aussi.