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[Critique série] THE DEUCE – Saison 2

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique série] THE DEUCE – Saison 2

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Titre original : The Deuce

Note:

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Origine : États-Unis
Créateurs : George Pelecanos, David Simon
Distribution : Maggie Gyllenhaal, James Franco, Gbenga Akinnagbe, Chris Bauer, Emily Meade, Gary Carr, Dominique Fishback, Lawrence Gilliard Jr., Margarita Levieva, Michael Rispoli, Luke Kirby, David Krumholtz…
Genre : Drame
Diffusion en France : OCS
Nombre d’épisodes : 9

Le Pitch :
Alors que la municipalité de New York cherche à assainir les rues de la ville en commençant par la 42ème rue, la mafia affirme sa domination sur ce même secteur, via notamment les peep show, les clubs et autres bars. En parallèle, l’industrie du porno sort du bois et se démocratise sous l’impulsion de nouveaux acteurs et réalisateurs plus ambitieux…

La Critique de la saison 2 de The Deuce :

La nouvelle série de David Simon, le créateur de The Wire (Sur Écoute) et George Pelecanos se poursuit avec une saison 2 inscrite dans un contexte sensible, à savoir celui du mouvement #MeToo, né à la suite de la succession de scandales ayant découlé des accusations proférées à l’encontre du producteur Harvey Weinstein. The Deuce qui, avec sa deuxième saison, rentre vraiment dans le vif du sujet en recentrant son propos sur la montée en puissance du cinéma X dans les années 70, tout en racontant l’histoire de la mutation de New York. Mutation s’étant amorcée à cette même époque, où la 42ème rue et Times Square n’avaient rien des centres névralgiques touristiques qu’ils sont aujourd’hui, alors qu’ils étaient peuplées d’âmes perdues, entre prostituées et macs, aspirants au succès plus ou moins paumés, criminels notoires ou non et idéalistes contrariés…

The-Deuce-saison2

Dans l’enfer de la rue

La saison 2 de The Deuce relate en substance la prise de pouvoir des femmes. Le défi que Pelecanos et Simon se sont donnés consistant à parler de la domination des hommes puis de l’émancipation des femmes sans tomber dans une quelconque forme d’excès. Un défi relevé avec succès, grâce à une écriture à la fois très fine et intelligente mais aussi pertinente dans sa façon de jouer sur plusieurs tableaux pour au final dessiner une œuvre dense dont le discours global comprend toutes sortes de ramifications. Ainsi, avec un naturel confondant mais fruit d’un travail que l’on imagine intense, The Deuce s’impose comme la première grande série post #MeToo. Ici, alors que certains hommes, ceux du moins qui sont responsables d’une ou plusieurs formes d’asservissement, restent englués dans de vieux schémas, les femmes vont de l’avant et luttent pour un changement. Le personnage de Maggie Gyllenhaal, hier prostituée et aujourd’hui réalisatrice de pornos à succès, catapulté première femme cinéaste féministe dans le cinéma pour adultes, en est la preuve la plus flagrante. Une femme forte, blessée et humiliée, mais aussi décidée à prendre sa revanche et pleine de ressources, qui joue suivant des règles qu’elle connaît mais qu’elle essaye aussi petit à petit de modifier. Dans la rue, la série organise également la fuite vers la lumière de prostituées, même si elle insiste aussi sur l’impossibilité de ce fameux changement de vie, parfois, quand la violence a trop marqué les chairs et les psychés. Les macs de leurs côtés, pathétiques reliquats fringués comme des aristocrates, pataugeant dans une crasse dont ils font partie, se divisent en deux groupes : ceux qui campent leur position et s’enfoncent, et ceux, ou plutôt celui, dont les velléités d’évolution se font plus affirmées. Même les frangins interprétés par James Franco sont au pied du mur, contraints de faire face à leurs (ir)responsabilités ou d’assumer des décisions en devant composer avec des regrets et une morale immature en perpétuelle construction.

The-Deuce-s2-Maggie-Gyllenhaal

Croquer la pomme

Simon et Pelecanos ont confié la mise en scène des 9 épisodes de ce second acte à des réalisatrices. Une façon d’affirmer une volonté de ne pas tourner le dos aux débats en cours et même de s’appuyer dessus pour faire résonner le discours de la série avec d’autant plus de puissance. Encore plus efficace que la saison 1 car débarrassée notamment des obligations d’introduction et de présentation, la saison 2 de The Deuce peut désormais vraiment entrer dans le vif du succès et taper là où ça fait mal. Tout en ne se privant pas de parler aussi d’autres sujets et de tenter, avec succès à chaque fois, de tabler sur un humour très fin et des ruptures de ton extrêmement subtiles. Bien sûr, la réussite purement esthétique est également là, The Deuce mettant en avant un travail de reconstitution sans cesse impressionnant.
Sorte de pendant télévisuel et new-yorkais du Boogie Nights de Paul Thomas Anderson, The Deuce est une grade fresque sur l’Amérique des oubliés. Elle traite de la différence, de la place de la femme dans la société, souligne les changements nécessaires et condamne l’exploitation. Le tout sans manichéisme ou sans enfoncer les portes ouvertes, en prenant des risques et en allant en permanence de l’avant.
Les acteurs, véritables piliers de la démarche, sont tous excellents. Maggie Gyllenhaal trouve son meilleur rôle, de même qu’Emily Meade, qui joue une prostituée propulsée sur le devant de la scène et transformée en actrice à succès. James Franco pour sa part, impressionne toujours autant dans deux rôles très différents. Solide, fragile, il donne le change à l’intense Margarita Levieva, dont le jeu, plein d’inflexions subtiles nourri sur bien des points la démarche d’ensemble. Des acteurs magnifiquement dirigés, au cœur d’une scénographie très marquée, pour une série d’exception.

En Bref…
La saison 2 de The Deuce est une réussite flamboyante. Politique, puissante, incarnée, visuellement superbe, rock and roll et sulfureuse, vindicative et concernée, féministe et militante, The Deuce passe un nouveau cap et se dirige avec une vigueur sans cesse renouvelée vers sa conclusion (une troisième et ultime saison est prévue). Chef-d’œuvre.

@ Gilles Rolland

The-Deuce-saison2-James-Franco
  Crédits photos : HBO/OCS


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