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Avec elle / Sans elle d’Amélie Antoine et Solène Bakowski

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete
Avec elle  / Sans elle d’Amélie Antoine et Solène Bakowski

Mon avis :

C'est un exercice de style qui me semblait extrêmement intéressant et j'étais intriguée de voir ce que 2 auteures pouvaient en faire. Je dois dire que j'ai été particulièrement impressionnée par le résultat. L'exercice est sur le papier complètement réussi. En revanche, je ne suis pas sortie indemne de cette expérience. Elle a été marquante et me laisse un goût amer.

Les auteures avaient un début : 2 vraies jumelles qui se retrouvent séparées le temps d'une soirée de 14 juillet. L'une des filles, Coline, est consignée à la maison pour une bêtise commise dans la journée pendant que sa sœur, Jessica, se rend avec sa mère au feu d'artifice. A partir du début des festivités, les histoires divergent. Dans l'une, la soirée se passe bien. La mère et la fille se sont amusées. Mais le lendemain un sentiment d'injustice naît dans l'esprit de Coline. S'insinue dans son esprit que Jessica est la préférée des deux. Elles ont beau être identiques aux yeux du monde, Coline a le sentiment d'être toujours moins que Jessica : moins jolie, moins sociable, moins aimée. Au cours des années, c'est une vraie torture pour elle, sa sœur qui est son âme sœur est également la personne qu'elle hait le plus. Un sentiment ambivalent qui va la détruire de l'intérieur.

Dans l'autre histoire, Jessica ne rentrera jamais de cette soirée du 14 juillet. Sa mère lui a lâché la main 5 minutes pour qu'elle aille chercher un collier lumineux distribué non loin de là et elle a disparu. Coline doit vivre, amputée d'une partie d'elle-même. Elle restera toute sa vie celle qui est restée, qui a survécu. C'est une responsabilité trop importante pour une petite fille. Le sentiment de culpabilité est énorme, trop lourd à porter. Dans l'esprit de tous, elle incarne celle qui reste mais également celle qui n'est plus. Comment réussir à vivre quand on a l'impression de n'être qu'une moitié ?

Le traitement du sujet des jumelles fascine beaucoup de gens avec cette connexion presque inexplicable au commun des mortels. Les 2 auteures ont bien su jouer avec ses aimants à deux faces : attraction et répulsion. Ce qui est remarquable également c'est le style adopté par chacune d'elle. On aurait pu croire que les deux histoires avaient été écrites à quatre mains. Ces textes sont extrêmement forts, ils m'ont déstabilisé. Je n'étais pas préparée à des récits aussi mélodramatiques. J'ai été mal à l'aise dans les deux récits. Bien que les histoires divergent dès le début, une tension malsaine règne dans chacune d'elle. Ils ont en commun de ne voir que le côté obscur des choses, le tout étant toujours gris. C'est Coline qui m'a la plus marquée. Dans le récit où elles sont deux, elle est celle qui subit sans réagir. Et dans l'autre, on est en proie au même désarroi qu'elle. Quant aux parents, ils ne sont pas à la hauteur de leur rôle. Ils ne font que subir les différentes situations sans essayer de vivre. Tout le long de mes lectures j'ai eu ce goût de désespoir dans la bouche, en espérant que l'avenir sera plus radieux. Ce n'est pas une lecture que je recommande quand on a le moral en berne. C'est un formidable exercice de style mais ô combien déstabilisant.

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