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Festival MOFO #15 | Une MOrdante FOurnée 2019

Publié le 17 janvier 2019 par Le Limonadier @LeLimonadier

Pour sa 15ème édition le festival MOFO revient à Mains d'Oeuvres, fameux lieu culturel en périphérie de Paris, avec sa toujours aussi excitante que troublante programmation. Parcequ'on est des petits curieux, on a posé des questions à Anaïs Garcia, sa programmatrice. Et parcequ'on est aussi des petits gratteurs, on vous fait gagner des places. De rien.

"Janvier, aujourd'hui comme avant, montre qu'il a de grandes dents"

Tout comme la signification de ce proverbe breton qu'on ne connaissait pas avant d'être tombé sur un site internet destiné aux plus de 60 ans, le MOFO revient pour cette 15ème édition sous le haut patronage de sa mascotte requin, bien décidé à nous faire croquer dans sa belle programmation. Abordant une pelletée de genres musicaux différents, celle-ci est à première vue difficilement classable. Des artistes et groupes aux esthétiques très marqués. De la douceur. De la violence. De la liberté. Des expérimentations mélangeant les trois, et bien plus encore. On peut dire qu'il y en a chaque fois pour tous les goûts. Il suffira simplement d'en avoir un peu.

Pour le plaisir de la comparaison arrachée par le scalp, comme les " Dents de la mer " de Steven Spielberg, film monté avec des galères pas possible obligeant son équipe à faire avec les moyens du bord, puis devenu le blockbuster que l'on sait (et le premier qui plus est), l'histoire du festival MOFO n'est pas de tout repos. Pourtant, il a réussi à devenir ce rendez vous incontournable. Et sa mascotte est un requin. Ha, on vous l'avait déjà dit. Pas grave, ça appuie la cohérence de notre propos.

En plus d'être le festival qui va vous donner envie d'aller en festival, alors que c'est l'hiver, et que pour vous les festivals, c'est en short, éclatés sur une pelouse, le MOFO se déroule depuis sa création dans ce lieu pas comme les autres qu'est Mains D'Oeuvres. Si vous y êtes déjà allé, vous vous en rappelez certainement. Il est un des premiers endroits à faire venir les fêtards et amateurs de concerts hors du périphérique de Paris, et abrite toujours une véritable vie culturelle, malgrè des galères diverses et variés. De son extérieur d'anciens ateliers - bureaux désaffectés (et désinfectés, haha) à son riche volume aux multiples salles et recoins, il a pour principale qualité de paraître toujours différents selon les protagonistes qui lui donne vie.

Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur le MOFO, voici un petit échange que l'on a eu avec Festival MOFO #15 | Une MOrdante FOurnée 2019Anaïs Garcia, la programmatrice de ce festival en eaux trouble.

Hello Anaïs, alors c'est la 15ème édition du MOFO, mais celui-ci existe depuis 2001. Peux tu commencer par nous parler un peu de l'histoire de ce festival ? Quelles sont ses racines, et comment a t-il évolué ?

Le festival a été créé en 2001 par le groupe Herman Dune, alors en résidence à Mains d'Oeuvres. Il s'est ensuite entiché d'éditions à tendance plus folk, garage, électro ou encore rock. De nombreux programmateurs et une programmatrice se sont succédés pour apporter leur pierre à l'édifice. Aujourd'hui il s'aventure hors des sentiers battus en mettant en présentant un important panel de styles.

Tous les ans, le festival aime désigner une mascotte autour de laquelle il créé un univers visuel, cette année ce sera le requin, malin, élégant et fort.

Ils ont joué au MOFO (entre autres) depuis 2001 : The Gossip, The Vaselines, Shannon Wright, Teenage Fanclub, Bonnie Prince Billy, Zombie Zombie, Acid Mother Temple, Duchess Says, The Country Teasers, Stereo Total, Reverend Beat-Man, Cobra, TV Ghost, Cass McCombs, Arnaud Rebotini, Aquaserge, Camera, Dollkraut...

Quelle est ta relation avec le MOFO ? Tu pourrais nous en dire plus sur ton rôle au sein de celui-ci ?

Je suis une fervente admiratrice du MOFO depuis plusieurs années maintenant, j'ai toujours secrètement rêvé d'y contribuer d'une manière ou d'une autre. J'ai d'abord intégré l'équipe en tant que coordinatrice lors de la 13ème édition, puis en tant que programmatrice (et coordinatrice) depuis l'année dernière, ce qui me laisse une entière liberté dans mes choix artistiques d'une part, et qui me permet d'avoir une vision globale sur le festival.

Est ce que tu as abordé cette programmation pour qu'elle soit en continuité avec celles des précédentes éditions quand tu n'y travaillait pas, ou tu souhaitais lui donner une autre direction ?

Je pense que le MOFO a vraiment une âme, sa programmation a toujours été défricheuse et pertinente, avec des choix osés et une sensibilité d'une grande finesse. J'adorais y retrouver des groupes étrangers que j'attendais depuis longtemps, et de me prendre des claques en découvrant des projets dont je n'avais jamais entendu parler, tout ca en trois jours.

Je n'ai pas la prétention de faire aussi bien, mais cela me donne la motivation de tenter de faire découvrir des projets inédits en France, des créations nouvelles, et aussi de faire plaisir au public en faisant venir des groupes reconnus. Je ne cherche pas vraiment à faire tourner les nouveaux groupes en vogue ou à suivre l'actualité des sorties de disques, j'aime faire connaître ce qui (selon moi) se fait de mieux et ce dans de nombreux styles (pop lo-fi, garage, musique électronique, ambiant, kraut).

Justement, au limo on trouve que le MOFO est un juste mélange entre artistes qui "font plaisir" et totales découvertes (en tout cas pour nous, c'est forcément subjectif). Est ce que tu envisage la prog du Mofo comme devant contenir une part de prises de risques ?

Je ne sais pas si la prise de risque est volontaire, mais ce qui est sûr c'est que j'ai une totale liberté et que je ne ressens pas la pression du remplissage à tout prix, ce qui me permet d'oser inviter des formations assez confidentielles ou de faire venir des groupes qui n'ont encore jamais joué en France. Ce sont tous des groupes que j'apprécie vraiment et pour certains que je suis curieuse de voir en live .

C'est cette curiosité là que j'essaie d'attiser chez le public, cette même curiosité qui me motive. De plus, nous adaptons le prix d'entrée pour que le festival soit accessible au plus grand nombre.

Parcequ'on aime bien faire des questions où l'on raconte notre vie, on peut déjà dire que sur la prog de cette année, il nous tarde de voir Domenique Dumont (on est très fan de ce groupe, qui est aussi rare en live que mystérieux, ce qui nous donne d'autant plus envie), Lysistrata (on entend beaucoup parler de leur live), Chocolat Billy (pareil), Sourakata Koite (on vient de découvrir la réédition de son premier album "en Hollande" par Awesome Tape of Africa, et c'est juste très beau) et Mottomoda, qu'on ne connaît pas encore trop, mais bon voila, ce clip :

Tout ça pour arriver à cette question un peu bateau, mais logique : quels sont les groupes que tu nous conseillerais de venir voir absolument ?

Alors c'est un peu compliqué comme question ça, surtout que je ne suis pas super douée pour raconter ma vie 🙂

Ils ont tous quelque chose d'unique et de vraiment fort à proposer en live...

Je vais donc jouer sur la rareté. Les américains de Dopplereffekt, le tout nouveau groupe de King Khan et Magnetix : Louder Than Death, Sourakate Koité et sa kora... franchement c'est trop dur ! Venez les trois soirs et laissez vous surprendre.

Peux-tu nous parler un peu de la clôture du festival ?

Nous organisons un after à la maison mère La Station Gare des Mines. Nous avons vraiment hâte de nous prendre une claque face aux deux batteries de Deux Boules Vanille et de nous dandiner jusqu'à épuisement devant Craow (dont on nous a dit que son live était transcendantal). Nos djs amis viendront également nous ambiancer avec des sons colorés tout au long de la nuit. On vous conseille vivement les préventes, l'année dernière c'était complet à 1h du matin.

L'année dernière une pièce entière de Mains D'oeuvres était dédiée à une installation artistique interactive, et c'était super chouette de s'y immerger entre les concerts. Qu'est ce qui est prévu en dehors de la programmation musicale sur cette édition ?

Cette année le projet OSO investira toute une salle pendant les trois jours. Leur intention est de faire performer musique live et installation vidéo, abolir la force de l'image et redonner toute sa place au son. OSO est immersif, joue avec le son, l'image, la lumière, le corps, le mouvement. Au centre du dispositif, un monolithe noir dont la surface recouverte d'eau, fait miroir. Le spectateur se déplace, créant son propre angle de vue, participant à la scénographie, abolissant le rapport convenu public/concert-performance.

Et exclu : le samedi on retrouvera également un crash-test de L'insurrection de la Chair. La Compagnie développe une création chorégraphique autour du Pogo. Le corps, matière organique et sensible, y est stimulé par la sensation dans les autres, par les autres et à travers soi.

Création chorégraphique + pogo ? Ok, c'est vendu 🙂

Pour finir, parlons un peu de Mains d'Oeuvres. On sait que l'édition de l'année dernière était quelque peu problématique avec une histoire de bail qui ne devait pas être renouvelé. On y était et on a senti un véritable engouement et soutien du public. Deux soirées sur trois étaient d'ailleurs complète non ? Où ça en est aujourd'hui ?

Nous avons été très touché.e.s par cette mobilisation qui s'est notamment traduit par le succès du MOFO. Un an après celle-ci, Mains d'Œuvres est toujours debout. La médiation avec la mairie avance pas à pas, le Conseil Régional s'est installé à Saint-Ouen et l'association se bat toujours pour faire vivre ce lieu culturel unique en Ile de France. Plus que jamais nous avons besoin de soutien, ne serait-ce que pour rendre hommage à ces lieux qui ont été obligés de fermer leurs portes ou à ces festivals qui nous font leurs adieux l'année dernière. Il faut continuer de défendre l'art sous toutes ses formes et les réseaux alternatifs.

On est bien d'accord. Merci à toi !

Pour choper vos préventes, c'est par ici.

Pour gagner des places pour les soirées du jeudi 24 et vendredi 25 janvier, c'est sur notre jeu concours (précisez pour quel jour vous jouez) :

MOFO #15 ▬ Festival en eaux troubles

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