Un lieu hors sol, hors du temps, et une cuisine qui est faite pour être oubliée. C’est fait.
On ne pensait pas que cela pouvait encore exister. Un festival de clichés d’une fausse adresse « branchée people » qui se révèle à l’usage d’un cheap absolu. Une entrée avec un simili tapis rouge sur le trottoir de l’avenue George V, deux gardes blacks font semblant de filtrer pour faire croire que l’on ne rentre pas comme ça dans ce lieu privilégié, trois girls en haut de l’escalier avec un sourire aussi long que leur jupe est courte, vaste salle en sous-sol agrémentée de force plantes vertes pour justifier le nom espagnol du lieu.
On retrouve la couleur fétiche sur la moquette, les chaises, banquettes, et sets de table. On sent une tentative de faire un peu tropical, un peu écolo urbain ce qui ne rime à rien, un peut tout donc rien.
La musique est forte (encore un cliché) avec une dj qui fait une démonstration de son talent pour enchainer les mêmes rythmes à partir de 22h. Service jeune, majoritairement féminin, genre Costes il y a vingt ans mais en plus vulgos. Les serveurs, rares et un peu perdus, sont en blancs et habillés normalement.
La clientèle est juste incroyable. On les croirait sortis d’un mauvais film. Les jeunes hommes ont tous la barbe, ils ont des t-shirts D&G comme on en fait plus ; des jeans déchirés comme à Cergy-Pontoise, les blacks jouent aux mecs vachement détendus, et les filles ont passé beaucoup de temps à essayer d’être sexy. Un spectacle d’une tristesse infinie.
Et en cuisine que pasa al Verde, caramba ! ? On s’en fout un peu vous allez me dire et on a l’impression que c’est le cadet des soucis des clients. Tant mieux. On se demande ce que le chef, par ailleurs sympathique et consciencieux, adoubé d’une étoile chez Antoine, est venu faire dans cette galère. En fait, il signe la carte comme il avait signé celle de Jacopo des mêmes propriétaires mais nettement plus recommandable (cf. rubrique Restaurants Paris). Une carte plutôt franco-européenne, avec des petites annotations à la main dans la marge sur les plats, qui rappelle celle de Juan Arbelaez chez Frou Frou.
Trois parties : tapas à grignoter, appétits de moineaux, et faims de loup.
La première comprend des pizzeta, des rillettes, du tarama, entre autres…
Pour les « moineaux », on trouve du potage, des légumes, une assiette de poulpe, etc., et une Pomme chatouillard truffée. De fait, une belle pomme de terre cuite au four avec la peau, un peu écrasée en sortie, de la crème autour, et un râpé de truffes dessus. Nourrissant et franchement plaisant. Rien à voir avec l’original puisque les pommes chatouillard étaient découpées en longs rubans, puis passées à la friture.
Pour le lupus affamatus, on trouve des plats pour deux comme un turbotin et une côte de bœuf (80 € quand même).
Sinon, les Strozzapreti, ces petites pâtes roulées à la main, sont mélangées tant bien que mal à une sorte de ragoût d’agneau et servies bien chaudes dans un poêlon. Sympathique.
L’Osso Bucco est annoncé comme « le vrai », et c’est presque le cas. Sauf que le jarret est servi seul, bien parfumé à l’orange, belle pièce sans accompagnement et en supplément le choix est purée, frites, légumes. Presque « vrai », puisque l’accompagnement idéal est le risotto alla milanese ou une bonne polenta.
Desserts de boulanger, pas mieux, pas pire, dont une tarte au citron sans âme et une brioche perdue… pour toujours.
Un lieu hors sol, hors du temps, et une cuisine qui est faite pour être oubliée. C’est fait.
24, avenue George V
75008 Paris
www.verde-paris.fr
[email protected]
Sans réservations
M° Alma Marceau
Voiturier
Fermé lundi
Ouvert de 18h à 1h du matin
Tapas : de 6 € à 19 €
Carte : 39 € (minimum) – 71 € (maximum)