Les chants du large d’Emma Hooper 4/5 (12-01-2019)
Les chants du large (363 pages) est sorti le 4 octobre 2018 aux Editions Les Escales (traduction : Carole Hanna).
L'histoire (éditeur) :
Du haut de ses onze ans, à travers le brouillard, le vent et la pluie, Finn compte les bateaux de pêche, de moins en moins nombreux à Big Running, son village natal situé sur une île du fin fond du Canada. Il n'y a plus de poissons à pêcher, donc plus de travail. Peu à peu, les maisons se vident et les habitants quittent l'île.
Le jour où ses parents se retrouvent obligés de travailler un mois sur deux, chacun leur tour, dans l'Alberta, Finn est inquiet. Sa vie, telle qu'il l'a toujours connue, risque d'être à jamais bouleversée. Alors quand sa soeur elle-même, après avoir repeint toutes les maisons abandonnées de l'île aux couleurs de différents pays, finit par partir, il décide que c'en est trop. Avec les caribous, le lichen et le vent comme seuls compagnons, il échafaude un plan fabuleux pour sauver à la fois sa famille et son île.
Mon avis :
Très bonne surprise avec ce nouveau Emma Hooper dont l’écriture m’a totalement envoûtée.
Les chants du large c’est une histoire de famille (celle des Connor), une histoire de pêcheurs contraints de quitter leur petite île de Terre Neuve au Canada à la suite de la disparition de poissons, une histoire d’amour fraternel, d’innocence et de courage.
Finn, 11 ans, et Cora, 14 ans, résident à Big Runnig depuis leur naissance. Leur quotidien est fait de simplicité, de folklore et de débrouillardises. Leurs parents, Martha et Aidan, ne pouvant plus vivre de la mer (plus aucun poisson n’a été pêché depuis des années) sont, comme beaucoup d’autres, obligés d’aller trouver du travail ailleurs (certains, et même de nombreux, voisins sont déjà définitivement partis). Alors, à tour de rôle, ils partent un mois travailler sur le continent pour gagner un peu d’argent. Mais pour les enfants ce n’est pas une solution acceptable (la vie du couple en souffre énormément et l’exode n’est pas même envisageable pour eux) alors chacun va tenter de trouver une solution : Cora trouvera un travail à Alberta (où elle surveillera les ours en compagnie de deux chiens), quant à Finn, qui veut encore y croire, il va élaborer un plan pour faire revenir les poissons…Et ainsi réunir sa famille…
Les chants du large est l’histoire de cette île à travers celle de Martha et Aidan (une vingtaine d’années plus tôt) que l’on découvre en alternance avec le récit au présent. Ainsi se déroule la vie des habitants de cette île, un très beau et poétique récit ponctué de légendes, de chants (de sirènes), de folklores. Récit principalement contemplatif, il n’en demeure pas moins vibrant et passionnant.
On apprécie là l’histoire qui nous est contée car Finn petit garçon rêveur et naïf est terriblement attachant, et on se passionne assez vite pour celle de ses parents qui donne un tout autre regard au récit présent.
Mais ce qui ressort le plus c’est la manière dont Emma Hooper nous la présente. J’ai particulièrement aimé la douceur de son écriture (qui arrive pourtant à révéler toute la rudesse de la vie sur l’île), la délicatesse, la musicalité constante et le mélange de récit terre à terre et de folklore (qui fait partie intégrante des gens du coin).
Lumineux et humble, ce roman est une petite pépite à déguster délicatement. Il y a dans ces pages un charme pittoresque, beaucoup de sensibilité et d’amour. Bien qu’on y retrouve un évident écho à la situation actuelle problématique que connaissent bon nombre de pêcheurs (tout autant qu’à la triste réalité écologique et à celle de la perte d’un mode de vie), Emma Hooper construit son texte principalement sur l’imaginaire, elle l’agrémente de récits merveilleux et d’inventions poétiques pour nous le faire vivre comme un délicieux conte.