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Edmond, film d'Alexis Michalik

Publié le 23 janvier 2019 par Onarretetout

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Au commencement est la voix. Celle de Sarah Bernhardt (Clémentine Célarié) disant des alexandrins dans une pièce ennuyeuse que même son auteur, Edmond Rostand (Thomas Solivérès), ne croit pas digne de succès. Au commencement, donc, la voix, l’oralité, l’auteur derrière le comédien, qui lui souffle le texte.

Non. Au commencement, la voix n’est pas celle de Sarah Bernhardt mais celle d’Honoré (Jean-Michel Martial), patron de bistrot, qui voit tout, qui sait beaucoup, qui porte la culture et qui sert ses clients parmi lesquels deux Georges, Feydeau (Alexis Michalik) et Courteline (Benjamin Bellecour). La voix d’Honoré parce qu’Alexis Michalik est d’abord un raconteur d’histoires, qu’il parle avant d’écrire, qu’il parle pour écrire. Et c’est ainsi qu’advient Edmond : un projet cinématographique qui ne trouve pas son scénario et que son auteur décide de confronter d’abord à un public, au théâtre. Y a-t-il dans la salle d’autres personnes que les habitués ? Rient-ils ? Sont-ils émus ? On le sait : Alexis Michalik fait salle comble avec ses pièces et il emporte le public dans des développements improbables, des retournements de situations, des finals enthousiasmants.

Son film est tout autre chose que du théâtre au cinéma. La dernière scène de son Cyrano transforme le plateau en un vrai cloitre utilisant cette magie de l’image que rien ne peut limiter, sinon la taille de l’écran. La caméra est toujours en mouvement. On saisit la course de l’auteur pour écrire ses vers, sollicité par Coquelin (Olivier Gourmet), le comédien, premier interprète de Cyrano, encouragé par Rosemonde (Alice de Lencquesaing), femme d’Edmond Rostand et qui croit en sa poésie, titillé par la jalousie des autres auteurs de théâtre, et en premier lieu Georges Feydeau, troublé par la beauté et l’esprit de Jeanne (Lucie Boujenah), et porté d’une manière ou d’une autre par toute une équipe de comédiennes, comédiens, financiers, une troupe en un mot…

Quelle oeuvre a connu et connaît encore autant de succès que la pièce d’Edmond Rostand, créée en 1897 ? Le Boléro de Ravel, créé une trentaine d’années plus tard. Et cette musique intervient dans le film quand enfin la pièce va pouvoir être jouée, que le texte en est presque définitif, et nous sommes dans la salle plusieurs à en accompagner le mouvement. Succès immédiat, donc.

Et bel hommage, dans le générique de fin, du réalisateur à tous les interprètes du rôle titre de Cyrano de Bergerac, depuis Coquelin jusqu’à Depardieu, voire de Roxane qu’interpréta pour la première fois Maria Legault (incarnée ici par Mathilde Seigner).


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